Zoo Biblique, Jérusalem, Israël

1940 – relocalisation en 1993

Noa’h (נֹחַ – Noé)
Genèse 6:9–11:32 • Isaïe 54:1–55:5

La paracha Noa’h raconte le déluge, l’arche construite par Noé, et le recommencement du monde. Noé est décrit comme un homme juste, intègre dans sa génération (Gn 6:9). Il reçoit l’ordre de construire une arche pour sauver sa famille et les espèces animales. Après la pluie, Dieu établit une alliance avec l’humanité, symbolisée par l’arc-en-ciel. La haftara, pleine d’espérance, proclame que Dieu n’abandonnera jamais Israël, même après les tempêtes. Elle évoque la paix retrouvée et la promesse d’un avenir lumineux.

Genèse 6:19
וּמִכֹּל הַחַי מִכָּל-בָּשָׂר שְׁנַיִם מִכֹּל תָּבִיא אֶל-הַתֵּבָה
Et de tout être vivant, de toute chair, tu en feras entrer deux de chaque espèce dans l’arche.

Fondé en 1940 par le professeur Aharon Shulov[1], le Zoo biblique (גן החיות התנ״כי – Gan HaHayot HaTanakhi) s’est installé en 1993 sur 25 hectares dans le quartier de Malha[2], au sud-ouest de Jérusalem.
Cette relocalisation découle d’un projet lancé en 1990 par la Jerusalem Foundation[3] et la municipalité de Jérusalem, avec pour ambition de créer un zoo moderne, éducatif et culturel, ouvert à tous, et dédié aux espèces mentionnées dans la Bible.
Au cœur du parc se dresse une arche monumentale[4], entourée de 23 sculptures animalières recouvertes de mosaïques et de miroirs, réalisées entre 1991 et 1994 par l’artiste franco-américaine Niki de Saint Phalle[5].
Des panneaux bibliques accompagnent les enclos, et des parcours thématiques relient les textes aux créatures vivantes. Le site accueille régulièrement des activités pédagogiques, des expositions temporaires et des événements liés aux fêtes juives.
C’est aussi un lieu de conservation[6] pour les espèces en danger.

[1] Aharon Shulov (1907–1997), zoologiste israélien né à Yelisavetgrad (Empire russe, aujourd’hui Kropyvnytskyï en Ukraine). Emprisonné pour activisme sioniste, il immigre en Palestine en 1926. Il étudie la zoologie à l’Université hébraïque de Jérusalem, obtient un doctorat à Naples, et mène des recherches en Égypte sur les soins vétérinaires en climat subtropical. En 1940, il fonde le zoo qu’il dirige pendant 43 ans. On lui doit aussi un antivenin contre le scorpion jaune. Il est l’auteur de nombreux articles scientifiques et d’un ouvrage autobiographique (The Wolf Shall Dwell with the Lamb, 1981).
[2] Malha, quartier du sud-ouest de Jérusalem, est construit sur les vestiges du village arabe de al-Maliha, évacué en 1948. Des fouilles menées dans les années 1980 ont révélé des traces d’occupation juive du Ier siècle : pressoirs à vin, citernes, poteries. Le site est proche de la vallée de Refaim, mentionnée dans Josué (15:8 ; 18:16) comme frontière du territoire de Juda.
[3] La Jerusalem Foundation – fondée en 1966 par Teddy Kollek (1911–2007), maire de Jérusalem de 1965 à 1993 – soutient des projets culturels, éducatifs et sociaux. Elle initie en 1990 le projet de relocalisation du zoo, avec un don majeur de 5 millions de dollars de la famille Tisch.
[4] L’arche de Noé du zoo, inaugurée en 1994, est une structure de 20 mètres de long, 10 mètres de large et 8 mètres de haut. Elle abrite un centre d’exposition interactif sur les récits de la Genèse, les animaux bibliques et les enjeux écologiques contemporains.
[5] Catherine Marie-Agnès Fal de Saint Phalle, dite Niki de Saint Phalle (1930–2002), est une artiste franco-américaine célèbre pour ses sculptures monumentales, colorées et ludiques. Pour le Zoo biblique de Jérusalem, elle réalise entre 1991 et 1994 une œuvre emblématique commandée par la Jerusalem Foundation, en collaboration avec l’architecte suisse Mario Botta (né en 1943).
[6] Le Zoo biblique de Jérusalem collabore avec des institutions scientifiques israéliennes et internationales pour la conservation d’espèces menacées, notamment le vautour de Rüppell, le léopard de Perse et l’ours brun de Syrie. Membre de l’Association européenne des zoos et aquariums (EAZA), il participe à des programmes de reproduction en captivité, soutient des initiatives de réintroduction et développe des actions d’éducation environnementale.

