Le Chofar


Nitsavim (ניצבים – debout)
Deutéronome 29:9 à 30:20 & Isaïe 61:10 à 63:9

Moché rassemble tout Israël pour renouveler l’alliance avec l’Éternel. Ce moment solennel souligne l’unité du peuple, chaque individu étant appelé à se tenir debout devant Dieu.

Roch Hachana (ראש השנה – début de l’année)
Yom Terouʿa (יום תרועה – jour de la sonnerie)
Genèse 21:1–34 – 22:1–24 & Nombres 29:1–6 & 1 Samuel 1:1–2:10 – Jérémie 31:1–19

À Roch Hachana, les lectures bibliques évoquent la naissance et la ligature d’Yits’haq, la prière de ‘Hanna et les larmes de Jérémie. Le son du chofar rappelle le bélier substitué à Yits’haq, mais aussi les cris de prière et les appels à la miséricorde. Il incarne le souffle de l’alliance et le réveil spirituel.

Deutéronome 29:9
אַתֶּם נִצָּבִים הַיּוֹם כֻּלְּכֶם, לִפְנֵי ה׳ אֱלֹהֵיכֶם

Vous êtes placés aujourd’hui, vous tous, en présence de l’Éternel, votre Dieu.

Nombres 29:1
יוֹם תְּרוּעָה, יִהְיֶה לָכֶם
Ce sera pour vous le jour du son du Chofar.

Chofarot Israël – Bar-Chechet Ribaq :
La famille Bar-Chechet remonte au XIVe siècle en Espagne avec le rabbin Yts’haq Bar-Chechet Barfat[1]. Selon la tradition familiale, l’un de ses descendants aurait commencé à travailler la corne pour fabriquer des objets utilitaires, avant de se spécialiser dans la confection de chofars.
Après l’expulsion des Juifs d’Espagne en 1492, la famille Bar-Chechet s’installe au Maroc, où elle perpétue l’artisanat du chofar pendant plusieurs générations. En 1947, Meir Bar-Chechet embarque à bord de l’Exodus[2] en route vers Érets Israël, mais le navire est refoulé par les autorités britanniques, et Meir est interné dans un camp en Allemagne. C’est là, à la veille de Roch Hachana, qu’il fabrique son premier chofar. En 1948, il parvient à émigrer en Israël et, renouant avec l’art ancestral de sa famille, fonde un atelier à Haïfa.

Du côté Ribaq, la tradition artisanale commence à Włodawa, en Pologne, avec Yaacov Rossman. Reconnu pour son savoir-faire dans le travail de la corne, il se distingue par la qualité de ses chofars. En 1927, il immigre en Palestine mandataire et s’installe à Tel Aviv, où il devient le premier artisan à fabriquer des chofars dans la ville. N’ayant pas de descendance directe, il transmet son savoir à son cousin Avraham Ribaq, qui reprend l’atelier et poursuit l’activité, tout en formant son fils Eli Ribaq.

Dans les années 1980, Eli Ribaq et Tsvi Bar-Chechet, fils de Meir, fondent Chofarot Israël – Bar-Chechet Ribaq, aujourd’hui reconnu comme une référence mondiale la fabrication artisanale de chofars.

Les chofars produits dans cet atelier sont confectionnés à partir de cornes[3] d’animaux cachères, tels que le bélier, le koudou, l’ibex, l’oryx ou l’éland. Chaque corne est chauffée pour être assouplie, puis évidée, redressée, percée à l’embouchure, polie et soigneusement finie à la main. Certains modèles sont ensuite argentés, peints ou gravés selon les préférences des clients. L’ensemble du processus est entièrement artisanal, réalisé avec des outils souvent conçus par les artisans eux-mêmes, dans le respect scrupuleux des lois de la cacherout et des exigences halakhiques.

[1] Yits’haq Bar Chechet Barfat (יצחק בר ששת ברפת), connu sous l’acronyme Ribach (ריב״ש), né en 1326 à Valence et mort en 1408 à Alger, fut l’un des plus grands décisionnaires talmudiques de son époque. Il est l’auteur de centaines de responsa halakhiques et a exercé son autorité rabbinique dans les communautés de Barcelone, Saragosse et Alger. Il compte parmi les figures majeures du judaïsme médiéval séfarade, reconnu pour la rigueur de son raisonnement.
[2] Le President Warfield, navire à vapeur américain, est réaffecté en 1947 par le Mossad LeAliyah Bet pour transporter plus de 4 500 survivants de la Shoah vers la Palestine mandataire. Rebaptisé Exodus 1947 en mer, il est intercepté par la marine britannique avant d’atteindre Haïfa. Trois passagers sont tués, et les survivants sont internés dans des camps en Allemagne. L’affaire provoque une indignation internationale et contribue au soutien croissant en faveur de la création de l’État d’Israël.
[3] La corne de vache n’est pas utilisée pour fabriquer un chofar, car elle est désignée dans la Torah par le terme qeren (קרן) et non chofar (שופר). Selon le Talmud (Roch Hachana 26a), cette distinction terminologique exclut son usage rituel. De plus, certains commentateurs y voient un rappel du veau d’or, ce qui renforce son inadéquation dans le cadre des sonneries sacrées de Roch Hachana.

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