Pavillon de l’Eau, Paris

1828 / 2001

Tazria (תזריע – elle concevra) Metsora (מצורע – personne atteinte de tzaraat [1])
Lévitique 12:1-15:33 et Rois II 7:3-20.

Les sections Tazria-Metsora traitent les lois de pureté rituelle et les rites de purification, où l’eau symbolise le renouveau et la transition spirituelle.

Lévitique 14:8
וְכִבֶּס אֶת-בְּגָדָיו, וְרָחַץ אֶת-בְּשָׂרוֹ בַּמַּיִם–וְטָהֵר. 
Il lavera ses vêtements, baignera son corps dans l’eau, et deviendra pur.

En 1828, une pompe à feu[2] est installée entre le quai d’Auteuil et la route de Versailles pour puiser l’eau de la Seine et alimenter les réservoirs de Passy, assurant ainsi le stockage et la distribution d’eau potable. Entre 1900 et 1925, la société Pacotte & Cie remplace cette pompe par une usine élévatoire[3] moderne. L’installation comprend cinq bâtiments mêlant meulière, briques claires et rouges, ainsi que des éléments métalliques, caractéristiques du style industriel de cette période. L’usine cesse ses activités en 1955.

La Ville de Paris initie un projet de reconversion du site et en 2001, elle met l’un des bâtiments à disposition du Grand Rabbin de Paris, David Messas[4], qui fonde le centre communautaire Maguen David – Ahavat Shalom. En 2019 le rabbin Ariel Messas qui poursuit l’œuvre de son père signe un bail emphytéotique d’une durée de 50 ans avec la ville de Paris et s’accorde avec la société gestionnaire du Pavillon de l’Eau[5] pour y accueillir également des repas chabbatiques, de bar-mitsva et d’autres célébrations.

[1] Tzara’at : Affections rituelles de la peau, des vêtements ou des murs, caractérisées par des plaques blanches, des taches ou des éruptions spécifiques.
[2] Pompe à feu : Technologie reposant sur des chaudières à bois ou à charbon pour alimenter les mécanismes de pompage.
[3] Usine élévatoire : Structure destinée à élever l’eau à des hauteurs suffisantes pour alimenter les réservoirs, en utilisant des pompes et un système de filtration basique.
[4] Le rabbin David Messas : Né en 1934 à Meknès (Maroc) a étudié à la Yechiva Keter Torah de Casablanca, à Aix-les-Bains et à Grenoble. Grand rabbin de Genève (1989-1995), puis de Paris (1995-2011), il a marqué la communauté juive par son érudition et son dévouement. Il a été décoré de la Légion d’Honneur et de son équivalent marocain, la Ouissam Alaouite.

[5] Pavillon de l’Eau : En 2007, sous la maîtrise d’ouvrage d’Eau de Paris, l’architecte Vincent Brossy transforme un des bâtiments en centre dédié à la préservation des ressources et à l’accès à l’eau potable.

Worms, Allemagne

Chemini (שְׁמִינִי – huitième)
Lévitique 9:1 – 11:46 et 2 Samuel 6:1-19

La paracha Chemini(1) traite de l’inauguration du Tabernacle et la haftarah le transfert de l’Arche d’Alliance à Jérusalem, deux récits mêlant joie intense et tragédies(2).

Lévitique 10:16
ואת שעיר החטאת דרש דרש משה
Et Moïse chercha avec insistance le bouc du sacrifice pour le péché …

Le mot דרש (darash, signifiant « chercher » ou « étudier ») se trouve au centre(3) de la Torah. Cela nous enseigne que l’étude doit occuper une place centrale et fondamentale dans nos vies. Ce mot est présent dans le verset central, que Rachi(4) interprète comme la nécessité d’équilibrer le respect des commandements divins avec les réalités humaines. C’est à Troyes que Rachi écrivit ses commentaires après avoir étudié à Mayence, puis à Worms.

Worms, surnommée la petite Jérusalem de la vallée du Rhin, est un centre historique majeur du judaïsme européen. La présence d’une communauté juive y est attestée dès le début du Moyen Âge. Le quartier juif de Worms, reconstruit en 1961, abrite une synagogue romano-gothique fondée en 1034, la Maison Rachi devenue un musée en 1982, le mikvé datant du XIIe siècle, et le Heilige Sand(5).

