Enschede, Pays‑Bas

1928

Nitzavim-Vayelekh :
Deutéronome  29:9–30:20 et Deutéronome 31:1-30) et Isaïe 61:10–63:9

Nitzavim-Vayelekh (נִצָּבִים – debout et וַיֵּלֶךְ – il alla) : Cette double paracha présente Moché qui rassemble le peuple d’Israël avant leur entrée en Terre promise. Il les exhorte à choisir la vie et à renouveler leur alliance avec Dieu. Elle marque également la passation des pouvoirs de Moché à Josué, soulignant le choix entre bénédiction et malédiction. La haftara(1) annonce le retour d’exil et le réconfort du peuple d’Israël.

Isaïe 56 :7
Je les amènerai sur ma sainte montagne, je les comblerai de joie dans ma maison de prières, leurs holocaustes et autres sacrifices seront les bienvenus sur mon autel 
וַהֲבִיאוֹתִים אֶל-הַר קָדְשִׁי, וְשִׂמַּחְתִּים בְּבֵית תְּפִלָּתִי–עוֹלֹתֵיהֶם וְזִבְחֵיהֶם לְרָצוֹן, עַל-מִזְבְּחִי:
Car ma maison sera dénommée Maison des prières pour toutes les nations.
כִּי בֵיתִי, בֵּית-תְּפִלָּה יִקָּרֵא לְכָל-הָעַמִּים.

Cette dernière partie du verset est gravée en lettres d’or sur le linteau de la synagogue d’Enschede, construite en 1928 par les architectes Anthonie Pieter Smits et Cornelis van de Linde(2). La synagogue est une œuvre remarquable du style moderniste, inspirée par les plans de Karel de Bazel(3). Avec ses lignes épurées et son utilisation innovante des matériaux, elle est saluée comme l’une des plus belles de la Mediene(4).
En 1730, le drost(5) de la région de Twente autorise des familles juives à s’installer à Enschede. En 1913, la décision est prise de construire une nouvelle synagogue. La communauté compte alors environ 1 200 membres. Les plans sont achevés en 1919, mais les travaux débutent en 1927. En 1928, la synagogue, pouvant accueillir jusqu’à 600 personnes, est achevée. Les vitraux et mosaïques sont l’œuvre de Lambert Lourijsen(6).
Pendant la guerre, comme de nombreuses communautés, les Juifs d’Enschede sont victimes des persécutions nazies. Le bâtiment, occupé par le Sicherheitsdienst(7), reste intact. Après la guerre, la synagogue est immédiatement réutilisée comme lieu de culte.
En 1996, l’ensemble des cent vitraux sont restaurés par l’artiste Annemiek Punt(8). Entre 2001 et 2004, une importante campagne de restauration est menée. Le bâtiment est actuellement géré par la municipalité israélite néerlandaise de Twente(9).

1. Isaïe 61:10–63:9 : La dernière des Haftorot de Consolation, célébrant la rédemption et la consolation pour le peuple d’Israël après Ticha Béav.
2. Anthonie Pieter Smits (1884-1957) et Cornelis van de Linde (1884-1959) sont des architectes néerlandais ayant fréquemment collaboré, notamment pour la synagogue d’Enschede.
3. Karel de Bazel (1869-1923) : Architecte néerlandais connu pour son style Art déco et moderne, à l’origine des plans de la synagogue d’Enschede.
4.Une des plus belle de Medienne (één van de mooiste van de Mediene), le terme Mediene fait référence aux communautés juives situées en dehors des grandes villes historiques comme Amsterdam.
5. Le drost ou drossaard est, au Pays-Bas, un fonctionnaire administratif et judiciaire, responsable de la gestion d’une région.
6. Lambert Lourijsen (1885-1950) : Artiste et maître verrier néerlandais, créateur des vitraux et mosaïques de la synagogue d’Enschede.
7. Le Sicherheitsdienst (SD) est l’organisation de sécurité et de renseignement de la *Schutzstaffel* (SS).
8. Annemiek Punt est une artiste néerlandaise spécialisée dans les vitraux.
9. La municipalité israélite néerlandaise de Twente (*Nederlandse Israëlitische Gemeente Twente*) est l’organisation religieuse gérant les institutions juives locales et préservant le patrimoine juif dans la région de Twente.

Oranienburger, Berlin, Allemagne

1866

Ki Tavo : Deutéronome 26:1-29:8 et Isaïe 60:1-22

La paracha Ki Tavo (כי תבוא – lorsque tu entreras) commence par les commandements relatifs à la déclaration des prémices et des offrandes. Elle détaille aussi les bénédictions promises en cas de respect des commandements et les malédictions en cas de désobéissance.

Deutéronome 28:12
יִּפְתַּח ה’ לְךָ אֶת אוֹצָרוֹ הַטּוֹב אֶת הַשָּׁמַיִם לָתֵת מְטַר אַרְצְךָ בְּעִתּוֹ וּלְבָרֵךְ אֵת כָּל מַעֲשֵׂה יָדֶךָ וְהִלְוִיתָ גּוֹיִם רַבִּים וְאַתָּה לֹא תִלְוֶה.
L’Éternel t’ouvrira son bon trésor, le ciel, pour donner la pluie à ton pays en son temps et pour bénir toute l’œuvre de tes mains.

