Beit Tchouva, Birobidjan, Russie

1986

Parachat VaYelekh (וילךil alla), Chabbat Chouva1, Deutéronome 31:1-30.
Avec 30 versets, c’est la plus courte des sections hebdomadaires.

Moïse évoque son grand âge et confie à Josué le soin de conduire le peuple. Il remet le texte de la Torah aux lévites, afin que ceux-ci le place dans l’Arche d’alliance.
La haftara se compose de 2 (ou 3 passages)2 des Prophètes : Osée 14:2–10 [, Joël 2:11–27] et Michée 7:18–20

Osée 14 הושע
ב שובה, ישראל, עַד, יי אלקיך:  כי כשלת, בעונך.
2 Reviens, Israël, jusqu’à l’E-ternel, ton D-ieu ; car tu n’es tombé que par ton péché.

Du XVIIIe au XXe siècle, l’autocratie tsariste fait régner un antisémitisme d’État. Elle est souvent la cause des pogroms. En 1917, à l’avènement du bolchevisme de nouvelles formes d’antisémitisme, sur fond idéologique communiste, apparaissent.
Dans les années 1928-1938, en réponse à la question juive, Staline fait déplacer environ 40.000 juifs3 dans un territoire inhabité à l’extrémité orientale de la Russie, le Birobidjan4. De 1947 à 1953, l’antisémitisme d’état y sévit avec virulence, alors que les juifs représentent prés de 40% de la population. Les écoles juives, les synagogues et tous les lieux spécifiquement juifs sont fermés. En 1978, un décret du Comité Central autorise à nouveau la culture juive dans la région. Mais, Il faut attendre l’avènement de la perestroïka et de la glasnost5 en 1985, sous Mikhaïl Gorbatchev6 pour que ressuscite la vie juive dans la région.

En 1986, la synagogue Beit Tchouva à Birobidjan ouvre dans une simple maison en bois de style sibérien. Dans un premier temps des éléments de traditions juive et chrétienne se mêlent. En 2005, le culte devient strictement juif. En septembre 2017, la synagogue est rénovée et le rav Eli Riss y sonne du chofar.

1 Chabbat précédant Yom Kippour
2 En fonction des communautés : séfarades ou ashkénazes
3 Actuellement environ 3.000 juifs vivent au Birobidjan.
4 La région autonome juive du Birobidjan, du nom de sa capitale située à la confluence des rivières Bira et Bidjan. Les langues officielles sont le russe et le yiddish.
5 Perestroïka (reconstruction) : réformes économiques, culturelles et sociales et de la glasnost (transparence) : politique de liberté d’expression
6 Chef d’état de l’URSS (1985-1991), prix Nobel de la paix (1990), né en 1931, décédé le 30 août 2022 à Moscou.

Talmud Daniel Bomberg

1520/23 & 1525/39

Parashat Nitsavim (ניצביםdebout), Deutéronome 29:9-30:20. Elle est toujours lue le chabat qui précède Rosh Hashana.

Deutéronome chapitre 30 – דְּבָרִים פרק ל
ו’ ומל יי אלוסקיך את-לבבך, ואת-לבב זרעך: לאהבה את-יי אלוסקיך, בכל-לבבך ובכל-נפשך–למען חייך: ו
6 Et l’É-ternel, ton D., circoncira ton cœur et celui de ta postérité, pour que tu aimes l’É-ternel, ton D., de tout ton cœur et de toute ton âme, et assures ton existence.

Rachi : Lorsque tu te repentiras, D-ieu t’aidera à surmonter les obstacles que le mauvais penchant cherche à placer sur ton chemin. בא להיטהר מסייעים אותו. D-ieu vient en aide à celui qui cherche à se purifier (Talmud Bavli, traité Chabbat 104a:13).

Le Talmud1 de Daniel Bomberg : Vers 1530, une édition du Talmud imprimée par Daniel Bomberg2 aurait été commanditée par Henri VIII, fasciné par la sagesse de la loi juive dans un pays interdit aux Juifs3. A la suite à sa disputation politico-théologique4 avec pape Clément VII, il se proclame en 1531 : chef suprême de l’Église et du clergé d’Angleterre. En 1546, il fonde la chaire Regius d’hébreu de l’Université d’Oxford et y place l’année suivante Richard Bruerne (~1519-1565) qui prendra possession du fameux Talmud qu’il léguera à sa mort à l’église d’Oxford. Quelques années plus tard, le Talmud devient la propriété de l’abbaye de Westminster (avant 1629). En 1980, Jack Valmadonna Lunzer (1924-2016), industriel du diamant manufacturé et grand collectionneur de livres rares hébreux5 acquiert l’exemplaire du Talmud de l’abbaye de Westminster contre une copie médiévale de la charte de ladite abbaye. En 2015, le Talmud est mis en vente par Sotheby’s. Leon Black, investisseur américain et collectionneur d’art, l’achète pour 9,3 millions de dollars.

