Altkirch, Haut-Rhin, France

1834

Roch ‘Hodesh Av
Nous entrons dans le mois où des éléments funestes se sont produits.

Mass’ei (מסעי – étapes), Nombres 33:1-36:13.
א
אֵלֶּה מַסְעֵי בְנֵי-יִשְׂרָאֵל, אֲשֶׁר יָצְאוּ מֵאֶרֶץ מִצְרַיִם–לְצִבְאֹתָם:  בְּיַד-מֹשֶׁה, וְאַהֲרֹן.
1 Voici l’itinéraire des enfants d’Israël, depuis qu’ils furent sortis du pays d’Egypte, selon leurs légions, sous la conduite de Moïse et d’Aaron.

La présence juive en Alsace est attestée dès le du XIIème siècle. De 1336 à 1339, un mouvement de paysans pauvres, les Judenschläger1 fait régner la terreur. Mais l’époque la plus terrible est celle de la peste noire (1347-1349) où des milliers de Juifs sont massacrés2. Les Juifs survivants trouvent refuge dans les campagnes. Le judaïsme alsacien devient rural.
Kembs :
La communauté juive encore présente début du XXème siècle, disparait et la synagogue est rasée.
Altkirch :
A partir de 1469, il n’y a plus de communauté juive médiévale à Altkirch3. Au début du XIXème siècle Altkirch compte 8 familles juives4.  En 1834 débute l’édification de l’actuelle synagogue. En 1848, éclatent des émeutes anti-juives5, la synagogue et des habitations juives sont fortement endommagée. La vie reprend son cours est en 1864, Altkirch dispose d’un cimetière, d’une école et d’un mikvé. En 1870, des familles entières quittent la région après l’invasion prussienne et émigrent en Algérie.
Edifiée en 1834, la synagogue6 constitue le lieu de culte de la communauté juive d’Altkirch, jusqu’en 2016, année au cours de laquelle le dernier juif d’Altkirch est décédé. Transformée en cinéma, en 1940, la synagogue est restaurée en 1946 par l’architecte Edmond Picard7. Depuis 2016, il n’y a plus eu d’offices religieux et le bâtiment a été mis en vente8.

La 4ème étape du tour d’Alsace 2022 (30 juillet) relie
Kembs à Altkirch.


1 Ceux qui frappent les Juifs.
2 Plus de 2000 Juifs sont assassinés à Strasbourg, le 14 février 1349, le jour de la Saint-Valentin.
3 Emigration vers Bâle (1365) et vers Mulhouse (1410).
4 Pour se conformer au décret de Bayonne, du 20 juillet 1808, par Napoléon, dans lequel il est dit que les Juifs de l’Empire doivent adopter un patronyme et le faire enregistrer par un officier de l’état civil de la commune où ils sont domiciliés.
5 Juden Rumpel ou Judenrumpell.
6 Inscrite à l’inventaire général du patrimoine culturel.
7 Edmond Picard (1893-1960), fils d’Abraham Picard et de Pauline Schwab, architecte, urbaniste, promoteur immobilier. Combattant dans l’armée française, il est décoré de la Croix du Combattant Volontaire 1939-1945. Il est le grand père de Dominique-France Picard, épouse de Fouad II
, le dernier roi d’Egypte (1952-1953).
8 Propriété du consistoire israélite du Haut-Rhin.

Dijon, Côte D’Or, France

vitraux des douze tribus d’Israel
1879

Matot (מטותTribus), Nombres 30:2-32:42. 
[…] ב וַיְדַבֵּר מֹשֶׁה אֶל-רָאשֵׁי הַמַּטּוֹת, לִבְנֵי יִשְׂרָאֵל לֵאמֹר
2 Moïse parla aux chefs des tribus des enfants d’israël,
en ces termes […]

La synagogue Fondation Ed Kahn qui se trouve en face de rue du Rabbin Elie Cyper[1] à Dijon a été construite en 1879. Elle est située dans un quartier[2] ou la présence juive est attestée depuis le XIIe siècle. En 1394, les juifs sont expulsés de la ville et n’y reviendront qu’après la Révolution française.

