Moché demande à connaître les voies de l’Éternel. D.ieu lui révèle Ses attributs de miséricorde et renouvelle l’alliance. Ensuite, les fêtes sont rappelées, notamment celle de Soukot. Le Maftir détaille les offrandes spécifiques du jour de la fête. Dans la Haftarah, Ézéchiel prophétise une guerre apocalyptique menée par Gog contre Israël, suivie d’un retour à la paix et à la reconnaissance universelle de D.ieu.
Ézéchiel 38:18 (pdf 492/575) וְהָיָה בַּיּוֹם הַהוּא בְּיוֹם בּוֹא גוֹג עַל אַדְמַת יִשְׂרָאֵל Et il arrivera en ce jour, le jour où Gog viendra contre la terre d’Israël.
Le Codex Cairensis, ou Codex Prophetarum Cairensis, est un manuscrit hébraïque du IXe siècle contenant tous les livres des Prophètes dans leur intégralité. Il a été copié en 895 par Moïse ben Asher[1], figure centrale de la tradition massorétique [2] de Tibériade. Ce manuscrit est écrit sur parchemin, avec une calligraphie soignée et des annotations massorétiques. Conservé pendant plus d’un millénaire dans la communauté karaïte du Caire, il a été transféré en 2023 à la Bibliothèque nationale d’Israël à Jérusalem, dans un bâtiment contemporain conçu par le cabinet suisse Herzog & de Meuron, situé entre le musée d’Israël et la Knesset.
Ézéchiel 38:18–39:16
[1] Moïse ben Asher est le patriarche de la lignée des Ben Asher, massorètes de Tibériade. Il est reconnu comme l’auteur du Codex Cairensis et père d’Aharon ben Moshe ben Asher, qui établira plus tard le Codex d’Alep. [2] Les massorètes (בעלי המסורה, ba’alei hamassora) sont les gardiens de la tradition textuelle de la Bible hébraïque. Entre le VIe et le Xe siècle, ils ont fixé la vocalisation, l’accentuation et la ponctuation du texte biblique. Leur travail méticuleux inclut le comptage des lettres, la notation des variantes et la transmission fidèle du texte.
La Torah décrit le rituel accompli par le Grand Prêtre dans le sanctuaire : l’entrée dans le Saint des Saints, l’envoi du bouc émissaire au désert et l’aspersion du sang pour expier les fautes du peuple. Dans le second Sefer, elle détaille les sacrifices spécifiques du jour. L’après-midi, la lecture rappelle les lois de sainteté. Dans la haftarah du matin, le prophète Isaïe exhorte à la techouva et à faire la justice. Celle de l’après-midi raconte la fuite de Jonas et le repentir de la grande cité de Ninive.
Jonas 2:1 וַיְמַן ה׳ דָּג גָּדוֹל לִבְלֹעַ אֶת-יוֹנָה L’Éternel fit venir un grand poisson pour avaler Jonas.
Située à 12,5 km au nord de Tibériade, Houqoq (חוקוק) est mentionnée dans le livre de Josué[1]. Habité depuis l’âge du bronze (3300 AEC – 1200 AEC), le village prospéra à l’époque romaine (Ier – IIIe siècle) et byzantine (IVe – VIIe siècle).
Depuis 2011, les fouilles dirigées par Jodi Magness[2] ont révélé une synagogue monumentale du Ve siècle, construite en basalte, roche typique du paysage géologique de la région.
Son sol en mosaïque est exceptionnel par sa richesse artistique et la diversité des scènes. Celle représentant Jonas est particulièrement remarquable. Rare dans l’art juif ancien, elle montre Jonas au moment critique où il est englouti par le poisson. D’autres mosaïques sont aussi exceptionnelles : Samson à Gaza portant les portes de la ville, après les avoirs arrachées, la traversée de la mer Rouge, les explorateurs, l’arche de Noé et une scène non biblique interprétée comme une rencontre entre Alexandre le Grand et un prêtre juif.
