Noa’h et Roch Hodech Genèse 6:9 – 11:32, Nombres 28:9-15 et Isaïe 66:1-24
La paracha Noa’h relate l’histoire de Noa’h, la construction de l’arche, le déluge et l’alliance entre Dieu et l’humanité, symbolisée par l’arc-en-ciel. Elle évoque aussi la Tour de Babel et la dispersion des peuples. La Haftara met en lumière la compassion divine et la promesse de paix pour Jérusalem.
Genèse 7:13 בְּעֶצֶם הַיּוֹם הַזֶּה בָּא נֹחַ, וְשֵׁם-וְחָם וָיֶפֶת בְּנֵי-נֹחַ; וְאֵשֶׁת נֹחַ, וּשְׁלֹשֶׁת נְשֵׁי-בָנָיו אִתָּם–אֶל-הַתֵּבָה. Ce jour-là même étaient entrés dans l’arche: Noé, Sem, Cham et Japhet, fils de Noé, et avec eux la femme de Noé et les trois femmes de ses fils.
Le paquebot Normandie offrait un havre sûr en mer. Conçu par Yourkevitch(1) et les Chantiers de l’Atlantique à Saint-Nazaire, il fut lancé en 1935. Long de 313 mètres, il pouvait transporter près de 2000 passagers, alliant innovation technologique et élégance art déco. En 1936, une synagogue et une cuisine kasher(2) sont aménagées à bord pour répondre aux besoins des passagers juifs.
En 1942, le navire fut réquisitionné par les États-Unis pour une conversion militaire. Malheureusement, un incendie accidentel à New York provoqua une inondation, entraînant son chavirage.
(1)Vladimir Ivanovitch Yourkevitch (1885-1964), architecte naval russo-américain d’origine russe, émigra en France après la Révolution russe et travailla pour les Chantiers de Penhoët. Il s’installa ensuite aux États-Unis, où il poursuivit sa carrière. (2)Sur les lignes de la Compagnie des Messageries Maritimes et de la Compagnie Générale Transatlantique, un service kasher était proposé à bord des paquebots Paris, Île-de-France, et plus tard du Normandie, où furent aménagés une synagogue et une cuisine kasher. En Méditerranée, des menus kasher étaient également proposés à bord du Champollion (1925) et, en 1926, du Mariette Pacha.
Chemini Atseret (Sim’hat Torah) Deutéronome 33:1 – 34:12, Nombres 29:35 – 30:1, Genèse 1:1 – 2:3 et Josué 1:1-18 et en plus en diaspora Deutéronome aussi 14:22 – 16:17 et Rois I 8:54-66
Lors de cette fête, dans le premier sefer, nous terminons la lecture du cinquième livre de la Torah. Ce passage relate les bénédictions que Moché prodigue aux Bnei Israël, l’intronisation de Josué comme nouveau guide et la mort de Moché. Le deuxième sefer concerne la fête, et dans le troisième, nous reprenons les premiers versets de Béréchit, qui relatent la création du monde.
Genèse 1:1-3 בְּרֵאשִׁית, בָּרָא אֱלֹקִים, אֵת הַשָּׁמַיִם, וְאֵת הָאָרֶץ. וְהָאָרֶץ, הָיְתָה תֹהוּ וָבֹהוּ, וְחֹשֶׁךְ, עַל-פְּנֵי תְהוֹם; וְרוּחַ אֱלֹקִים, מְרַחֶפֶת עַל-פְּנֵי הַמָּיִם. וַיֹּאמֶר אֱלֹקִים, יְהִי אוֹר; וַיְהִי-אוֹר. Au commencement, Dieu créa le ciel et la terre. Or la terre n’était que solitude et chaos ; des ténèbres couvraient la face de l’abîme, et le souffle de Dieu planait à la surface des eaux. Dieu dit : Que la lumière soit ! Et la lumière fut.