Nommé en janvier 1939 rabbin de la Communauté de Dijon, Elie Cyper est mobilisé neuf mois après comme capitaine-aumônier. Il est fait prisonnier en mai 1940, mais il s’évade immédiatement. Il reprend du service comme aumônier jusqu’à sa démobilisation en août 1940. Ensuite, Il devient le rabbin des réfugiés. Lors de l’occupation de Dijon par les allemands (1940-1944), le chanoine Felix Kir[3], alors conseiller-municipal fait transformer la synagogue en entrepôt de vêtements pour éviter sa destruction et avertit le rabbin Elie Cyper pour qu’il sauve les objets de culte. À partir de mai 1943, Elie Cyper est actif dans le groupe de résistance, Combat[4]. Il est arrêté par la Gestapo, le 8 avril 1944, le premier jour de la fête de Pessah. Il est déporté et assassiné par les Nazis à Kovno, Lituanie-Estonie, à l’âge de 35 ans, le 15 mai 1944. La population dijonnaise et des réseaux de passeurs permirent à la moitié des juifs dijonnais, notamment à l’épouse du rabbin Cyper et à ses 2 filles d’échapper à la déportation.

La synagogue de Dijon est inscrite à l’Inventaire Supplémentaire des Monuments Historiques (15 mars 1989). De style néo-byzantin, l’édifice, œuvre de l’architecte dijonnais Alfred Sirodot[5], est composé d’une nef centrale et de deux bas-côtés, interrompus par un transept comportant deux petites tourelles. Le chœur est coiffé d’une coupole octogonale. Les ornements de décoration ont été réalisés par Jules Schanovki (sculptures), Léon Leniept (peintures) et Eugène Oudinot[6] (vitraux, notamment ceux symbolisant les douze tribus).


[1] Elie Cyper est né en Ukraine en 1908. Il est décoré de la Croix de Guerre 1939-1945, de la Médaille de la Résistance Française et de la Médaille de l’Ordre de la Libération.
[2] Les rues de la Petite-Juiverie où se trouvait une synagogue (actuellement rue Piron), des Juifs (rue Buffon) et de la Grande-Juiverie (rue Charrue).
[3] Félix Kir (1876-1968) prêtre, homme politique et résistant (Commandeur de la Légion d’Honneur, Croix de Guerre 1914-1918 et 1939-1945, Médaille de la Résistance Française, …), il donna son nom à une recette de cocktail à base de vin blanc aligoté (vin vif et frais) et crème de cassis. Lorsqu’il se rendait à l’Assemblée, il emportait un cabas contenant le nécessaire pour confectionner des kirs qu’il offrait à ses compagnons.
[4] Le plus important des huit grands mouvements de Résistance français créé par Henri Frenay (Henri Frenay Sandoval, 1905-1988) et Berty Albrecht (née Berthe Pauline Mariette Wild, en 1893 à Marseille et décédée le 31 mai 1943 à la prison de Fresnes).
[5] Philippe Auguste Alfred Sirodot (1831-1900).
[6] Eugène-Stanislas Oudinot de La Faverie, dit Eugène Oudinot (1827-1889), est un peintre-verrier français. Il a aussi réalisé des vitraux pour la synagogue de la Victoire à Paris.

Synagogue Salat Al Azama, Marrakech

1492

Pin’has (פנחס) Nombres 25:10-30:1

Au sujet de Pin’has, petit-fils d’Aaron le pontife, D-ieu déclare :

כה יג וְהָיְתָה לּוֹ וּלְזַרְעוֹ אַחֲרָיו, בְּרִית כְּהֻנַּת עוֹלָם–תַּחַת, אֲשֶׁר קִנֵּא לֵאלֹהָיו, וַיְכַפֵּר, עַל-בְּנֵי יִשְׂרָאֵל.  
Lui et sa postérité après lui posséderont, comme gage d’alliance,
le sacerdoce à perpétuité ; parce qu’il a pris parti pour son Dieu
et procuré expiation aux enfants d’Israël. »

Rabbi Pin’has Ha-Cohen est une grande figure marocaine. Né à Taroudant, il était réputé pour sa bonté, sa tolérance, sa droiture et sa modestie poussée jusqu’à l’humilité. Il est rapporté qu’il sauva plusieurs fois la vie du pacha de Marrakech Thami El Mezouari El Glaoui1 surnommé La Panthère Noire. Il est décédé à Marrakech le chabbat après-midi du 14 Tebet 57122. Le lendemain toute la ville était présente à son inhumation au cimetière israélite de Marrakech.