Les murs étaient peints en rouge, rose et blanc, et les colonnes portaient des traces de plâtre coloré.
Des pièces de monnaie, des tombes creusées dans la roche et des structures annexes témoignent d’une communauté florissante.
[1] Dans la description de la frontière du territoire de Naftali (Josué 19:32–39), au verset 34 Houqoq est mentionné. Naftali signifie « mon combat ». Jacob le bénit en disant : « Naftali est une biche lâchée, il profère de belles paroles » (Genèse 49:21). [2] Jodi Magness est professeure d’archéologie à l’Université de Caroline du Nord à Chapel Hill. Elle dirige les fouilles de Houqoq depuis 2011, avec une équipe internationale. Les découvertes ont été publiées dans plusieurs revues scientifiques et présentées dans des médias comme National Geographic.
Moché annonce son départ et transmet à Yehoshoua la charge de guider le peuple. Il confie à Israël un chant — celui de la Torah. Il leur ordonne d’écrire et de transmettre. La haftara de Chabbat Chouva exhorte Israël à la techouva, le retour sincère vers l’Éternel.
Dans les années 1920–1930, le capitaine Artur Carlos de Barros Basto[1] fonde la Communauté Israélite de Porto et lance une campagne pour reconnecter les descendants des crypto-juifs[2] au judaïsme. Malgré son exclusion de l’armée en 1937, la synagogue Kadoorie Mekor Haim (מקור חיים – Source de Vie) est inaugurée en 1938, grâce au mécénat de la famille Kadoorie[3]. Mais, privée de direction pendant plusieurs décennies, la synagogue reste silencieuse. Le renouveau commence au début des années 2010, porté par l’arrivée de nouveaux membres et le soutien du rabinat de Lisbonne et d’Israël. Depuis 2014, la communauté juive de Porto a ouvert un tribunal rabbinique, un musée juif (2015), un mikvé (2016), un musée de la Shoah (2021) et un cimetière (2023). Elle s’est également engagée dans la production cinématographique avec plusieurs films[4]. La communauté, qui comptait à peine une quarantaine de membres en 2010, dépasse aujourd’hui le millier de personnes. La synagogue[5] Kadoorie Mekor Haim est aujourd’hui le plus grand édifice juif de la péninsule Ibérique. De style Art déco, avec une façade blanche évoquant le Bauhaus, elle a été conçue par l’architecte Augusto dos Santos Malta et l’ingénieur Arthur de Almeida Jr.
[1]Artur Carlos de Barros Basto (1887–1961) est un officier portugais, intellectuel et militant juif, surnommé le « Dreyfus portugais » en raison de l’injustice antisémite qu’il a subie. À l’âge de neuf ans, il découvre que ses ancêtres étaient des juifs convertis de force au christianisme au XVIe siècle. Héros de la révolution républicaine de 1910 et vétéran décoré de la Première Guerre mondiale, il reçoit la Croix de Guerre portugaise pour bravoure. Après avoir étudié le judaïsme, il se convertit et prend le nom d’Abraham Israel Ben-Rosh. En 1923, il fonde la communauté juive de Porto, crée l’Institut Rosh Pina — la première yechiva au Portugal depuis cinq siècles — et milite pour le retour au judaïsme des crypto-juifs portugais. En 1937, Barros Basto est injustement radié de l’armée portugaise pour avoir organisé des circoncisions. Sa réhabilitation officielle n’a été reconnue qu’à titre posthume, en 2012, par l’Assemblée de la République du Portugal. [2]Conversos / Crypto-Juifs : Conversos désigne les juifs convertis au christianisme (souvent sous contrainte) ; crypto-juifs insiste sur la pratique cachée du judaïsme. Le retour de leurs descendants s’effectue par conversions halakhiques. [3] Le nom « Kadoorie » rend hommage à Sir Elly Kadoorie et à ses fils Lawrence et Horace, qui ont financé la construction de la synagogue de