(1) Chemini : le chiffre huit représente une transcendance au-delà du naturel et du cyclique, une élévation vers l’infini.
(2) Dans la paracha, la joie de l’inauguration du Tabernacle est assombrie par la mort de Nadav et Avihou, les fils d’Aaron. Dans la haftarah, le transfert de l’Arche d’Alliance à Jérusalem est marqué par la mort d’Ouzza, l’un des fils d’Abinadab.
(3) La paracha Chemini contient : Le verset central (le 2 923ᵉ), Le mot central דרש (39 924ᵉ), lié à la recherche et à l’étude (de la racine ד-ר-ש proviennent les mots suivants : דרש (darach – « il a étudié »), מדרש (midrach – « interprétation » ou « exégèse »), דורש (dorech – « chercheur »), דרשה (dracha – « sermon »), דרישות (drichot – « exigences »)). La lettre centrale, le ו (vav) du mot גחון (ga’hon – « ventre », levitique 11:42), lettre dont la forme symbolise la connexion entre le bas et le haut, la matière et l’esprit, ou l’humain et le divin.
(4) Rabbi Chlomo ben Itshak (רש »י – Rachi) naquit en 1040 à Troyes. À 15 ans, il étudia à Mayence auprès de Rabbi Yaakov ben Yakar. À la mort de ce dernier, en 1064, il poursuivit ses études à Worms auprès de Rabbi Itshaq Halévi haQadosh. À 30 ans, en 1070, il retourna à Troyes. Là, il fonda une école, se maria, travailla à sa vigne et rédigea ses célèbres commentaires. Il mourut à Troyes en 1105.
(5) Heilige Sand est l’appellation allemande de la plus ancienne nécropole juive conservée en Europe. Elle signifie littéralement « sable sacré ». Plus de 2 000 tombes y sont répertoriées, dont celle de Rabbi Meir de Rothenburg (1215-1293), le Maharam, une figure majeure du judaïsme médiéval ashkénaze. Maharam est l’acronyme de Morénou HaRav Rabbi Meir (מוהר »ם), signifiant « Notre maître, le rabbin Meir ».

Mémorial des Forces Blindées, Latrun

1982

7e Jour de Pessa’h
Exode 13:17–15:26, Nombres 28:19-25, Samuel II  22:1–51,

Dans la Torah, le Cantique de la Mer, chanté par Moché, est suivi du chant de Myriam et des femmes. La Haftarah, quant à elle, exalte Dieu en glorifiant sa puissance et ses actes de salut

Exode 15:3
ה’ אִישׁ מִלְחָמָה ה’ שְׁמו
L’Éternel est le maître des batailles ; Éternel est son nom !

Dans le verset suivant, l’Éternel détruit les chars égyptiens.
Le Musée des Forces Blindées (יד לשריון – Yad La-Shiryon) présente des reconstitutions grandeur nature de chars antiques utilisés par les civilisations égyptienne et assyro-babylonienne.
Le musée propose aussi une impressionnante collection de plus de 200 chars et véhicules blindés provenant d’Israël et d’autres pays, dont certains capturés aux armées ennemies(1) par Israël.
Le bâtiment principal, une forteresse Tegart(2) aux murs extérieurs profondément marqués par des impacts, abrite une bibliothèque où sont conservées les informations sur chaque soldat israélien du corps des blindés tombé au combat. La synagogue Tzror Ha-Haïm(3) ajoute une dimension spirituelle à ce lieu de mémoire. Quant à la tour de la forteresse, elle a été transformée en Tour des Larmes(4). Le musée dispose également d’un grand amphithéâtre et d’un auditorium.
À l’extérieur, le Mur des Noms, où sont gravés les noms des soldats du corps blindé tués au combat, rend hommage à leur mémoire. Un château d’eau où est installé un char Sherman à la place du réservoir est devenu le logo du musée.

