Musée Marc Chagal, Nice

~1963 / 1973

Vayishla’h (וישלח – Et il envoya)
Bereshit / Genèse 32:4 – 36:43 – Obadia 1:1–21 (rite séfarade) et Hoshea / Osée 11:7–12:12 (rite ashkénaze)

La paracha Vayishlaḥ raconte le retour de Ya‘aqov en Terre Sainte après vingt ans chez Lavan. Les messagers envoyés vers ‘Esav reviennent avec une nouvelle inquiétante : ‘Esav marche à sa rencontre avec 400 hommes. Ya‘aqov, redoutant l’affrontement, divise son camp, prie et envoie des présents. La nuit, il lutte avec un être mystérieux qui le blesse, mais le bénit, lui donnant le nom d’Israël. Les retrouvailles avec ‘Esav se passent finalement dans la paix, chacun reprenant sa route.
À Chekhem, l’enlèvement de Dinah entraîne le massacre des habitants par Chim‘on et Levi, ce qui contraint Ya‘aqov à quitter précipitamment la ville. À Beit-El, Dieu lui confirme son nouveau nom; sur la route d’Efrat, Raḥel meurt en donnant naissance à Binyamin ; Yitzḥaq s’éteint à Ḥevron, où il est enseveli par ses fils. La généalogie de ‘Esav est ensuite établie.
La haftara séfarade d’Ovadyah annonce la chute d’Edom, descendant de ‘Esav, et la victoire finale d’Israël, tandis que la haftara ashkénaze d’Hoshea (Osée) rappelle la lutte de Ya‘aqov avec l’ange et appelle Israël à revenir vers Dieu.

Bereshit / Genèse 32:27
וַיֹּאמֶר לֹא אֲשַׁלֵּחֲךָ, כִּי אִם-בֵּרַכְתָּנִי
Et il dit « Je ne te laisserai point, que tu ne m’aies béni. »

Au Musée national Marc Chagall [1] de Nice, le cycle Le Message Biblique [2] est exposé dans la salle centrale. Parmi les douze toiles monumentales, l’œuvre La Lutte de Jacob et de l’ange illustre le récit du chapitre 32 de la Genèse (versets 25 à 33). Les bleus et violets traduisent l’intensité intérieure du combat, les diagonales des corps expriment la tension dramatique, et le geste de l’ange qui touche Ya‘aqov au front évoque à la fois la lutte et la bénédiction. Sur le bord droit du tableau apparaissent, la rencontre de Ya‘aqov et Raḥel au puits (amour et providence divine, Genèse 29:1–12), Yosef dépouillé par ses frères et jeté dans un puits (jalousie, Genèse 37:23–24) et en bas Ya‘aqov pleurant sur la tunique de Yosef (douleur, Genèse 37:31–35). En arrière-plan, Chagall insère des éléments de son univers personnel, notamment son village natal, Vitebsk, mêlant ainsi sa mémoire individuelle à celle du peuple juif.

Le musée fut inauguré en 1973, à l’initiative d’André Malraux [3] et avec la participation de Marc Chagall. Premier musée national consacré à un artiste vivant, il rassemble aujourd’hui près de mille œuvres et associe peintures, vitraux et mosaïques dans un espace conçu par Chagall lui-même.


[1] Marc Chagall (1887–1985) participa activement à la conception du musée, ajoutant vitraux, mosaïques et un auditorium, et fut présent lors de l’inauguration en 1973.
[2] Les douze toiles monumentales du Message Biblique comprennent Avraham et les trois anges et le sacrifice d’Yitzḥaq, liés à la paracha Vayéra; Ya‘aqov et l’ange, lié à Vayishlaḥ; Moshe et le buisson ardent, lié à Shemot; le passage de la Mer Rouge, lié à Beshalach; Moshe recevant les Tables de la Loi, lié à Yitro; le prophète Yirmiyahou (Jérémie), lu dans les haftarot des « Trois Semaines » autour de Tisha Be-Av; David et Bat-Sheva, issu de Shmouel II; le roi David et sa harpe, inspiré des Tehillim; Eliyahou (Élie) emporté au ciel, tiré de Melakhim II; et enfin deux toiles consacrées au Shir HaShirim (Cantique des Cantiques), lu traditionnellement le Chabbat.
[3] André Malraux (1901–1976), ministre de la Culture, encouragea la création du musée et soutint la donation du cycle du Message Biblique à l’État français.