Porto dans les années 1930. Issus d’une famille juive séfarade originaire de Bagdad, les Kadoorie sont connus pour leur mécénat et leur soutien aux communautés juives à travers le monde. [4] Les films ont été réalisés par Luís Ismael, de son vrai nom Luís Miguel da Rocha Ferreira, réalisateur, producteur, acteur et entrepreneur portugais, connu pour son travail dans le cinéma indépendant. Fondateur de la société de production Lightbox, l’un des principaux studios du nord du Portugal, il a collaboré avec la communauté juive de Porto pour produire plusieurs films historiques : • Sefarad (2019) : retrace l’histoire d’Artur Carlos de Barros Basto et la renaissance juive à Porto au XXe siècle. • Le Kaddish de la Nonne (2019) : court métrage de 7 minutes sur la découverte d’une identité juive cachée par une religieuse catholique, illustrant une méditation spirituelle sur la quête de vérité. • 1618 (2021) : drame historique sur l’Inquisition à Porto, devenu le film portugais le plus primé à ce jour. [5] La synagogue Kadoorie Mekor Haim à Porto est le fruit d’un projet initié en 1923 par Artur Carlos de Barros Basto et la communauté juive de Porto. Le terrain est acquis en 1929, et les travaux débutent la même année. La construction s’achève en 1937, et l’inauguration officielle a lieu en 1938. Restée longtemps fermée au public, elle est ouverte en 2012, puis enrichie en 2015 par l’installation d’un musée juif dans ses murs.
Nitsavim (ניצבים – debout) Deutéronome 29:9 à 30:20 & Isaïe 61:10 à 63:9
Moché rassemble tout Israël pour renouveler l’alliance avec l’Éternel. Ce moment solennel souligne l’unité du peuple, chaque individu étant appelé à se tenir debout devant Dieu.
Roch Hachana (ראש השנה – début de l’année) Yom Terouʿa (יום תרועה – jour de la sonnerie) Genèse 21:1–34 – 22:1–24 & Nombres 29:1–6 & 1 Samuel 1:1–2:10 – Jérémie 31:1–19
À Roch Hachana, les lectures bibliques évoquent la naissance et la ligature d’Yits’haq, la prière de ‘Hanna et les larmes de Jérémie. Le son du chofar rappelle le bélier substitué à Yits’haq, mais aussi les cris de prière et les appels à la miséricorde. Il incarne le souffle de l’alliance et le réveil spirituel.
Nombres 29:1 יוֹם תְּרוּעָה, יִהְיֶה לָכֶם Ce sera pour vous le jour du son du Chofar.
Chofarot Israël – Bar-Chechet Ribaq: La famille Bar-Chechet remonte au XIVe siècle en Espagne avec le rabbin Yts’haq Bar-Chechet Barfat[1]. Selon la tradition familiale, l’un de ses descendants aurait commencé à travailler la corne pour fabriquer des objets utilitaires, avant de se spécialiser dans la confection de chofars. Après l’expulsion des Juifs d’Espagne en 1492, la famille Bar-Chechet s’installe au Maroc, où elle perpétue l’artisanat du chofar pendant plusieurs générations. En 1947, Meir Bar-Chechet embarque à bord de l’Exodus[2] en route vers Érets Israël, mais le navire est refoulé par les autorités britanniques, et Meir est interné dans un camp en Allemagne. C’est là, à la veille de Roch Hachana, qu’il fabrique son premier chofar. En 1948, il parvient à émigrer en Israël et, renouant avec l’art ancestral de sa famille, fonde un atelier à Haïfa.
Du côté Ribaq, la tradition artisanale commence à Włodawa, en Pologne, avec Yaacov Rossman. Reconnu pour son savoir-faire dans le travail de la corne, il se distingue par la qualité de ses chofars. En 1927, il immigre en Palestine mandataire et s’installe à Tel Aviv, où il devient le premier artisan à fabriquer des chofars dans la ville. N’ayant pas de descendance directe, il transmet son savoir à son cousin Avraham Ribaq, qui reprend l’atelier et poursuit l’activité, tout en formant son fils Eli Ribaq.
