Asunción, Paraguay

2019

Vayeshev (וַיֵּשֶׁב = Et il s’établit)
Genèse 37:1 – 40:23 et Amos 2:6-3:8

Ya’aqov s’installe en Canaan où les tensions familiales atteignent leur paroxysme lorsque Yossef est vendu comme esclave par ses frères. Emmené en Égypte, il devient le serviteur de Potifar. Harcelé par l’épouse de celui-ci et après avoir repoussé ses avances, il est faussement accusé et emprisonné. En captivité, Yossef dévoile son don exceptionnel pour l’interprétation des rêves. La paracha relate également l’histoire de Yéhouda et Tamar, mettant en lumière (Genèse 38:29) la naissance de Pérets, ancêtre du roi David. Dans la haftarah, le prophète Amos condamne les injustices, la trahison et l’abus de pouvoir.

Amos 3:3
הֲיֵלְכוּ שְׁנַיִם, יַחְדָּו, בִּלְתִּי, אִם-נוֹעָדוּ.
Deux hommes peuvent-ils marcher ensemble sans être d’accord ?

Le président Santiago Peña a réaffirmé, à la Knesset et lors de l’inauguration de l’ambassade du Paraguay à Jérusalem, son engagement dans la lutte contre l’injustice qu’est l’antisémitisme. Cette position avait déjà été affirmée à Asunción, sa capitale, réputée pour ses bâtiments historiques, ses espaces verts et son riche mélange de cultures.
La ville abrite également l’Union Hébraïque du Paraguay(1). Cette communauté juive dynamique a entrepris la restauration de son ancien bâtiment en soumettant sa demande lors d’une compétition internationale. L’équipe d’Arquitectura(2) a remporté ce concours. La rénovation de l’édifice allie modernité et tradition, avec l’utilisation de béton et de métal rouillé à l’extérieur et de bois à l’intérieur. Des lanterneaux dans le plafond créent des jeux d’ombres et de lumières. La synagogue a été inaugurée en mai 2019.

(1) Union Hébraïque du Paraguay : Fondée en 1939, est l’une des principales organisations juives du Paraguay.
(2) Equipo de Arquitectura est un studio basé à Asunción, Paraguay, fondé par Leonardo Méndez, Horacio Cherniavsky, Viviana Pozzoli, Diego Soto, et Jonathan Sosky. Reconnu pour son approche innovante, le groupe privilégie l’usage de matériaux locaux et durables, et s’efforce de concevoir des espaces harmonieux et minimalistes. Leur travail a été salué à l’international pour son esthétisme épuré et son intégration respectueuse dans l’environnement​.

Ioannina, Grèce

XIXe siècle

Vayishla’h (וישלח = et il envoya)
Genèse 32:4 – 36:43 et Abdias (Obadia) 1:1-21 (Sépharade) ou Osée 11:7–12:12 (Ashkénaze)

La paracha Vayishla’h relate l’épisode où Ya’aqov lutte toute la nuit contre un être mystérieux et qui le nomme Israël. Transformé par cette expérience, il se prépare à affronter son frère Éssav après des années de séparation. La haftara sépharade(1) met en lumière la chute d’Édom et la victoire finale d’Israël,

Genèse 32:29
וַיֹּאמֶר, לֹא יַעֲקֹב יֵאָמֵר עוֹד שִׁמְךָ–כִּי, אִם-יִשְׂרָאֵל: כִּי-שָׂרִיתָ עִם-אֱלֹהִים וְעִם-אֲנָשִׁים, וַתּוּכָל.
Il reprit : Ya’aqov ne sera plus désormais ton nom, mais bien Israël; car tu as jouté contre des puissances célestes et humaines et tu es resté fort.