(1) Blindés capturés ou détruits par Israël :
Égypte : Guerre d’indépendance (1948-1949) : 30 à 50 blindés ; Guerre des Six Jours (1967) : environ 700 blindés ; Guerre de Kippour (1973) : environ 1 100 blindés.
Syrie : (1967) : 100 à 150 unités ; (1973) : près de 1 000 blindés, principalement sur le plateau du Golan ; Conflit au Liban (1982) : environ 300 blindés.
Jordanie : (1967) : environ 200 unités.
(2) Forteresse Tegart : Du nom de l’officier de police britannique Charles Augustus Tegart, qui les a conçues. Ces forteresses, construites dans les années 1930-1940, durant le Mandat britannique, avaient pour but de renforcer la sécurité face aux soulèvements arabes.
(3) Tzror Ha-Haïm (צרור החיים) : Cette expression (signifiant « Lien de la vie » ou « Faisceau de la vie ») est tirée de Samuel I.25:29. Elle évoque l’idée que l’âme des défunts est liée à la vie éternelle. L’Arche Sainte du XVIIIe siècle, présente dans la synagogue, a été offerte par la communauté juive de Pise.
(4) Tour des Larmes : une installation composée de plaques d’acier récupérées d’un tank couvrant tous les murs, où de l’eau s’écoule symbolisant les larmes versées pour les soldats du corps des blindés tombés au combat. Cette œuvre a été conçue par Danny Karavan (1930-2021), un sculpteur israélien réputé pour ses sculptures environnementales qui invitent les visiteurs à interagir avec l’espace. Parmi ses créations emblématiques figurent le Chemin des Droits de l’Homme à Nuremberg et le Chemin de la Paix en Israël.

Haggadah Dorée, Londres

1320-1330

Tzav (צו – prescris), Chabbat Hagadol, Pessa’h
Lévitique 6:1 à 8:36, Malachie 3:4 à 3:24 , Exode 12:21 à 12:51. Nombres 28:16 à 28:25, Josué 5:2 à 6:1

Préparatifs en vue de la délivrance :
Dans Tzav, sont prescrites les lois relatives aux sacrifices. Le texte décrit également la consécration des prêtres et de leurs vêtements. Le prophète Malachie annonce le retour d’Élie avant le « grand et redoutable jour de l’Éternel ». Il appelle le peuple(1) à la repentance et à la justice. La lecture de la Torah du premier jour de Pessa’h relate les derniers préparatifs avant la sortie d’Égypte ; le maftir détaille les sacrifices spécifiques à Pessa’h, et la haftarah évoque ceux offerts lors de l’entrée en Terre promise.

Exode 12:42
לֵיל שִׁמֻּרִים הוּא לַיי, לְהוֹצִיאָם מֵאֶרֶץ מִצְרָיִם: הוּא-הַלַּיְלָה הַזֶּה לַיי, שִׁמֻּרִים לְכָל-בְּנֵי יִשְׂרָאֵל לְדֹרֹתָם.
Ce fut une nuit de veille pour l’Éternel, pour les faire sortir du pays d’Égypte ; c’est la nuit que les enfants d’Israël doivent observer pour l’Éternel, au cours de leurs générations.

La Haggadah Dorée est un manuscrit hébraïque enluminé, probablement d’origine catalane, réalisé entre 1320 et 1330 sur vélin. Elle est ornée de quatorze miniatures, composées de quatre scènes sur fond doré, dans un style haut-gothique. Le texte est rédigé en calligraphie sépharade carrée. Ce manuscrit aurait été emporté en Italie par des Juifs expulsés d’Espagne en 1492. La reliure italienne du XVIIe siècle, en peau de mouton marron foncé, est ornée de motifs en forme d’éventails. Elle est conservée à la British Library sous la référence MS 27210.

(1) Le Talmud de Jérusalem (Meguila 1:11) suggère que le nom Malachie (מַלְאָכִי – Malakhi, signifie Mon messager) pourrait être un pseudonyme, indiquant une mission universelle. Par ailleurs, des exégètes comme Rachi et Ibn Ezra, dans leurs commentaires sur Malachie soulignent que « le nom de Dieu sera grand parmi les nations », reflète une vision où le message prophétique de Malachie englobe toutes les nations.