Dans les années 1980, Eli Ribaq et Tsvi Bar-Chechet, fils de Meir, fondent Chofarot Israël – Bar-Chechet Ribaq, aujourd’hui reconnu comme une référence mondiale la fabrication artisanale de chofars.
Les chofars produits dans cet atelier sont confectionnés à partir de cornes[3] d’animaux cachères, tels que le bélier, le koudou, l’ibex, l’oryx ou l’éland. Chaque corne est chauffée pour être assouplie, puis évidée, redressée, percée à l’embouchure, polie et soigneusement finie à la main. Certains modèles sont ensuite argentés, peints ou gravés selon les préférences des clients. L’ensemble du processus est entièrement artisanal, réalisé avec des outils souvent conçus par les artisans eux-mêmes, dans le respect scrupuleux des lois de la cacherout et des exigences halakhiques.
[1]Yits’haq Bar Chechet Barfat (יצחק בר ששת ברפת), connu sous l’acronyme Ribach (ריב״ש), né en 1326 à Valence et mort en 1408 à Alger, fut l’un des plus grands décisionnaires talmudiques de son époque. Il est l’auteur de centaines de responsa halakhiques et a exercé son autorité rabbinique dans les communautés de Barcelone, Saragosse et Alger. Il compte parmi les figures majeures du judaïsme médiéval séfarade, reconnu pour la rigueur de son raisonnement. [2] Le President Warfield, navire à vapeur américain, est réaffecté en 1947 par le Mossad LeAliyah Bet pour transporter plus de 4 500 survivants de la Shoah vers la Palestine mandataire. Rebaptisé Exodus 1947 en mer, il est intercepté par la marine britannique avant d’atteindre Haïfa. Trois passagers sont tués, et les survivants sont internés dans des camps en Allemagne. L’affaire provoque une indignation internationale et contribue au soutien croissant en faveur de la création de l’État d’Israël. [3] La corne de vache n’est pas utilisée pour fabriquer un chofar, car elle est désignée dans la Torah par le terme qeren (קרן) et non chofar (שופר). Selon le Talmud (Roch Hachana 26a), cette distinction terminologique exclut son usage rituel. De plus, certains commentateurs y voient un rappel du veau d’or, ce qui renforce son inadéquation dans le cadre des sonneries sacrées de Roch Hachana.
Ki Tavo (כִּי-תָבוֹא – Lorsque tu entreras) Deutéronome 26:1–29:8 • Isaïe 60:1–22
La paracha s’ouvre sur la loi des prémices (bikkourim), que chaque agriculteur doit apporter au lieu choisi par Dieu, accompagné d’une déclaration de gratitude. Elle présente ensuite la loi de la dîme (ma‘asser), destinée aux Lévites, aux orphelins, aux veuves et aux étrangers. La Torah est gravée sur des pierres au mont Ébal, marquant l’alliance avec Dieu, et des sacrifices y sont offerts. Les Lévites proclament une série d’avertissements auxquels le peuple répond « Amen ». Sur le mont Garizim sont proclamées les bénédictions pour l’obéissance, tandis que sur le mont Ébal sont énoncées les malédictions liées à la transgression. Dans la haftara, le prophète Isaïe décrit une Jérusalem restaurée, rayonnante de la lumière divine, vers laquelle affluent les nations dans un esprit de paix, de reconnaissance et de spiritualité.