La synagogue Kahal Kadosh Yashan à Ioannina, érigée au XIXᵉ siècle, est un témoignage de la plus ancienne communauté juive de Grèce, les Romaniotes(2). Sa construction a été influencée par l’art ottoman, avec ses arcs élégants et son dôme central. Dans la cour, la fontaine pour les ablutions des Kohanim, le puits pour la cérémonie de tashlikh, et la porte latérale donnant accès à la galerie des femmes démontrent le soin apporté à la préservation des traditions. À proximité, le mikvé restauré symbolise le renouveau spirituel. Tout comme Ya’aqov, après sa lutte au bord du fleuve Yabboq, a renouvelé son identité spirituelle et reçu de nouvelles bénédictions.

(1) Pour les Ashkénazes, la haftara parle de l’amour de Dieu pour Israël et de la lutte du peuple pour rester fidèle à sa mission divine malgré les épreuves.
(2) Les Romaniotes, antique communauté juive grecque autochtone, ont conservé des traditions et des pratiques qui remontent à l’époque de l’Empire byzantin. Leur liturgie et leur langue (le yévanique, un dialecte judéo-grec) reflètent cette longue intégration dans la culture grecque tout en conservant leur spécificité juive. Avec l’arrivée des Séfarades après l’expulsion d’Espagne, beaucoup de Romaniotes ont adopté des coutumes séfarades, mais ils ont encore des particularités uniques.

Paradesi, Cochin, Kerala, Inde

1568

Vayétsé  (ויצא = et il sortit)
Genèse 28:10 – 32:3 et Osée 12:13 – 14:10 (sépharade) et Osée 11:7 – 12:12 (ashkénaze)

Yaakov quitte Beer-Sheva pour Haran(1). En chemin, il rêve d’une échelle reliant ciel et terre. Arrivé à Haran, il travaille pour Lavan et épouse ses filles, Léa et Ra’hel. Après des années de travail et une prospérité croissante, Yaakov quitte Lavan avec sa famille et ses biens, poursuivant la mission de construire le peuple d’Israël. Osée rappelle l’histoire de Yaakov, notamment sa fuite vers Aram(2) et son service pour obtenir ses épouses. La haftara établit un parallèle entre l’histoire personnelle de Yaakov et le destin collectif d’Israël, insistant sur la pérennité de l’alliance divine, même en exil ou face aux épreuves.

Genèse 29:15
וַיִּשָּׂא יַעֲקֹב, רַגְלָיו; וַיֵּלֶךְ, אַרְצָה בְנֵי-קֶדֶם
Jacob se remit en chemin et alla vers la terre des enfants de l’Orient.

En Orient, loin d’Israël, les Juifs de Cochin ont préservé leur héritage spirituel. La synagogue Paradesi, construite en 1568, témoigne de ce lien indéfectible avec la tradition. Le terme Paradesi, provenant du mot sanskrit परदेशी (venu de l’extérieur), fait référence principalement aux Juifs d’origine espagnole, portugaise et hollandaise, installés à Cochin après l’Inquisition. Ce nom a été donné pour les distinguer des communautés juives locales plus anciennes, comme les Juifs malabars(3). La synagogue combine des influences architecturales orientales et européennes. On y trouve des carreaux bleus et blancs, des lustres en verre soufflé, des candélabres en laiton et de vieux rouleaux de la Torah. Elle a été agrémentée d’une tour de l’horloge en 1760. Cette synagogue est la plus ancienne en activité en Inde et témoigne d’une coexistence pacifique entre Juifs et Indiens à travers les siècles.

1 la ville de Harran dans le sud de l’actuelle Turquie près de la frontière avec la Syrie pourrait bien correspondre à Haran, 
2 Aram est une région ou habitée par les Araméens. Elle serait située dans le centre de la Syrie actuelle. Le nom pourrait être dériver de Aram le  cinquième fils de Shem.
3 Les Juifs malabars constituent une communauté ancienne de la région du Kerala, avec des traditions qui leur sont propres. Leur présence remonte à environ 3 000 ans, à l’époque du roi Salomon ou du royaume de Juda, lorsque des Juifs ont commencé à commercer avec les peuples de l’Inde du Sud et à s’installer sur la côte de Malabar, aujourd’hui connue sous le nom de Kerala.