Pósito, Alhama de Granade, Espagne

XIIIe siècle

La Paracha Tetzaveh (תצוה – tu ordonneras), Exode 27:20 – 30:10, décrit la préparation de l’huile d’olive pour la ménorah, la confection des habits du grand prêtre, y compris le ‘Hoshen (חֹשֶׁן – pectoral) fixé à l’Ephod (אפוד – gilet richement brodé), orné de douze pierres, différentes liturgies et de la fabrication de l’autel des parfums.

Exode 28:19
וְהַטּוּר הַשְּׁלִישִׁי–לֶשֶׁם שְׁבוֹ, וְאַחְלָמָה.

Dans la troisième rangée se trouvent :
le léchem (opale), le chevô (agate) et l’a’hlama (améthyste)(1).

« La pierre A’hlama fut désigné pour la Tribu de Gad, car ce joyau soutient le cœur de l’homme au sein de la bataille et les Bnei Gad étaient réputés pour leur habileté dans l’art de la guerre »(2). Le mot אחלמה (améthyste) a une valeur numérique(3) de 84, soit la même valeur numérique que עזז, signifiant être fort, avoir du courage.

La petite ville espagnole de la région de Grenade, Alhama(4), est connue pour ses eaux thermales(5), son environnement naturel spectaculaire et son riche patrimoine historique, notamment le Pósito, une ancienne synagogue du XIIIe siècle qui a été transformée au XVIe siècle en grenier communal (pósito). Situé sur la Plaza de Los Presos (Place des Prisonniers), il est aujourd’hui l’un des bâtiments les plus emblématiques de l’Alhama médiévale.
Le Pósito est construit selon la technique de sillería(6). Son intérieur est composé de deux grandes nefs séparées par une grande arcade centrale.

(1) L’Institut du Temple recense pas moins de trente opinions différentes tentant d’identifier les gemmes du pectoral.
(2) Rabbi Moshe Weissman, le Midach Raconte, Ed. Salomon Haïm Lehiani, p. 335 .
(3) Gématrie 84 : א=1+ח=8+ל=30+מ=40+ה=5 et ז=7+ז=7+ע=70
(4) La transcription hébraïque est אלחמה, qui a pour gématrie 84.
(5) Alhama est un terme qui provient de l’arabe الحمام (transcription : Al ‘Hama) qui signifie le hammam (Les thermes).
(6) Technique dans laquelle les pierres sont taillées de manière précise pour s’ajuster parfaitement les unes aux autres sans l’utilisation de mortier ou de ciment.

Casale Monferrato, Piémont, Italie

1595

Dans la Paracha Terouma (תרומה – contribution), Exode 25:1 – 27:19, Moché reçoit des instructions pour la construction du Michkan (מִשְׁכָּן – Tabernacle). Les enfants d’Israël participent en apportant leurs contributions, fournissant des matériaux nécessaire tels que l’or, l’argent, le cuivre, le bois, etc.

Exode 25 :3 et 8
 וְזֹאת הַתְּרוּמָה אֲשֶׁר תִּקְחוּ מֵאִתָּם:  זָהָב וָכֶסֶף וּנְחֹשֶׁת[…] 
וְעָשׂוּ לִי מִקְדָּשׁ; וְשָׁכַנְתִּי בְּתוֹכָם.
Et voici l’offrande que vous recevrez d’eux : or, argent et cuivre […]
Et ils me construiront un sanctuaire, pour que je réside au milieu d’eux.

La présence juive à Casale Monferrato, débutant dans les années 1430, fut plus tardive que dans d’autres régions du Piémont (1). Sous différentes dynasties, les Juifs, principalement engagés dans le prêt et le commerce, ont connu des périodes de relative sécurité. Avec le rattachement à la Maison de Savoie en 1708, ils sont confinés dans le ghetto. Lors de l’occupation napoléonienne, ils acquièrent une totale égalité. À partir de 1933 et la montée du fascisme des signes d’antisémitisme commencent à apparaître et s’intensifient avec le temps et les Juifs de Casale Montferrat se réfugient dans les grandes villes italiennes ou à la campagne et même certains rejoignent la Suisse.