Isaïe 60:1 קוּמִי אוֹרִי כִּי בָא אוֹרֵךְ Lève-toi, resplendis, car ta lumière arrive
En 1947, dans le désert de Judée, près de Qumrân, un jeune berger découvre par hasard une grotte dissimulée dans les falaises. À l’intérieur, des jarres anciennes renferment des manuscrits vieux de plus de deux millénaires. Ces textes jettent une lumière nouvelle sur notre connaissance de cette époque. Parmi les trésors mis au jour figure un rouleau complet du livre du prophète Isaïe (1QIsaᵃ), soigneusement rédigé sur des feuillets de cuir cousus entre eux. Long de 7,34 mètres, il contient les 66 chapitres du livre, dans un état remarquablement bien conservé. Daté du IIᵉ siècle avant notre ère, ce manuscrit a été restauré avec une minutie exceptionnelle, permettant de préserver sa structure et sa lisibilité. Il est aujourd’hui exposé au Musée d’Israël, dans l’aile appelée Sanctuaire du Livre, où il continue d’éclairer chercheurs et visiteurs par son témoignage unique.
Ki-Tetsé (כִּי-תֵצֵא – lorsque tu partiras ) Deutéronome 21:10–25:19 & Isaïe 54:1–10
Ki-Tetsé énonce 74 commandements, ce qui en fait l’une des parachiot les plus riches en prescriptions de la Torah. Ces lois régissent divers aspects de la vie sociale, familiale et morale du peuple d’Israël. La paracha se conclut par l’injonction de se souvenir de ce qu’a fait Amalek, appel à une mémoire vigilante face à l’hostilité. La haftarah, tirée du livre d’Isaïe, propose une vision de réconfort : Jérusalem, comparée à une femme stérile, est appelée à enfanter une multitude. Le prophète y réaffirme l’alliance éternelle entre Dieu et son peuple.
Deutéronome 21:10 כִּי-תֵצֵא לַמִּלְחָמָה עַל-אֹיְבֶךָ Lorsque tu sortiras en guerre contre tes ennemis…
La Synagogue des Cantonistes[1] de Tomsk fut édifiée en 1906. Confisquée par les autorités soviétiques en 1930, elle fut transformée en logements municipaux. Ce n’est qu’en 2013 qu’elle fut restituée à la communauté juive locale. À l’intérieur, les lambris d’origine sont encore visibles sous une couche de badigeon clair. L’arche sainte, restaurée avec soin, est ornée d’un rideau brodé portant les initiales de Tzvi Hertz Yankelowitz, l’un des cantonistes fondateurs de la synagogue. Ce bâtiment en bois massif, rare témoin de l’architecture religieuse juive sibérienne, a fait l’objet d’une restauration complète afin d’être reconverti en musée du judaïsme en Sibérie. Il constitue aujourd’hui l’un des derniers exemples préservés de ce style architectural unique.
[1]Les cantonistes étaient des garçons juifs enrôlés de force dans les écoles militaires de l’Empire russe à partir de 1827, sous le règne du tsar Nicolas Ier. Un décret impérial imposait aux communautés juives de fournir un quota d’enfants, souvent âgés de 8 à 12 ans, pour suivre une formation militaire. A l’âge de 18 ans, ces enfants étaient intégrés dans l’armée pour une durée de 25 ans. Ce système fut aboli en 1857 sous le règne d’Alexandre II.
Choftim (שופטים – Juges) Deutéronome 16:18–21:9 et Isaïe 51:12–52:12
La paracha trace les fondements d’une société régie par la justice : tribunaux équitables, interdiction de la corruption, limites du pouvoir royal, rôle du prophète, lois de la guerre et responsabilité collective. Dans la haftara, lue dans le cadre des sept semaines de consolation après Tisha BeAv, le prophète Isaïe annonce la fin de l’exil, le réveil de Jérusalem, et la marche vers la rédemption. Le peuple est appelé à se relever, à se purifier, à se préparer à la délivrance.
Deutéronome 16:20 צֶדֶק צֶדֶק תִּרְדֹּף C’est la justice, la justice seule que tu dois rechercher
Fondée en 1863, Ohav Zedek (אהב צדק – Celui qui aime la justice) est l’une des plus anciennes institutions juives de Wilkes-Barre, ville ouvrière du nord-est de la Pennsylvanie. Elle fut établie par des immigrants venus d’Europe centrale, notamment d’Autriche et de Hongrie. En 1892, la communauté fut officiellement enregistrée sous le nom de Congregation Ohav Zedek Anshe Ungarn[1].