En janvier 2017, les ouvrages restants de la Bibliothèque du Valmadonna Trust sont cédé à la Bibliothèque nationale d’Israël.


1) Imprimé en 9 volumes (393 x 266 mm), il comprend les traités de la première (1519/20-1523) et de la deuxième (1525-1539) éditions. voir le détail de l’ouvrage sur le site de Sotheby’s (voir le site en anglais).
On ne compte, de nos jours, que 14 exemplaires de cette édition.
2) Daniel van Bomberghen, éditeur-imprimeur flamand de la Renaissance, né à Anvers vers 1483, installé à Venise en 1516, spécialiste de l’impression de textes de la littérature religieuse hébraïque. Mort dans cette ville en 1549.
3) Les Juifs ont l’interdiction de vivre en Angleterre depuis leur expulsion en 1290 par le roi Édouard Ier. En 1656, Oliver Cromwell met un terme définitif à cette interdiction.
4) Le souverain voulait que son mariage avec Catherine d’Aragon, veuve de son frère Arthur Tudor, soit annulé par la papauté. Controverse basée sur le Lévitique 18.16 : interdiction d’épouser la femme de son frère, le Deutéronome 25:5 : Lévirat et le Deutéronome 22:13-21 : Répudiation.
5) Bibliothèque du Valmadonna Trust : 13 000 livres et manuscrits.

Maghen Abraham, Beyrouth, Liban

1925

Paracha Ki Tavo (כי תבוא — lorsque tu entreras), Deutéronome 26:1-29:8.

 Deutéronome – 26 – דְּבָרִים
:ה וְעָנִיתָ וְאָמַרְתָּ לִפְנֵי יי אֱלֹקיךָ, אֲרַמִּי אֹבֵד אָבִי, וַיֵּרֶד מִצְרַיְמָה, וַיָּגָר שָׁם בִּמְתֵי מְעָט; וַיְהִי-שָׁם, לְגוֹי גָּדוֹל עָצוּם וָרָב
5 Et tu diras à haute voix devant l’É-ternel, ton D.ieu : Un Araméen a [voulu] anéantir mon ancêtre. Il est descendu en Egypte et y a résidé en petit nombre et il est devenu là un peuple grand, puissant et nombreux.1

L’Araméen, c’est Laban2 (לבן), frère de Rébecca, père de Léa et Rachel, oncle et beau-père de Jacob. C’est un personnage retors qui a trompé Jacob, puis l’a poursuivi dans l’intention de l’anéantir (voir Genèse 31, versets 29 et 30).
Le nom Liban vient de la même racine לבן signifiant blanc, en référence au manteau neigeux qui recouvre les montagnes en hiver.

Les premiers signes de présence juive au Liban remontent en 132, à la suite de la révolte de Bar Kokhba3 contre l’empire romain. En 1920, l’État libanais est créé par la France4 à la suite du démantèlement de l’Empire ottoman. En 1926, une constitution est adoptée. Elle donne l’égalité et la liberté de culte à tous les libanais5. Pendant la Seconde Guerre Mondiale, le Liban accueille quelques familles ashkénazes fuyant le génocide. En 1948, à la déclaration d’indépendance de l’État d’Israël, de nombreux juifs fuient les pays arabes belligérants (Syrie, Irak, Jordanie) et certains émigrent au Liban. Actuellement, il y a environ 4.000 Juifs libanais, dont la moitié travaillent à l’étranger notamment à Chypre et en Grèce.

La synagogue Maghen Abraham6 est connue pour avoir été la plus belle du Moyen-Orient. Abandonnée et endommagée durant la Guerre du Liban (1975-1990), sa rénovation entreprise en 2010 s’est achevée en 2019.


1 La traduction est celle de Rachi, d’après l’interprétation du Sifri, et c’est aussi la version que l’on trouve dans la Hagada.
2 לבן הארמי – Lavan (blanc) ha-arami (l’Araméen).

3 Ben Kozevah » (בן כוזבה) ou « Ben Koziva » (בן כוזיבא). Grâce à l’archéologie, on sait que son nom était en réalité Shimon Bar (ou Ben) Koseva (שמעון בר כוסבא ou בר כוסבה). 
4 Mandat de la Société des Nations.