Observatoire, Mitzpe Ramon, Israël

1993

Beréchit (בְּרֵאשִׁית – Au commencement)
Genèse 1:1–6:8 • Isaïe 42:5–43:10

La Torah s’ouvre sur le récit de la création : lumière et ténèbres, ciel et terre, mer et vie. L’homme est façonné à l’image divine, mais la violence et la corruption s’installent. La haftara proclame que Dieu est le créateur de tout, appelant Israël à être lumière pour les nations.

Genèse 1:14
יְהִי מְאוֹרֹת בִּרְקִיעַ הַשָּׁמַיִם
Qu’il y ait des luminaires dans le firmament du ciel

Au cœur du désert du Néguev, l’Observatoire astronomique de Mitzpe Ramon, fondé en 1993, s’élève sur les hauteurs du cratère Ramon (מכתש רמון – Makhtesh Ramon), une formation géologique[1] unique au monde. Préservé de la pollution lumineuse, ce site offre une vue exceptionnelle sur les étoiles, les planètes et les nébuleuses. C’est l’un des rares endroits en Israël où l’on peut admirer[2] à l’œil nu la Voie lactée.

la Voie Lactée vue depuis Mitzpe Ramon

[1] Le cratère Ramon (Makhtesh Ramon) est une formation géologique naturelle de type « makhtesh », spécifique au désert du Néguev. Contrairement aux cratères volcaniques ou météoritiques, un makhtesh est formé par l’érosion de couches rocheuses tendres sous une couche plus résistante, créant une dépression en forme de cœur. Le cratère Ramon est le plus grand makhtesh du monde, mesurant environ 40 km de long et 2 à 10 km de large. Il révèle des strates géologiques vieilles de plus de 200 millions d’années, offrant un aperçu rare de l’histoire terrestre.
[2] L’Observatoire de Mitzpe Ramon est ouvert au public et propose des observations nocturnes guidées, notamment lors de phénomènes célestes tels que les pluies de météores ou les éclipses. Il collabore avec des institutions scientifiques internationales dans le cadre de projets de recherche et d’éducation. Le site est également utilisé pour des simulations spatiales, notamment par des chercheurs du projet D-Mars, qui étudient les conditions de vie sur Mars. Ces simulations incluent des protocoles scientifiques, des séjours en habitat confiné et des sorties en scaphandre, destinés à préparer l’exploration humaine de la planète rouge.

Codex Cairensis, Jérusalem

895

‘Hol Hamoèd Soukot (חול המועד סוכות – Demi-fête de Soukot)
Exode 33:12–34:26 • Nombres 29:26–31 • Ézéchiel 38:18–39:16

Moché demande à connaître les voies de l’Éternel. D.ieu lui révèle Ses attributs de miséricorde et renouvelle l’alliance. Ensuite, les fêtes sont rappelées, notamment celle de Soukot. Le Maftir détaille les offrandes spécifiques du jour de la fête.
Dans la Haftarah, Ézéchiel prophétise une guerre apocalyptique menée par Gog contre Israël, suivie d’un retour à la paix et à la reconnaissance universelle de D.ieu.

Ézéchiel 38:18 (pdf 492/575)
וְהָיָה בַּיּוֹם הַהוּא בְּיוֹם בּוֹא גוֹג עַל אַדְמַת יִשְׂרָאֵל
Et il arrivera en ce jour, le jour où Gog viendra contre la terre d’Israël.