Dans la nouvelle synagogue de la rue Oranienburger, la lumière pénètre par des fenêtres zénithales. Inaugurée en 1866, elle a été conçue par les architectes Eduard Knoblauch et Friedrich August Stüler(1). Partiellement détruite lors des pogroms de 1938(2), elle est restée en ruines jusqu’en 1980. Inspirée du style mauresque, avec des éléments rappelant l’Alhambra de Grenade, sa coupole dorée visible de loin est l’un de ses traits distinctifs. À l’intérieur, des décorations élaborées et des vitraux colorés diffusent une lumière douce.
Aujourd’hui, la synagogue abrite le Centrum Judaicum, créé en 1995 pour préserver et promouvoir l’héritage juif.

(1) Eduard Knoblauch (1801-1865) et Friedrich August Stüler (1800-1865) étaient des architectes allemands de renom. Formés à l’Académie d’architecture de Berlin sous Karl Friedrich Schinkel, ils sont connus pour leur style néoclassique et éclectique. Ils sont décédés peu avant l’inauguration de la synagogue.
(2) Les pogroms de novembre 1938, connus sous le nom de “Nuit de Cristal”, furent une série d’attaques violentes orchestrées par les nazis contre les Juifs en Allemagne, entraînant la destruction de synagogues et la mort de centaines de personnes.


Itzkhak Elchanan, Jérusalem, Israël

1982

Ki Tetze, Deutéronome 21:10 – 25:19 et Isaïe 54:1-10 1

Dans la paracha Ki Tetze (כי תצא — lorsque tu partiras), Moché énonce une série de lois régissant la vie sociale, y compris les relations familiales, les droits des travailleurs, et les règles de guerre, ainsi que l’obligation de construire un garde-fou sur les toits.

Deutéronome 22:8
Quand tu construiras une maison neuve, tu feras un garde-fou à ton toit.
כִּי תִבְנֶה בַּיִת חָדָשׁ, וְעָשִׂיתָ מַעֲקֶה לְגַגֶּךָ

La synagogue Itzkhak Elchanan2, plus connue sous le nom de Grande Synagogue de Jérusalem est inaugurée en 1982. Construite sur l’emplacement d’une synagogue détruite pendant la guerre d’indépendance de 1948, elle est située au cœur de Jérusalem, rue King George, et peut accueillir environ 1 400 personnes. Elle est conçue par l’architecte Alexander Friedman dans un style monumental néoclassique3. Le toit est surmonté d’une coupole entourée d’une balustrade en pierre. Cette coupole, domine la salle de prière et est ornée de vitraux. Un grand vitrail4 surmonte l’Arche Sainte. La balustrade de la galerie des femmes, en bois sculpté, est ornée de motifs géométriques et de symboles juifs traditionnels.
La synagogue a été conçue comme une synagogue ashkénaze, mais la disposition des sièges rappelle celle des synagogues séfarades, symbolisant l’unité du peuple juif5.

1 La haftarah de Ki Tetze est identique à celle de No’ah . Elle a pour thèmes la rédemption et la consolation.
2 Rabbi Yitzchak Elchanan Spector (1817-1896) est un grand rabbin de l’Empire russe (Lituanie et Biélorussie), reconnu pour ses compétences talmudiques exceptionnelles et ses décisions influentes.
3 Monumentale : La façade mesure 40m de large sur 30m de haut.
4 Les vitraux sont un hommage aux synagogues européennes détruites durant la Shoah et sont l’œuvre de Regina Heim et de David Pinsky.
5 Pour renforcer cette unité, à côté du chœur se trouvent deux fauteuils réservés aux grands rabbins d’Israël, ashkénaze et séfarade, et leur faisant face, deux autres fauteuils ornés des emblèmes de l’État, réservés au premier ministre et au président.

Hébron, Connecticut, États-Unis

1941

Choftim (שופטים – juges) Deutéronome 16:18 – 21:9. et Isaïe 51:12 – 52:12.

La Torah aborde l’établissement d’un système judiciaire équitable, interdit l’idolâtrie et énonce les lois de la guerre. Elle met également en avant les conditions de la créations des villes de refuge (19:1-13) pour protéger les meurtriers involontaires.

Deutéronome 19:2
שָׁלוֹשׁ עָרִים, תַּבְדִּיל לָךְ:  בְּתוֹךְ אַרְצְךָ–אֲשֶׁר יְהוָה אֱלֹהֶיךָ, נֹתֵן לְךָ לְרִשְׁתָּהּ. 
tu te réserveras trois villes dans ce pays dont l’Éternel, ton Dieu, t’accorde la possession.

La synagogue United Brethren de Hébron1
Vers 1880, pour échapper aux persécutions et à la pauvreté qu’ils subissent en Europe de l’Est, une dizaine de familles juives ashkénazes constituent une petite communauté à Hébron, dans le Connecticut. En 1940, Izzy Turshen2 conçoit un bâtiment sur un terrain donné par Benjamin Kassman. La synagogue3, achevée en septembre 1941, de style néo-géorgien, intègre des éléments Art Déco tout en restant un exemple d’architecture rurale. Des fresques de scènes d’Israël sont peintes sur les murs.


1 Dans Josué 20:7, la ville de Hébron est nommément désignée comme l’une des villes de refuge.
2 Alias Ira Turshen, artiste juif américain, né en Russie.
3 Visite de la synagogue United Brethren sur le site : Synagogues 360