Le bâtiment actuel[2], construit en 1932 selon les plans de l’architecte Austin Reilly[3], adopte un style mauresque, avec une façade ornée de tuiles colorées. L’intérieur présente une particularité rare : la galerie des femmes est suspendue depuis la structure supérieure, évitant les colonnes qui obstruent la vue — une innovation architecturale notable. Le chantier fut dirigé par l’entrepreneur William Schmalzriedt[4].
[1] Congrégation Celui qui aime la justice – Les hommes de Hongrie : Congregation : terme anglais courant dans les noms de synagogues américaines, Ohav Zedek (אהב צדק) : hébreu pour Celui qui aime la justice, Anshe Ungarn (אַנשֵי אוּנְגַארְן) : yiddish pour Les hommes de Hongrie. [2]La synagogue Ohav Zedek peut être explorée en ligne grâce au projet Synagogues360, qui documente visuellement les lieux de culte juifs à travers le monde. Lien direct [3]Austin Reilly : Architecte actif dans le nord-est de la Pennsylvanie dans les années 1920–1930, Austin Reilly est connu pour avoir conçu plusieurs bâtiments publics et religieux dans le comté de Luzerne. Son style mêle influences mauresques et fonctionnalité moderne. Il est mentionné comme architecte principal du bâtiment de 1932 dans les archives municipales de Wilkes-Barre. [4]William Karl Schmalzriedt (1911–2001) : Entrepreneur en bâtiment basé à Wilkes-Barre, Schmalzriedt dirigea la construction de la synagogue Ohav Zedek en 1932. Il est cité dans les registres de chantier et les archives de la communauté comme maître d’œuvre. Il participa également à la restauration du bâtiment après les inondations de 1972 causées par la crue de la rivière Susquehanna.
Re’eh (רְאֵה – Vois) Deutéronome 11:26–16:17 et Isaïe 54:11–55:5
Moché appelle le peuple à voir et à choisir : bénédiction ou malédiction, selon leur fidélité aux commandements. Le texte développe les lois sur le culte centralisé, la cacherout, la tzedaka et les fêtes de pèlerinage. La haftara d’Isaïe évoque la consolation de Jérusalem reconstruite et l’alliance éternelle entre Dieu et son peuple.
Deutéronome 11:29 וְנָתַתָּה אֶת-הַבְּרָכָה עַל-הַר גְּרִזִים Tu placeras la bénédiction sur le mont Guérizim
C’est en Samarie, sur les pentes du mont Guérizim, que fut fondée en 1983 la communauté juive de Har Brakha (הר ברכה – Montagne de la bénédiction). Le choix du lieu n’est pas anodin : il correspond exactement au verset de Re’eh, qui désigne Har Guérizim comme le site de la bénédiction lors de l’entrée du peuple en Terre promise.
Har Brakha fut fondée dans le cadre du mouvement des implantations post-1977, à une époque où la Samarie retrouvait une présence juive après près de deux millénaires. Initialement établie comme un avant-poste militaire de type Nahal, elle fut démilitarisée et transformée en communauté civile à Yom Ha’atzmaout 1983.
La yéchiva dirigée par le Rav Eliezer Melamed, auteur de la série halakhique Peninei Halakha, est devenue un centre d’étude et de rayonnement spirituel. Elle attire chaque année des dizaines d’étudiants, dont beaucoup choisissent de s’installer durablement sur place après leurs études.
La synagogue principale de Har Bracha, construite dans les années 1990, adopte un style sobre et fonctionnel, typique des implantations de montagne : pierre locale, coupole basse, et vitraux inspirés des bénédictions bibliques.
Aujourd’hui, Har Brakha compte plus de 3.000 habitants, répartis en plusieurs quartiers. La population est majoritairement composée de jeunes familles religieuses, avec une forte natalité et une vie communautaire dynamique. On y trouve des écoles, des jardins d’enfants, des commerces, et une bibliothèque judaïque.