Le Codex Cairensis, ou Codex Prophetarum Cairensis, est un manuscrit hébraïque du IXe siècle contenant tous les livres des Prophètes dans leur intégralité. Il a été copié en 895 par Moïse ben Asher[1], figure centrale de la tradition massorétique [2] de Tibériade.
Ce manuscrit est écrit sur parchemin, avec une calligraphie soignée et des annotations massorétiques. Conservé pendant plus d’un millénaire dans la communauté karaïte du Caire, il a été transféré en 2023 à la Bibliothèque nationale d’Israël à Jérusalem, dans un bâtiment contemporain conçu par le cabinet suisse Herzog & de Meuron, situé entre le musée d’Israël et la Knesset.

Ézéchiel 38:18–39:16

[1] Moïse ben Asher est le patriarche de la lignée des Ben Asher, massorètes de Tibériade. Il est reconnu comme l’auteur du Codex Cairensis et père d’Aharon ben Moshe ben Asher, qui établira plus tard le Codex d’Alep.
[2] Les massorètes (בעלי המסורה, ba’alei hamassora) sont les gardiens de la tradition textuelle de la Bible hébraïque. Entre le VIe et le Xe siècle, ils ont fixé la vocalisation, l’accentuation et la ponctuation du texte biblique. Leur travail méticuleux inclut le comptage des lettres, la notation des variantes et la transmission fidèle du texte.

Houqoq, Haute-Galilée, Israël

IVe–Ve siècle

Yom Kippour (יוֹם כִּפּוּר – Jour d’expiation)
Lévitique 16:1–34 ; Lévitique 18:1–30 • Nombres 29:7–11 • Isaïe 57:14–58:14 • Jonas 1:1–4:11

La Torah décrit le rituel accompli par le Grand Prêtre dans le sanctuaire : l’entrée dans le Saint des Saints, l’envoi du bouc émissaire au désert et l’aspersion du sang pour expier les fautes du peuple. Dans le second Sefer, elle détaille les sacrifices spécifiques du jour. L’après-midi, la lecture rappelle les lois de sainteté.
Dans la haftarah du matin, le prophète Isaïe exhorte à la techouva et à faire la justice. Celle de l’après-midi raconte la fuite de Jonas et le repentir de la grande cité de Ninive.

Jonas 2:1
וַיְמַן ה׳ דָּג גָּדוֹל לִבְלֹעַ אֶת-יוֹנָה
L’Éternel fit venir un grand poisson pour avaler Jonas.

Située à 12,5 km au nord de Tibériade, Houqoq (חוקוק) est mentionnée dans le livre de Josué[1]. Habité depuis l’âge du bronze (3300 AEC – 1200 AEC), le village prospéra à l’époque romaine (Ier – IIIe siècle) et byzantine (IVe – VIIe siècle).

Depuis 2011, les fouilles dirigées par Jodi Magness[2] ont révélé une synagogue monumentale du Ve siècle, construite en basalte, roche typique du paysage géologique de la région.

Son sol en mosaïque est exceptionnel par sa richesse artistique et la diversité des scènes. Celle représentant Jonas est particulièrement remarquable. Rare dans l’art juif ancien, elle montre Jonas au moment critique où il est englouti par le poisson. D’autres mosaïques sont aussi exceptionnelles : Samson à Gaza portant les portes de la ville, après les avoirs arrachées, la traversée de la mer Rouge, les explorateurs, l’arche de Noé et une scène non biblique interprétée comme une rencontre entre Alexandre le Grand et un prêtre juif.

Les murs étaient peints en rouge, rose et blanc, et les colonnes portaient des traces de plâtre coloré.

Des pièces de monnaie, des tombes creusées dans la roche et des structures annexes témoignent d’une communauté florissante.

[1] Dans la description de la frontière du territoire de Naftali (Josué 19:32–39), au verset 34 Houqoq est mentionné. Naftali signifie « mon combat ». Jacob le bénit en disant : « Naftali est une biche lâchée, il profère de belles paroles » (Genèse 49:21).
[2] Jodi Magness est professeure d’archéologie à l’Université de Caroline du Nord à Chapel Hill. Elle dirige les fouilles de Houqoq depuis 2011, avec une équipe internationale. Les découvertes ont été publiées dans plusieurs revues scientifiques et présentées dans des médias comme National Geographic.

