Casale Monferrato, Piémont, Italie

1595

Dans la Paracha Terouma (תרומה – contribution), Exode 25:1 – 27:19, Moché reçoit des instructions pour la construction du Michkan (מִשְׁכָּן – Tabernacle). Les enfants d’Israël participent en apportant leurs contributions, fournissant des matériaux nécessaire tels que l’or, l’argent, le cuivre, le bois, etc.

Exode 25 :3 et 8
 וְזֹאת הַתְּרוּמָה אֲשֶׁר תִּקְחוּ מֵאִתָּם:  זָהָב וָכֶסֶף וּנְחֹשֶׁת[…] 
וְעָשׂוּ לִי מִקְדָּשׁ; וְשָׁכַנְתִּי בְּתוֹכָם.
Et voici l’offrande que vous recevrez d’eux : or, argent et cuivre […]
Et ils me construiront un sanctuaire, pour que je réside au milieu d’eux.

La présence juive à Casale Monferrato, débutant dans les années 1430, fut plus tardive que dans d’autres régions du Piémont (1). Sous différentes dynasties, les Juifs, principalement engagés dans le prêt et le commerce, ont connu des périodes de relative sécurité. Avec le rattachement à la Maison de Savoie en 1708, ils sont confinés dans le ghetto. Lors de l’occupation napoléonienne, ils acquièrent une totale égalité. À partir de 1933 et la montée du fascisme des signes d’antisémitisme commencent à apparaître et s’intensifient avec le temps et les Juifs de Casale Montferrat se réfugient dans les grandes villes italiennes ou à la campagne et même certains rejoignent la Suisse.

Bien que son extérieur conserve le caractère anonyme des synagogues des ghettos, celle de Casale Monferrato, édifiée en 1595 et remodelée à plusieurs reprises, représente un chef-d’œuvre baroque de l’architecture piémontaise. La salle de prière bénéficie de l’éclairage offert par quatorze fenêtres, sept de chaque côté, rehaussées de dorures. Sa voûte en plein cintre est magnifiquement décorée d’un plafond bleu-vert, où les mots “זה שער השמים” (C’est ici la porte des cieux) sont inscrits en lettres d’or. De grands lustres en cuivre ajoutent à sa splendeur. Les moucharabiehs finement ouvragés en bois doré de la galerie des femmes surplombent la salle. L’Arche Sainte, conçue avec des matériaux précieux et ornée d’or massif, révèle, une fois ses portes ouvertes, un damas rouge et des ornements dorés ainsi que les dix paroles sculptées en bleu de cobalt. Au premier étage se trouve le Musée juif d’art et d’histoire (2) qui abrite une collection d’objets cérémoniels en argent et de textiles brodés.

(1) Daniel Carpi (1926-2005) historien spécialisé dans l’histoire des Juifs italiens. Il a été chef du département d’histoire juive à l’Université de Tel Aviv et a également enseigné à l’Université Yeshiva, à la Sorbonne et au St Antony’s College d’Oxford.
(2) Connu sous le nom de Museo degli Argenti (Musée de l’argenterie),