Paracha Matot–Massé et Roch ‘Hodech Av Nombres 30,2 – 36,13 (Matot–Massé), Nombres 28,9–15 (Roch ‘Hodech), Isaïe 66,1–24 (Roch ‘Hodech)
La double paracha Matot–Massé clôt le livre des Nombres. Elle traite des lois relatives aux vœux et relate la guerre contre Madian. Elle décrit également l’installation des tribus de Ruben, Gad et de la moitié de Manassé à l’est du Jourdain. Suivent l’énumération des 42 étapes de l’errance dans le désert, les règles pour le partage de la Terre, l’établissement des villes de refuge, ainsi que la question de l’héritage des filles de Tsélof’had. Dans la haftarah, le prophète Isaïe dépeint une Jérusalem messianique — source de paix et centre d’adoration universelle.
Nombres 33:33 וַיִּסְעוּ, מֵחֹר הַגִּדְגָּד; וַיַּחֲנוּ, בְּיָטְבָתָה Ils partirent de Hor-Hagidgad et campèrent à Yotvata.
Ce verset inscrit Yotvata[2] parmi les 42 étapes de l’errance dans le désert. Quand l’histoire s’enracine, le désert devient fertile.
Le kibboutz Yotvata fut fondé en 1957 par le mouvement Naḥal[3], près d’Éin Radian — une source naturelle majeure dans la vallée de l’Arava, à 42 km au nord d’Éilat — à proximité des ruines d’un fort romain.
Dès sa création, Yotvata a établi l’école régionale Ma’aleh Shaharut[4], qui allie études académiques, conscience environnementale et engagement civique. Le kibboutz accueille également un internat du programme Na’alé[5].
Dans les années 1960, un centre agricole a été mis en place, combinant recherches géologiques et agronomiques, innovations en irrigation et cultures sous serre. Des panneaux solaires couvrent aujourd’hui une grande partie des besoins en électricité, et les eaux usées sont recyclées pour l’irrigation.
La laiterie Yotvata[6], fondée en 1962, transforme le lait produit localement en plus de quarante produits distribués dans tout Israël.
Adossée au kibboutz, la réserve Hai-Bar œuvre à la réintroduction d’espèces bibliques dans le Néguev — onagre, oryx, gazelle et hyène.
[1]Inyan ha-yom – Le sujet du jour prime : Lorsqu’une haftarah spéciale est prescrite (par exemple pour Roch ‘Hodech, Hanouka), elle prend le pas sur la haftarah régulière de la paracha hebdomadaire (Oraḥ Ḥaïm 425:1 ; Michna Beroura 425:7). [2]Etape de Yotvata : Deutéronome 10:7 qualifie Yotvata de « terre de ruisseaux d’eau ». Certains commentateurs relient son nom à la racine hébraïque ט‑ו‑ב (tov, « bon »). [3]Naḥal (No‘ar Ḥalutzi Loḥem) — Jeunesse pionnière combattante : Unité de Tsahal fondée en 1948 pour combiner service militaire et établissement de colonies agricoles. [4]Ma’aleh Shaharut : L’école accueille environ 600 élèves issus des onze communautés du Conseil régional de Hevel Eilot, dont Yotvata fait partie. Sous l’égide du ministère israélien de l’Éducation, elle propose un enseignement pluraliste alliant académique, environnement et civisme. [5]Na’alé (No‘ar Oleh Lifnei Horim) : Programme gouvernemental lancé en 1992, qui accueille des adolescents juifs du monde entier pour terminer leur scolarité en Israël avant que leurs familles ne fassent aliyah. [6]La laiterie Yotvata : Exploitée depuis 2000 en partenariat avec le groupe Strauss, elle est renommée pour ses boissons lactées au chocolat et autres produits laitiers.