Kadoorie Mekor Haim, Porto

1937

Vayelekh (וַיֵּלֶךְ – Il alla)
Deutéronome 31:1–30 • Osée 14:2–10, Joël 2:11–27, Michée 7:18–20

Moché annonce son départ et transmet à Yehoshoua la charge de guider le peuple. Il confie à Israël un chant — celui de la Torah. Il leur ordonne d’écrire et de transmettre. La haftara de Chabbat Chouva exhorte Israël à la techouva, le retour sincère vers l’Éternel.

Osée 14:2
שׁוּבָה יִשְׂרָאֵל עַד ה׳ אֱלֹהֵיךָ
Reviens, Israël, jusqu’à l’Éternel ton Dieu

Dans les années 1920–1930, le capitaine Artur Carlos de Barros Basto[1] fonde la Communauté Israélite de Porto et lance une campagne pour reconnecter les descendants des crypto-juifs[2] au judaïsme. Malgré son exclusion de l’armée en 1937, la synagogue Kadoorie Mekor Haim (מקור חיים – Source de Vie) est inaugurée en 1938, grâce au mécénat de la famille Kadoorie[3]. Mais, privée de direction pendant plusieurs décennies, la synagogue reste silencieuse. Le renouveau commence au début des années 2010, porté par l’arrivée de nouveaux membres et le soutien du rabinat de Lisbonne et d’Israël. Depuis 2014, la communauté juive de Porto a ouvert un tribunal rabbinique, un musée juif (2015), un mikvé (2016), un musée de la Shoah (2021) et un cimetière (2023). Elle s’est également engagée dans la production cinématographique avec plusieurs films[4]. La communauté, qui comptait à peine une quarantaine de membres en 2010, dépasse aujourd’hui le millier de personnes. La synagogue[5] Kadoorie Mekor Haim est aujourd’hui le plus grand édifice juif de la péninsule Ibérique. De style Art déco, avec une façade blanche évoquant le Bauhaus, elle a été conçue par l’architecte Augusto dos Santos Malta et l’ingénieur Arthur de Almeida Jr.

[1] Artur Carlos de Barros Basto (1887–1961) est un officier portugais, intellectuel et militant juif, surnommé le « Dreyfus portugais » en raison de l’injustice antisémite qu’il a subie. À l’âge de neuf ans, il découvre que ses ancêtres étaient des juifs convertis de force au christianisme au XVIe siècle. Héros de la révolution républicaine de 1910 et vétéran décoré de la Première Guerre mondiale, il reçoit la Croix de Guerre portugaise pour bravoure. Après avoir étudié le judaïsme, il se convertit et prend le nom d’Abraham Israel Ben-Rosh. En 1923, il fonde la communauté juive de Porto, crée l’Institut Rosh Pina — la première yechiva au Portugal depuis cinq siècles — et milite pour le retour au judaïsme des crypto-juifs portugais. En 1937, Barros Basto est injustement radié de l’armée portugaise pour avoir organisé des circoncisions. Sa réhabilitation officielle n’a été reconnue qu’à titre posthume, en 2012, par l’Assemblée de la République du Portugal.
[2] Conversos / Crypto-Juifs : Conversos désigne les juifs convertis au christianisme (souvent sous contrainte) ; crypto-juifs insiste sur la pratique cachée du judaïsme. Le retour de leurs descendants s’effectue par conversions halakhiques.
[3] Le nom « Kadoorie » rend hommage à Sir Elly Kadoorie et à ses fils Lawrence et Horace, qui ont financé la construction de la synagogue de Porto dans les années 1930. Issus d’une famille juive séfarade originaire de Bagdad, les Kadoorie sont connus pour leur mécénat et leur soutien aux communautés juives à travers le monde.
[4] Les films ont été réalisés par Luís Ismael, de son vrai nom Luís Miguel da Rocha Ferreira, réalisateur, producteur, acteur et entrepreneur portugais, connu pour son travail dans le cinéma indépendant. Fondateur de la société de production Lightbox, l’un des principaux studios du nord du Portugal, il a collaboré avec la communauté juive de Porto pour produire plusieurs films historiques : • Sefarad (2019) : retrace l’histoire d’Artur Carlos de Barros Basto et la renaissance juive à Porto au XXe siècle. • Le Kaddish de la Nonne (2019) : court métrage de 7 minutes sur la découverte d’une identité juive cachée par une religieuse catholique, illustrant une méditation spirituelle sur la quête de vérité. • 1618 (2021) : drame historique sur l’Inquisition à Porto, devenu le film portugais le plus primé à ce jour.
[5] La synagogue Kadoorie Mekor Haim à Porto est le fruit d’un projet initié en 1923 par Artur Carlos de Barros Basto et la communauté juive de Porto. Le terrain est acquis en 1929, et les travaux débutent la même année. La construction s’achève en 1937, et l’inauguration officielle a lieu en 1938. Restée longtemps fermée au public, elle est ouverte en 2012, puis enrichie en 2015 par l’installation d’un musée juif dans ses murs.