La Synagogue Moché Ben Maimon(1) à Abu Dhabi, conçue par Sir David Adjaye(2) et inaugurée en février 2023, présente une structure moderne évoquant une Soucah, où la lumière pénètre librement. Elle porte le nom du célèbre auteur du MichnéTorah(3), qui affirme que la terre appartient à Dieu et qu’Il a donnée la terre d’Israël aux Juifs. Cette notion de propriété divine est également présente dans le commentaire de Rachi(4) sur Genèse 1:1, où il explique que la Torah commence par la création du monde afin que, si les nations accusent les Bnei Israël de voler les terres, ceux-ci puissent répondre : « Toute la terre appartient à Dieu, car c’est Lui qui l’a créée et l’a donnée à qui Il en juge digne » (Jérémie 27:5).
(1)Rabbi Moshe ben Maimon (1135-1204), connu sous le nom de Maïmonide ou par l’acronyme Rambam, est un éminent philosophe, théologien et codificateur juif. Son œuvre majeure est le Michné Torah. (2)Sir David Adjaye, architecte ghano-britannique de renommée internationale, né en 1966 à Dar es Salam, en Tanzanie. Anobli en 2017 par la Reine Elizabeth II pour ses contributions à l’architecture, (3)Michné Torah est une œuvre monumentale, divisée en 14 livres, qui codifie la loi juive et constitue une référence essentielle dans la tradition juive. Au chapitre Halakhot Chmita VéYovel 13:13, Maïmonide fait référence au verset : « La terre ne sera pas vendue à perpétuité, car la terre est à Moi ; car vous êtes chez Moi comme des étrangers et des résidents » (Lévitique 25:23). Au chapitre Halakhot Malakhim VéMilkhamotehem 5:6, il mentionne également le verset : « Vous prendrez possession du pays et vous y habiterez, car c’est à vous que J’ai donné le pays pour le posséder » (Nombres 33:53). (4)Rachi : Acronyme de Rabbi Chlomo Yitzhaki (1040-1105), célèbre commentateur de la Torah et du Talmud. Ses explications claires et concises, rédigées en hébreu, sont largement adoptées dans les études juives.
Soukkot et Chabbat ‘Hol HaMoedSoukkot Lévitique 22:26 – 23:44 et Nombres 29:12-16 et Zacharie 14:1-21 [Rois I 8:2-21] Nombres 33:13-34:26 ,Nombres 29:20–22 [29:17-22] et Ezéchiel 38:18-39:16
La Torah, lue pendant Soukkot, prescrit aux Juifs de vivre dans des cabanes pendant sept jours pour se rappeler la protection divine dans le désert. Dans les haftarot(2), à l’ère messianique, après la guerre des nations contre Israël, le prophète Zacharie annonce que les peuples se rassembleront pour célébrer Soukkot à Jérusalem et parallèlement Ézéchiel prédit que, lors de ces temps difficiles, Gog et Magog(3) attaqueront Israël, mais que Dieu interviendra pour les anéantir et restaurer la paix en Israël.
Lévitique 23:42 בַּסֻּכֹּת תֵּשְׁבוּ שִׁבְעַת יָמִים; כָּל-הָאֶזְרָח בְּיִשְׂרָאֵל יֵשְׁבוּ בַּסֻּכֹּת. Vous habiterez dans des cabanes pendant sept jours. Tous les natifs d’Israël habiteront dans des cabanes.
Le Musée d’Art et d’Histoire du Judaïsme de Paris (M.A.H.J.) expose une soukkah en bois résineux peint, datant du milieu du XIXe siècle. Composée de 37 planches numérotées et décorée, notamment, d’une vue de Jérusalem, elle était destinée à une famille aisée de la région du lac de Constance. Cet objet représente un rare exemple d’art populaire juif. En 2018, un panneau manquant a été acquis, permettant à cette œuvre de retrouver son intégrité, 30 ans après son entrée dans les collections du musée.
(1) Photographies de Christophe Fouin, photographe français spécialisé dans le patrimoine et l’architecture. (2) Le Talmud Baba Batra 75a présente des visions de l’ère messianique, mettant en avant la gloire future de Jérusalem et les récompenses des justes. Il fait également allusion aux prophéties de Zacharie et d’Ézéchiel concernant la bataille finale et la rédemption d’Israël.mais aussi celles d’Isaïe (2:2-4.). (3)Rachi sur Ézéchiel 38:2 explique que Gog représente un chef, et Magog son peuple.