Pin’has (פִּינְחָס) Nombres 25:10 – 30:1 et Jérémie 1:1–2:3 [1]
Pin’has reçoit une alliance de paix et la prêtrise. Moché et Éléazar effectuent un nouveau recensement des tribus. Les filles de Tselofhad obtiennent le droit d’hériter de leur père. Josué est désigné comme successeur de Moché. Une description des sacrifices rituels est donnée. Le prophète Jérémie évoque l’attachement entre Dieu et Israël, né dans le désert.
Jérémie 2:2 זָכַרְתִּי לָךְ חֶסֶד נְעוּרַיִךְ, אַהֲבַת כְּלוּלֹתָיִךְ, לֶכְתֵךְ אַחֲרַי בַּמִּדְבָּר Je me souviens de ton amour de jeunesse, de ton amour nuptial, quand tu me suivais dans le désert.
Aux abords de Gondar, sur la route menant aux montagnes du Simien, un panneau artisanal indique « Village juif de Wolleka Falasha ». Ce village fut le foyer d’une communauté juive éthiopienne – les Beta Israël – dont la pratique religieuse s’est développée indépendamment du judaïsme rabbinique, sans accès au Talmud ni aux institutions reconnues. Leurs traditions bibliques et sacerdotales, enracinées dans le désert, remonteraient à une époque antérieure à l’exil babylonien. Ce qui en fait un cas unique dans l’histoire juive. Leur judaïsme était centré autour des qessotch[2] responsables de la lecture de l’Orit[3], chantée en guèze[4] et transmise oralement à travers les générations. En 1973, après une enquête du Grand Rabbinat d’Israël, le Rav Ovadia Yossef déclara officiellement « Ils sont les descendants de la tribu de Dan ». En 1975, cette reconnaissance halakhique fut suivie d’une décision politique : le gouvernement israélien accorda aux Beta Israël le droit d’immigrer au titre de la Loi du Retour. De nombreux Juifs éthiopiens rejoignirent Israël lors d’aliyot massives. Certains traversèrent à pied le Soudan, au péril de leur vie, avant d’être évacués par avion[5]. D’autres partirent directement depuis Addis-Abeba[6]. Aujourd’hui, il n’y a plus de Juifs à Wolleka, mais le village conserve les traces de son passé : une synagogue en terre construite en 1942, décorée de peintures traditionnelles, un cimetière aux tombes bleues, et un mémorial dédié aux Beta Israël morts en route vers le Soudan. Une famille locale garde les clés de la synagogue et demande une petite somme pour visiter et entretenir les lieux. En valorisant ce patrimoine, les habitants mettent en avant les racines juives du village, devenu un lieu de mémoire plutôt qu’un simple site touristique.
[1] La haftara habituelle de Pin’has est tirée de 1 Rois 18:46 – 19:21, mais lorsqu’elle est lue après le 17 Tamouz, elle est remplacée par celle de Mattot : Jérémie 1:1 – 2:3. [2]Qessotch : prêtres éthiopiens juifs, distincts des rabbins, responsables de la lecture de l’Orit et de la pureté rituelle. [3] Orit : nom donné à la Torah chez les Beta Israël. Elle comprend : La Torah (Genèse, Exode, Lévitique, Nombres, Deutéronome, Les Prophètes (Josué, Juges, Samuel, Rois), Les Écrits (Psaumes, Proverbes, Job, Ruth, Lamentations, Ecclésiaste, Cantique des cantiques, Esther) et Certains textes apocryphes : Livre d’Hénoch, Livre des Jubilés [4]Guèze : langue liturgique ancienne utilisée par les Juifs éthiopiens, parfois appelée éthiopien classique. Langue chamito-sémitique, elle fut langue officielle du royaume d’Aksoum puis de l’empire d’Éthiopie. [5]Opération Moïse (1984) : évacuation secrète de milliers de Juifs éthiopiens depuis le Soudan vers Israël. [6]Opération Salomon (1991) : évacuation massive depuis Addis-Abeba, plus de 14 000 Juifs furent transportés en moins de 36 heures.