Le Chofar


Nitsavim (ניצבים – debout)
Deutéronome 29:9 à 30:20 & Isaïe 61:10 à 63:9

Moché rassemble tout Israël pour renouveler l’alliance avec l’Éternel. Ce moment solennel souligne l’unité du peuple, chaque individu étant appelé à se tenir debout devant Dieu.

Roch Hachana (ראש השנה – début de l’année)
Yom Terouʿa (יום תרועה – jour de la sonnerie)
Genèse 21:1–34 – 22:1–24 & Nombres 29:1–6 & 1 Samuel 1:1–2:10 – Jérémie 31:1–19

À Roch Hachana, les lectures bibliques évoquent la naissance et la ligature d’Yits’haq, la prière de ‘Hanna et les larmes de Jérémie. Le son du chofar rappelle le bélier substitué à Yits’haq, mais aussi les cris de prière et les appels à la miséricorde. Il incarne le souffle de l’alliance et le réveil spirituel.

Deutéronome 29:9
אַתֶּם נִצָּבִים הַיּוֹם כֻּלְּכֶם, לִפְנֵי ה׳ אֱלֹהֵיכֶם

Vous êtes placés aujourd’hui, vous tous, en présence de l’Éternel, votre Dieu.

Nombres 29:1
יוֹם תְּרוּעָה, יִהְיֶה לָכֶם
Ce sera pour vous le jour du son du Chofar.

Chofarot Israël – Bar-Chechet Ribaq :
La famille Bar-Chechet remonte au XIVe siècle en Espagne avec le rabbin Yts’haq Bar-Chechet Barfat[1]. Selon la tradition familiale, l’un de ses descendants aurait commencé à travailler la corne pour fabriquer des objets utilitaires, avant de se spécialiser dans la confection de chofars.
Après l’expulsion des Juifs d’Espagne en 1492, la famille Bar-Chechet s’installe au Maroc, où elle perpétue l’artisanat du chofar pendant plusieurs générations. En 1947, Meir Bar-Chechet embarque à bord de l’Exodus[2] en route vers Érets Israël, mais le navire est refoulé par les autorités britanniques, et Meir est interné dans un camp en Allemagne. C’est là, à la veille de Roch Hachana, qu’il fabrique son premier chofar. En 1948, il parvient à émigrer en Israël et, renouant avec l’art ancestral de sa famille, fonde un atelier à Haïfa.

Du côté Ribaq, la tradition artisanale commence à Włodawa, en Pologne, avec Yaacov Rossman. Reconnu pour son savoir-faire dans le travail de la corne, il se distingue par la qualité de ses chofars. En 1927, il immigre en Palestine mandataire et s’installe à Tel Aviv, où il devient le premier artisan à fabriquer des chofars dans la ville. N’ayant pas de descendance directe, il transmet son savoir à son cousin Avraham Ribaq, qui reprend l’atelier et poursuit l’activité, tout en formant son fils Eli Ribaq.