Yom Kippour Lévitique 16:1-34, Lévitique 18:1-30, Isaïe 57:14 – 58:14, Livre de Jonas 1:1 – 4:11, Michée 7:18-20
Les textes de Yom Kippour évoquent la repentance et la miséricorde divine. Le chapitre 16 du Lévitique décrit le rituel du bouc émissaire, symbole d’expiation, le 18 traite de la moralité et de la sainteté, quand au texte d’Isaïe il appelle à la repentance et à la justice sociale, tandis que le Livre de Jonas montre que le pardon est accessible à tous, et Michée souligne la bonté de Dieu envers ceux qui se repentent.
Lévitique 16:30 כִּי-בַיּוֹם הַזֶּה יְכַפֵּר עֲלֵיכֶם, לְטַהֵר אֶתְכֶם: מִכֹּל, חַטֹּאתֵיכֶם, לִפְנֵי יְהוָה, תִּטְהָרוּ. Car en ce jour, on fera l’expiation pour vous, afin de vous purifier ; vous serez purifiés de tous vos péchés devant l’Éternel.
Disciple de Hillel(1), Rabbi Yohanan ben Zakkai(2), l’un des principaux sages après la destruction du Second Temple, a fondé le Sanhédrin(3) de Yavné. Cette assemblée de 71 sages a joué un rôle crucial dans la préservation de la tradition juive et le développement de pratiques religieuses. Rabbi Akiba(4) a étudié à Yavné sous l’influence des sages tels que Rabbi Eliezer ben Hourcanos(5) et Rabbi Yehoshoua ben Hanania(6), qui étaient des disciples de Rabbi Yohanan ben Zakkai.
Rabbi Akiba est crédité d’avoir formalisé le rituel de Yom Kippour, ennorganisant les prières, les confessions collectives et le rituel de la Avoda(8). Grâce à son travail et à celui d’autres sages, le judaïsme a su s’adapter aux nouvelles réalités de la vie, en mettant l’accent sur l’étude de la Torah et la prière.
Les fouilles archéologiques à Yavné, dirigées par des équipes de l’Autorité des Antiquités d’Israël(9) depuis les années 2000, ont mis au jour des vestiges de la période du Second Temple. Parmi les découvertes figurent des éléments liés au Sanhédrin, tels que des inscriptions en hébreu, des objets rituels, ainsi que des structures résidentielles.
(1)Hillel HaZaken est un sage du Ier siècle avant notre ère. Il fonde l’une des deux principales écoles d’interprétation de la Torah, Beit Hillel. Il s’oppose souvent à Chammaï sur des questions de Halakha, et la plupart des décisions légales suivent son avis. En tant que nasi (président du Sanhédrin), il se distingue par son intelligence, son humilité et son ouverture d’esprit. (2)Rabbi Yohanan ben Zakkai, sage connu pour son rôle clé dans la préservation du judaïsme, fonde le Sanhédrin de Yavné, où il établit des bases pour la Halakha et l’étude de la Torah. Il est connu pour sa maxime : « Que ta maison soit un lieu de rassemblement pour les sages » (Pirkei Avot 1:4). (3)Tanaïm (singulier Tana) désigne les sages juifs de la période du Second Temple et de la Mishna (environ 10-220 EC) qui ont contribué à la transmission et à l’enseignement de la Torah orale. (4) Le Sanhédrin est une assemblée composée de 71 membres, incluant un président (nasi), un vice-président (av beit din) et 69 sages, chargée de juger et d’interpréter la loi juive. Initialement, il se réunit dans le Temple à Jérusalem, avant d’être transféré à Yavné après la destruction du Temple. Ce Sanhédrin est essentiel à la continuité de la vie juive et à l’interprétation des lois juives. (5) Rabbi Akiba est un grand sage et martyr juif des Ier et IIe siècles. D’abord berger, il devient un éminent Tana. Fondateur d’une école influente, il est connu pour ses interprétations de la Torah, plus souples que celles de Chammaï, avec la majorité des décisions halakhiques suivant ses avis. (6)Rabbi Eliezer ben Hourcanosest un Tana du Ier siècle, connu pour ses positions rigoureuses sur la loi juive, il est un défenseur strict de la tradition orale, souvent en désaccord avec ses contemporains sur des questions halakhiques. (7)Rabbi Yehoshoua ben Hanania est un Tana du Ier siècle, connu pour ses débats intellectuels avec Rabbi Eliezer ben Hourcanos, adoptant souvent une approche plus souple et pragmatique dans l’interprétation de la loi juive. (8) La Avoda désigne le rituel effectué par le Cohen Gadol lors de Yom Kippour. Depuis la destruction du Temple, ce rituel permet au fidèle de s’identifier au Cohen Gadol, soulignant ainsi l’importance de l’expiation et de la purification. (9)AAI (Autorité des Antiquités d’Israël) : Agence gouvernementale israélienne créée en 1960, responsable de la protection, de l’étude et de la préservation du patrimoine archéologique et culturel du pays.