La présence juive au Maroc est attestée dès le IIème siècle AEC (certains pensent qu’elle remonterait à l’époque du premier Temple). En 1062, à la fondation de Marrakech, des Juifs s’y installent. En 1492, le rabbin Yitzhak Deloitte est expulsé d’Espagne. Il fonde la synagogue Salat al-Azama3 ou Laazama dans le Mellah de Marrakech. Le bâtiment actuel est un riad4 de la fin du XIXème siècle, dans le style traditionnel marocain où les zelliges5 sont omniprésents. Dans les années 50 le bâtiment est rénové. Un espace pour les femmes  (עזרת נשים – ezrat nashim) et une yeshivaa sont créés.

1 Grand-père le l’acteur franco-marocain Mehdi El Glaoui (Belle Et Sébastien).
2 Le 12 janvier 1952.
3 Qui signifie : prière des dissidents, des exclus ou des expulsés.
4 Demeure urbaine traditionnelle du Maroc et d’Andalousie disposant d’un patio central ou d’un jardin intérieur.
5 Mosaïque dont les éléments sont des morceaux de terre cuite émaillés découpés et assemblés géométriquement. Originaire du Maroc, ce type de décor est présent en Afrique du Nord et dans la péninsule ibérique.

Synagogue Espagnole, Prague

1868

Balaq (בלק), Nombres 22:2–25:9
כד ה מַה-טֹּבוּ אֹהָלֶיךָ, יַעֲקֹב; מִשְׁכְּנֹתֶיךָ, יִשְׂרָאֵל.
24 5 Qu’elles sont belles tes tentes, ô Jacob ! Tes demeures, ô Israël !

Si belle ! Un bijou de style arabo-andalou. La Synagogue espagnole a été Conçue par les architectes Vojtěch Ignác Ullmann et Josef Niklas en 1868. Elle présente une incroyable décoration intérieure avec ses arabesques en stuc, ses dorures, ses motifs orientaux stylisés. Après une première rénovation de 20 ans et une réouverture en 1998, la synagogue connaît une nouvelle mais moins importante rénovation en 2020.

Au premier étage sont exposés pas moins de 6.000 pièces, œuvres de 13 générations d’orfèvres de Bohême et de Moravie.

Institut du Temple, Jérusalem

‘Houqat (חקתdécret), Nombres 19:1-22:1.
ב זֹאת חֻקַּת הַתּוֹרָה, אֲשֶׁר-צִוָּה יי לֵאמֹר:  דַּבֵּר אֶל-בְּנֵי יִשְׂרָאֵל, וְיִקְחוּ אֵלֶיךָ פָרָה אֲדֻמָּה תְּמִימָה אֲשֶׁר אֵין-בָּהּ מוּם, אֲשֶׁר לֹא-עָלָה עָלֶיהָ, עֹל.
2 Ceci est un décret de la loi qu’a prescrit l’É-ternel : Avertis les enfants d’Israël de te choisir une vache rousse, intacte, sans aucun défaut, et qui n’ait pas encore porté le joug.

L’Institut du Temple (מכון המקדש – Makhon HaMiqdach) situé près du Mur occidental (הכותל המערבי – HaKotel HaMa’aravi) est un musée et un institut de recherche dédié aux Temples. Il a été créé, en 1987, par le rabbin Yisrael Ariel. L’Institut du Temple a construit de nombreux artefacts pouvant être utilisés dans le un Troisième Temple. Il a mis aussi en place un projet de ferme idéale, dans un endroit gardé secret dans le sud d’Israël, pour créer un petit troupeau de bovins de la race américaine Red Anguss1. Plusieurs génisses rouges (פרה אדמהParah Adumah) y seraient nées. Elles reçoivent une alimentation riche et un contrôle vétérinaire rigoureux. Les lois juives concernant la vache rousse sont strictes : Par exemple, il est interdit d’utiliser cette génisse à l’usage agricole ou le transport. En plus, la vache doit avoir atteint l’âge de deux ans, ne pas avoir vêlé et ne posséder que des poils roux.

1 Le ministère de l’Agriculture israélien ne permet pas l’importation de bovins vivants en raison de la menace de maladies bovines telles que la fièvre aphteuse ou la vache folle, de sorte que tout agriculteur qui souhaite élever une race de vache non disponible en Israël doit utiliser des embryons congelés.