Dans les années 1980, Eli Ribaq et Tsvi Bar-Chechet, fils de Meir, fondent Chofarot Israël – Bar-Chechet Ribaq, aujourd’hui reconnu comme une référence mondiale la fabrication artisanale de chofars.

Les chofars produits dans cet atelier sont confectionnés à partir de cornes[3] d’animaux cachères, tels que le bélier, le koudou, l’ibex, l’oryx ou l’éland. Chaque corne est chauffée pour être assouplie, puis évidée, redressée, percée à l’embouchure, polie et soigneusement finie à la main. Certains modèles sont ensuite argentés, peints ou gravés selon les préférences des clients. L’ensemble du processus est entièrement artisanal, réalisé avec des outils souvent conçus par les artisans eux-mêmes, dans le respect scrupuleux des lois de la cacherout et des exigences halakhiques.

[1] Yits’haq Bar Chechet Barfat (יצחק בר ששת ברפת), connu sous l’acronyme Ribach (ריב״ש), né en 1326 à Valence et mort en 1408 à Alger, fut l’un des plus grands décisionnaires talmudiques de son époque. Il est l’auteur de centaines de responsa halakhiques et a exercé son autorité rabbinique dans les communautés de Barcelone, Saragosse et Alger. Il compte parmi les figures majeures du judaïsme médiéval séfarade, reconnu pour la rigueur de son raisonnement.
[2] Le President Warfield, navire à vapeur américain, est réaffecté en 1947 par le Mossad LeAliyah Bet pour transporter plus de 4 500 survivants de la Shoah vers la Palestine mandataire. Rebaptisé Exodus 1947 en mer, il est intercepté par la marine britannique avant d’atteindre Haïfa. Trois passagers sont tués, et les survivants sont internés dans des camps en Allemagne. L’affaire provoque une indignation internationale et contribue au soutien croissant en faveur de la création de l’État d’Israël.
[3] La corne de vache n’est pas utilisée pour fabriquer un chofar, car elle est désignée dans la Torah par le terme qeren (קרן) et non chofar (שופר). Selon le Talmud (Roch Hachana 26a), cette distinction terminologique exclut son usage rituel. De plus, certains commentateurs y voient un rappel du veau d’or, ce qui renforce son inadéquation dans le cadre des sonneries sacrées de Roch Hachana.

Grand Rouleau d’Isaïe (1QIsaᵃ)

IIᵉ siècle AEC

Ki Tavo (כִּי-תָבוֹא – Lorsque tu entreras)
Deutéronome 26:1–29:8 • Isaïe 60:1–22

La paracha s’ouvre sur la loi des prémices (bikkourim), que chaque agriculteur doit apporter au lieu choisi par Dieu, accompagné d’une déclaration de gratitude. Elle présente ensuite la loi de la dîme (ma‘asser), destinée aux Lévites, aux orphelins, aux veuves et aux étrangers.
La Torah est gravée sur des pierres au mont Ébal, marquant l’alliance avec Dieu, et des sacrifices y sont offerts. Les Lévites proclament une série d’avertissements auxquels le peuple répond « Amen ». Sur le mont Garizim sont proclamées les bénédictions pour l’obéissance, tandis que sur le mont Ébal sont énoncées les malédictions liées à la transgression.
Dans la haftara, le prophète Isaïe décrit une Jérusalem restaurée, rayonnante de la lumière divine, vers laquelle affluent les nations dans un esprit de paix, de reconnaissance et de spiritualité.