Roch Hachana Béréchit 21:1-34 et I Samuel 1:1-2:10 et Béréchit 22:1-24 et Jérémie 31:2-20 Chabbat Haazinou (Chabbat Chouva) Deutéronome 32:1-52 et Haftara : Hosée 14:2-10 , Michée 7:18-20 , Yoël 2:15-27
Roch Hachana, Chabbat Chouva et la semaine qui suit forment un temps de profonde réflexion sur les actions passées. Ces jours sont marqués par un appel à la repentance, à la prière et à la charité, comme moyens d’alléger les décrets divins et obtenir la clémence.
Ounetanè Toquef 3 וְכָל בָּאֵי עוֹלָם יַעֲבֹרוּן לְפָנֶיךָ כִּבְנֵי מָרוֹן Et tous les habitants du monde passent devant Toi comme les fils de Maron.
Cette expression du Talmud de Babylone (Michna Roch Hachanah 16 א) enseigne que Dieu juge chaque individu de manière individuelle, comme des moutons passant un par un dans un passage étroit. Elle a été reprise dans le verset 3 du poème וּנְתַנֶּה תּוֹקֶף (Ounetanè Toquef), qui se traduit par « Nous proclamerons la puissance ». Ce poème aurait été composé en Israël à l’époque byzantine(1), mais certains l’attribuent à Amnon de Mayence(2). Il évoque à la fois l’insignifiance de l’homme et l’idée que, malgré cela, le repentir, la prière et la charité peuvent alléger les décrets divins.
La synagogue du quartier de St. John’s Wood à Londres est connu pour les 160 magnifiques vitraux conçus par l’artiste et érudit David Hillman(3). Le vitrail dédié à Roch Hachana porte l’inscription citée plus haut (Ounetanè Toquef 3). Le bâtiment actuel, situé sur Grove End Road, a été conçu par l’architecte Sir Basil Spence(4). Le style architectural de cette synagogue est moderne, caractérisé par des lignes épurées et une utilisation innovante de l’espace et de la lumière.
(1) L’étude des textes de la gueniza du Caire, a permis de conclure qu’il a été composé en terre d’Israël à l’époque byzantine. soit entre le IVe et le VIIe siècle. (2) Amnon de Mayence est un érudit respecté du XIe siècle dans la tradition juive. Selon la légende, l’archevêque de Mayence tente à plusieurs reprises de le convertir au christianisme. Ne parvenant pas à ses fins, il ordonne sa mutilation. On raconte qu’Amnon, transporté à la synagogue pendant Roch Hachana, récite la prière connue sous le nom de “Ounetanè Tokef” avant de mourir. Cette prière devient alors une partie intégrante des liturgies de Roch Hachana et Yom Kippour pour les communautés ashkénazes, italiennes et certaines communautés séfarades. (2) David Hillman (1894-1974), artiste britannique, ayant une profonde connaissance des textes bibliques et talmudiques, a créé de nombreux vitraux, dont ceux de la synagogue de St John’s Wood, ainsi que dans des lieux comme la synagogue Heichal Shlomo à Jérusalem.. (4) Sir Basil Spence (1907-1976) architecte écossais a conçu des bâtiments importants, dans un style architectural caractérisé par des lignes épurées et une utilisation innovante de l’espace et de la lumière.