5 Chapitre 2 de la Constitution libanaise :
Article 7 Tous les Libanais sont égaux devant la loi. Ils jouissent également des droits civils et politiques et sont également assujettis aux charges et devoirs publics, sans distinction aucune.
Article 8 La liberté individuelle est garantie et protégée. Nul ne peut être arrêté ou détenu que suivant les dispositions de la loi. Aucune infraction et aucune peine ne peuvent être établies que par la loi.
Article 9 La liberté de conscience est absolue. En rendant hommage au Très Haut, l’État respecte toutes les confessions et en garantit et protège le libre exercice à condition qu’il ne soit pas porté atteinte à l’ordre public. Il garantit également aux populations, à quelque rite qu’elles appartiennent, le respect de leur statut personnel et de leurs intérêts religieux.

6 בית הכנסת מגן אברהם – synagogue bouclier d’Abraham

Rutland, Vermont, Etats-Unis d’Amérique

1927

Ki Tetze (כי תצא — lorsque tu partiras), Deutéronome 21:10-25:19.

Selon le Sefer HaHinoukn1 (ספר החינוך – Livre de l’Éducation), la paracha Ki Tetze comporte 47 prescriptions négatives et 27 prescriptions positives, dont celle du lévirat2.

Deutéronome – 25 – דְּבָרִים

ה כִּי-יֵשְׁבוּ אַחִים יַחְדָּו, וּמֵת אַחַד מֵהֶם וּבֵן אֵין-לוֹ–לֹא-תִהְיֶה אֵשֶׁת-הַמֵּת הַחוּצָה, לְאִישׁ זָר:  יְבָמָהּ יָבֹא עָלֶיהָ, וּלְקָחָהּ לוֹ לְאִשָּׁה וְיִבְּמָהּ.

5 Si des frères demeurent ensemble et que l’un d’eux vienne à mourir sans postérité, la veuve ne pourra se marier au dehors à un étranger ; c’est son beau-frère qui doit s’unir à elle. Il la prendra donc pour femme, exerçant le lévirat à son égard.

Le lévirat et la renonciation au lévirat jouent un rôle important dans l’histoire de Juda et Tamar (Genèse chapitre 38), ainsi que dans celle de Boaz et Ruth (Livre de Ruth chapitre 4)3. Devant un quorum de dix hommes, Boaz acquiert tout ce qui appartenait à Ma’hlon et épouse Ruth, sa veuve afin le nom du défunt ne s’éteigne pas.

Ruth – 4 – רוּת

י וְגַם אֶת-רוּת הַמֹּאֲבִיָּה אֵשֶׁת מַחְלוֹן קָנִיתִי לִי לְאִשָּׁה, לְהָקִים שֵׁם-הַמֵּת עַל-נַחֲלָתוֹ, וְלֹא-יִכָּרֵת שֵׁם-הַמֵּת מֵעִם אֶחָיו, וּמִשַּׁעַר מְקוֹמוֹ:  עֵדִים אַתֶּם, הַיּוֹם.
ט וַיֹּאמֶר בֹּעַז לַזְּקֵנִים וְכָל-הָעָם, עֵדִים אַתֶּם הַיּוֹם, כִּי קָנִיתִי אֶת-כָּל-אֲשֶׁר לֶאֱלִימֶלֶךְ, וְאֵת כָּל-אֲשֶׁר לְכִלְיוֹן וּמַחְלוֹן–מִיַּד, נָעֳמִי.

9 Alors Booz dit aux anciens et à tout le peuple : Vous êtes témoins aujourd’hui que j’acquiers de la main de Noémi tout ce qui appartenait à Elimélec, ainsi qu’à Kilion et Ma’hlon.
10 Et Ruth aussi, la Moabite, femme de Ma’hlon, je l’acquiers comme épouse pour maintenir le nom du défunt à son patrimoine et empêcher que le nom du défunt ne s’éteigne parmi ses frères et dans sa ville natale. Vous en êtes témoins en ce jour.

Le Rutland Jewish Center est une synagogue et un centre communautaire située dans un bâtiment de style roman richardsonien4. A l’origine, c’est une bibliothèque construite en 1889 par Brunner & Tryon en l’honneur de Horace Henry Baxter, financier de New York et copropriétaire de la Rutland Marble Company. Puis en 1927, le bâtiment est acheté et converti en synagogue par la Congrégation Adath Israël. En 1978, il est inscrit au Registre national des lieux historiques.

1 Sefer haHinoukh, Livre de l’Éducation est un texte médiéval publié en Espagne au XIIIème siècle, présentant les 613 commandements de la Torah.
2 Formé sur le bas latin levir « beau-frère » et le suffixe dérivationnel « at ».
3 Boaz zt Ruth ont eu pour fils Obed, père de Jessé, lui-même père du roi David.
4 Style de l’architecture américaine historiciste tirant son nom de l’architecte américain Henry Hobson Richardson.