Isaïe 60:1
קוּמִי אוֹרִי כִּי בָא אוֹרֵךְ
Lève-toi, resplendis, car ta lumière arrive

En 1947, dans le désert de Judée, près de Qumrân, un jeune berger découvre par hasard une grotte dissimulée dans les falaises. À l’intérieur, des jarres anciennes renferment des manuscrits vieux de plus de deux millénaires. Ces textes jettent une lumière nouvelle sur notre connaissance de cette époque.
Parmi les trésors mis au jour figure un rouleau complet du livre du prophète Isaïe (1QIsaᵃ), soigneusement rédigé sur des feuillets de cuir cousus entre eux. Long de 7,34 mètres, il contient les 66 chapitres du livre, dans un état remarquablement bien conservé.
Daté du IIᵉ siècle avant notre ère, ce manuscrit a été restauré avec une minutie exceptionnelle, permettant de préserver sa structure et sa lisibilité. Il est aujourd’hui exposé au Musée d’Israël, dans l’aile appelée Sanctuaire du Livre, où il continue d’éclairer chercheurs et visiteurs par son témoignage unique.

Synagogue des Cantonistes, Tomsk, Russie

1906

Ki-Tetsé (כִּי-תֵצֵא – lorsque tu partiras )
Deutéronome 21:10–25:19 & Isaïe 54:1–10

Ki-Tetsé énonce 74 commandements, ce qui en fait l’une des parachiot les plus riches en prescriptions de la Torah. Ces lois régissent divers aspects de la vie sociale, familiale et morale du peuple d’Israël. La paracha se conclut par l’injonction de se souvenir de ce qu’a fait Amalek, appel à une mémoire vigilante face à l’hostilité.
La haftarah, tirée du livre d’Isaïe, propose une vision de réconfort : Jérusalem, comparée à une femme stérile, est appelée à enfanter une multitude. Le prophète y réaffirme l’alliance éternelle entre Dieu et son peuple.

Deutéronome 21:10
כִּי-תֵצֵא לַמִּלְחָמָה עַל-אֹיְבֶךָ
Lorsque tu sortiras en guerre contre tes ennemis…

La Synagogue des Cantonistes[1] de Tomsk fut édifiée en 1906. Confisquée par les autorités soviétiques en 1930, elle fut transformée en logements municipaux. Ce n’est qu’en 2013 qu’elle fut restituée à la communauté juive locale.
À l’intérieur, les lambris d’origine sont encore visibles sous une couche de badigeon clair. L’arche sainte, restaurée avec soin, est ornée d’un rideau brodé portant les initiales de Tzvi Hertz Yankelowitz, l’un des cantonistes fondateurs de la synagogue.
Ce bâtiment en bois massif, rare témoin de l’architecture religieuse juive sibérienne, a fait l’objet d’une restauration complète afin d’être reconverti en musée du judaïsme en Sibérie. Il constitue aujourd’hui l’un des derniers exemples préservés de ce style architectural unique.

[1] Les cantonistes étaient des garçons juifs enrôlés de force dans les écoles militaires de l’Empire russe à partir de 1827, sous le règne du tsar Nicolas Ier. Un décret impérial imposait aux communautés juives de fournir un quota d’enfants, souvent âgés de 8 à 12 ans, pour suivre une formation militaire. A l’âge de 18 ans, ces enfants étaient intégrés dans l’armée pour une durée de 25 ans. Ce système fut aboli en 1857 sous le règne d’Alexandre II.

Wilkes-Barre, Pennsylvanie

1932

Choftim (שופטים – Juges)
Deutéronome 16:18–21:9 et Isaïe 51:12–52:12

La paracha trace les fondements d’une société régie par la justice : tribunaux équitables, interdiction de la corruption, limites du pouvoir royal, rôle du prophète, lois de la guerre et responsabilité collective. Dans la haftara, lue dans le cadre des sept semaines de consolation après Tisha BeAv, le prophète Isaïe annonce la fin de l’exil, le réveil de Jérusalem, et la marche vers la rédemption. Le peuple est appelé à se relever, à se purifier, à se préparer à la délivrance.

Deutéronome 16:20
צֶדֶק צֶדֶק תִּרְדֹּף
C’est la justice, la justice seule que tu dois rechercher

Fondée en 1863, Ohav Zedek (אהב צדק – Celui qui aime la justice) est l’une des plus anciennes institutions juives de Wilkes-Barre, ville ouvrière du nord-est de la Pennsylvanie. Elle fut établie par des immigrants venus d’Europe centrale, notamment d’Autriche et de Hongrie. En 1892, la communauté fut officiellement enregistrée sous le nom de Congregation Ohav Zedek Anshe Ungarn[1].