Bien que son extérieur conserve le caractère anonyme des synagogues des ghettos, celle de Casale Monferrato, édifiée en 1595 et remodelée à plusieurs reprises, représente un chef-d’œuvre baroque de l’architecture piémontaise. La salle de prière bénéficie de l’éclairage offert par quatorze fenêtres, sept de chaque côté, rehaussées de dorures. Sa voûte en plein cintre est magnifiquement décorée d’un plafond bleu-vert, où les mots “זה שער השמים” (C’est ici la porte des cieux) sont inscrits en lettres d’or. De grands lustres en cuivre ajoutent à sa splendeur. Les moucharabiehs finement ouvragés en bois doré de la galerie des femmes surplombent la salle. L’Arche Sainte, conçue avec des matériaux précieux et ornée d’or massif, révèle, une fois ses portes ouvertes, un damas rouge et des ornements dorés ainsi que les dix paroles sculptées en bleu de cobalt. Au premier étage se trouve le Musée juif d’art et d’histoire (2) qui abrite une collection d’objets cérémoniels en argent et de textiles brodés.

(1) Daniel Carpi (1926-2005) historien spécialisé dans l’histoire des Juifs italiens. Il a été chef du département d’histoire juive à l’Université de Tel Aviv et a également enseigné à l’Université Yeshiva, à la Sorbonne et au St Antony’s College d’Oxford.
(2) Connu sous le nom de Museo degli Argenti (Musée de l’argenterie),

Haggadah à têtes d’oiseaux, Jérusalem, Israël

XIVe siècle

Metsor’a (צורע  – personne atteinte de tzaraat), Lévitique 14:1–15:33.

La paracha traite des rites de purification d’une personne affligée de la tzara’at(1), Elle confirme également la promesse d’entrer en Terre d’Israël.

Lévitique 14:34
כִּי תָבֹאוּ אֶל-אֶרֶץ כְּנַעַן, אֲשֶׁר אֲנִי נֹתֵן לָכֶם לַאֲחֻזָּה ;
Quand vous serez arrivés au pays de Canaan, dont je vous donne la possession ;

Chabbath HaGadol
Le Chabbat HaGadol commémore un grand miracle avant la sortie d’Égypte. Pendant plusieurs jours, les Hébreux ont attaché un agneau, une des idoles du panthéon égyptien, sans être inquiétés. Ce geste marque le début de leur libération.

Haggadah à têtes d’oiseaux
Le Chabbat HaGadol annonce la fête de Pessah, durant laquelle nous racontons la sortie d’Égypte. Pour ressentir pleinement l’histoire de notre libération, quoi de mieux qu’un livre illustré ? La Haggadah à têtes d’oiseaux, exécutée en hébreu par le Sofer Menahem, au début du XIVe siècle, est actuellement conservée au Musée d’Israël (2), son origine exacte reste inconnue. Cependant, elle pourrait provenir de la région de Wurtzbourg, en Bavière, dans le sud de l’Allemagne.

(1) Tzara’at : Mal survenant à la suite d’une transgression pouvant affecter la chair, les vêtements et les murs d’une personne, la désignant comme impure. La personne touchée par la tzaraat est appelée metzora.
(2) La Haggadah a têtes d’oiseaux était autrefois la propriété de Ludwig Marum, un avocat et homme politique allemand assassiné par les nazis au camp de Kislau. Après la guerre, le manuscrit a été vendu au Musée d’Israël par Herman Kahn, un réfugié en Israël. En 1984, Elisabeth Marum-Lunau, la fille de Ludwig Marum, a affirmé que le manuscrit avait été acquis sans l’autorisation du propriétaire légitime, mais elle a consenti à ce qu’il reste au musée pour le bien du public.

B’nei Israël, Baltimore, Maryland, Etats-Unis

1876

Dans la paracha Michpatim (מִּשְׁפָּטִים – lois, Exode 21:1-24:18), après la révélation du Sinaï, D. établit des lois concernant la libération des esclaves, les prêts, la justice, le respect des étrangers, l’observance des fêtes et les offrandes agricoles. Il promet également de guider Israël vers la Terre Sainte et met en garde contre les pratiques païennes. Le peuple s’engage à suivre ces commandements, et en signe de cet engagement, Moïse monte sur le mont Sinaï pour recevoir la Torah. La haftara (Jérémie 34:8-22 & 33:25-26), traite également de la libération des esclaves.

Jérémie 34:10
וַיִּשְׁמְעוּ כָל-הַשָּׂרִים וְכָל-הָעָם אֲשֶׁר-בָּאוּ בַבְּרִית, לְשַׁלַּח אִישׁ אֶת-עַבְדּוֹ וְאִישׁ אֶת-שִׁפְחָתוֹ חָפְשִׁים,

לְבִלְתִּי עֲבָד-בָּם, עוֹד; וַיִּשְׁמְעוּ, וַיְשַׁלֵּחוּ.
Tous les princes et tout le peuple qui étaient entrés dans l’alliance entendirent que chacun devait renvoyer son esclave et sa servante libres, de sorte qu’ils ne seraient plus asservis ; ils obéirent et les renvoyèrent.

La synagogue B’nai Israël
la congrégation Chizuk Amuno(1), fondée en 1871 à Baltimore dans le Maryland, a connu une scission en 1873 lorsqu’un groupe de Juifs russes nouvellement arrivés, plus stricts dans leurs pratiques, a créé la congrégation B’nai Israël. En 1895, B’nai Israël a acquis le bâtiment que la congrégation Chizuk Amuno avait fait construire en 1876. La synagogue B’nai Israël se distingue par son style architectural néo-mauresque et son Arche en bois sculpté, encadrée de deux minarets. En 1973, B’nai Israël a lancé un projet de restauration pour la synagogue, qui a été officiellement classée monument historique par la ville de Baltimore en 1977. Elle demeure l’une des plus anciennes synagogues orthodoxes en activité aux États-Unis.

Freedom Park
En 1975, la communauté B’nai Israël a fait don d’un terrain à la ville de Baltimore pour la construction d’un parc, nommé Freedom Park. Ce parc, dédié à la libération de toutes les victimes de l’oppression, témoigne de l’engagement de la communauté B’nai Israël envers les valeurs de liberté et de justice.

(1) Chizuk Amuno est la prononciation achkenaze de Hazak Emunah (חזוק אמונהfortifier la foi).

Elkins Park, Pennsylvanie, États-Unis

1959

Dans la Paracha Yitro (יתרו, Exode 18:1-20:23), impressionné par les miracles divins, notamment l’ouverture du Yam Souf (la Mer Rouge) et la guerre contre ‘Amalek, Yitro, le beau-père de Moché, rejoint les Israélites. Il conseille à Moché sur la gouvernance. Les juifs se rassemblent au pied du mont Sinaï. Dieu leur révèle qu’ils ont été choisis pour être un ‘royaume de prêtres’ et une ‘nation sainte’, et Il proclame les Dix Paroles.

Exode 20:14 :
וְכָל-הָעָם רֹאִים אֶת-הַקּוֹלֹת וְאֶת-הַלַּפִּידִם, וְאֵת קוֹל הַשֹּׁפָר, וְאֶת-הָהָר, עָשֵׁן
Et tout le peuple voyait les voix et les torches, le son du chofar et la montagne fumante.

La congrégation Beth Sholom, fondée à Philadelphie en 1919, déménage à Elkins Park dans les années 1950 et entreprend de construire une nouvelle synagogue pour accueillir des membres de plus en plus nombreux.

Conçue par le célèbre architecte Frank Lloyd Wright(1), la synagogue d’Elkins Park, un chef-d’œuvre architectural(2), se distingue par ses murs inclinés en escalier en verre armé translucide et en plastique. L’intérieur est baigné de lumière naturelle pendant la journée, et la nuit, le bâtiment entier rayonne de lumière artificielle. Vu de l’extérieur, le bâtiment s’élève vers le ciel, évoquant un «Mont Sinaï lumineux»(3). Sur chacune de ses trois grandes arêtes, l’architecte a placé un chandelier à sept branches stylisé, visible de toute part.

(1) Frank Lloyd Wright (1867-1959), architecte et concepteur américain, a réalisé plus de 400 projets. En 1991, l’Institut des architectes américains l’a reconnu comme le plus grand architecte américain de l’histoire.
(2) C’est la seule synagogue conçue par le célèbre architecte Frank Lloyd Wright en 70 ans de création. Elle a été inaugurée quelques mois après son décès.
(3) Luminous Mount Sinai, est une description de Frank Lloyd Wright lui-même