Le bâtiment actuel[2], construit en 1932 selon les plans de l’architecte Austin Reilly[3], adopte un style mauresque, avec une façade ornée de tuiles colorées. L’intérieur présente une particularité rare : la galerie des femmes est suspendue depuis la structure supérieure, évitant les colonnes qui obstruent la vue — une innovation architecturale notable. Le chantier fut dirigé par l’entrepreneur William Schmalzriedt[4].


[1] Congrégation Celui qui aime la justice – Les hommes de Hongrie : Congregation : terme anglais courant dans les noms de synagogues américaines, Ohav Zedek (אהב צדק) : hébreu pour Celui qui aime la justice, Anshe Ungarn (אַנשֵי אוּנְגַארְן) : yiddish pour Les hommes de Hongrie.
[2] La synagogue Ohav Zedek peut être explorée en ligne grâce au projet Synagogues360, qui documente visuellement les lieux de culte juifs à travers le monde. Lien direct
[3] Austin Reilly : Architecte actif dans le nord-est de la Pennsylvanie dans les années 1920–1930, Austin Reilly est connu pour avoir conçu plusieurs bâtiments publics et religieux dans le comté de Luzerne. Son style mêle influences mauresques et fonctionnalité moderne. Il est mentionné comme architecte principal du bâtiment de 1932 dans les archives municipales de Wilkes-Barre.
[4] William Karl Schmalzriedt (1911–2001) : Entrepreneur en bâtiment basé à Wilkes-Barre, Schmalzriedt dirigea la construction de la synagogue Ohav Zedek en 1932. Il est cité dans les registres de chantier et les archives de la communauté comme maître d’œuvre. Il participa également à la restauration du bâtiment après les inondations de 1972 causées par la crue de la rivière Susquehanna.

Har Brakha, Samarie

1983/90

Re’eh (רְאֵה – Vois)
Deutéronome 11:26–16:17 et Isaïe 54:11–55:5

Moché appelle le peuple à voir et à choisir : bénédiction ou malédiction, selon leur fidélité aux commandements. Le texte développe les lois sur le culte centralisé, la cacherout, la tzedaka et les fêtes de pèlerinage. La haftara d’Isaïe évoque la consolation de Jérusalem reconstruite et l’alliance éternelle entre Dieu et son peuple.

Deutéronome 11:29
וְנָתַתָּה אֶת-הַבְּרָכָה עַל-הַר גְּרִזִים
Tu placeras la bénédiction sur le mont Guérizim

C’est en Samarie, sur les pentes du mont Guérizim, que fut fondée en 1983 la communauté juive de Har Brakha (הר ברכה – Montagne de la bénédiction). Le choix du lieu n’est pas anodin : il correspond exactement au verset de Re’eh, qui désigne Har Guérizim comme le site de la bénédiction lors de l’entrée du peuple en Terre promise.

Har Brakha fut fondée dans le cadre du mouvement des implantations post-1977, à une époque où la Samarie retrouvait une présence juive après près de deux millénaires. Initialement établie comme un avant-poste militaire de type Nahal, elle fut démilitarisée et transformée en communauté civile à Yom Ha’atzmaout 1983.

La yéchiva dirigée par le Rav Eliezer Melamed, auteur de la série halakhique Peninei Halakha, est devenue un centre d’étude et de rayonnement spirituel. Elle attire chaque année des dizaines d’étudiants, dont beaucoup choisissent de s’installer durablement sur place après leurs études.

La synagogue principale de Har Bracha, construite dans les années 1990, adopte un style sobre et fonctionnel, typique des implantations de montagne : pierre locale, coupole basse, et vitraux inspirés des bénédictions bibliques.

Aujourd’hui, Har Brakha compte plus de 3.000 habitants, répartis en plusieurs quartiers. La population est majoritairement composée de jeunes familles religieuses, avec une forte natalité et une vie communautaire dynamique. On y trouve des écoles, des jardins d’enfants, des commerces, et une bibliothèque judaïque.