Maghen Abraham, Beyrouth, Liban

1925

Paracha Ki Tavo (כי תבוא — lorsque tu entreras), Deutéronome 26:1-29:8.

 Deutéronome – 26 – דְּבָרִים
:ה וְעָנִיתָ וְאָמַרְתָּ לִפְנֵי יי אֱלֹקיךָ, אֲרַמִּי אֹבֵד אָבִי, וַיֵּרֶד מִצְרַיְמָה, וַיָּגָר שָׁם בִּמְתֵי מְעָט; וַיְהִי-שָׁם, לְגוֹי גָּדוֹל עָצוּם וָרָב
5 Et tu diras à haute voix devant l’É-ternel, ton D.ieu : Un Araméen a [voulu] anéantir mon ancêtre. Il est descendu en Egypte et y a résidé en petit nombre et il est devenu là un peuple grand, puissant et nombreux.1

L’Araméen, c’est Laban2 (לבן), frère de Rébecca, père de Léa et Rachel, oncle et beau-père de Jacob. C’est un personnage retors qui a trompé Jacob, puis l’a poursuivi dans l’intention de l’anéantir (voir Genèse 31, versets 29 et 30).
Le nom Liban vient de la même racine לבן signifiant blanc, en référence au manteau neigeux qui recouvre les montagnes en hiver.

Les premiers signes de présence juive au Liban remontent en 132, à la suite de la révolte de Bar Kokhba3 contre l’empire romain. En 1920, l’État libanais est créé par la France4 à la suite du démantèlement de l’Empire ottoman. En 1926, une constitution est adoptée. Elle donne l’égalité et la liberté de culte à tous les libanais5. Pendant la Seconde Guerre Mondiale, le Liban accueille quelques familles ashkénazes fuyant le génocide. En 1948, à la déclaration d’indépendance de l’État d’Israël, de nombreux juifs fuient les pays arabes belligérants (Syrie, Irak, Jordanie) et certains émigrent au Liban. Actuellement, il y a environ 4.000 Juifs libanais, dont la moitié travaillent à l’étranger notamment à Chypre et en Grèce.

La synagogue Maghen Abraham6 est connue pour avoir été la plus belle du Moyen-Orient. Abandonnée et endommagée durant la Guerre du Liban (1975-1990), sa rénovation entreprise en 2010 s’est achevée en 2019.


1 La traduction est celle de Rachi, d’après l’interprétation du Sifri, et c’est aussi la version que l’on trouve dans la Hagada.
2 לבן הארמי – Lavan (blanc) ha-arami (l’Araméen).

3 Ben Kozevah » (בן כוזבה) ou « Ben Koziva » (בן כוזיבא). Grâce à l’archéologie, on sait que son nom était en réalité Shimon Bar (ou Ben) Koseva (שמעון בר כוסבא ou בר כוסבה). 
4 Mandat de la Société des Nations.

5 Chapitre 2 de la Constitution libanaise :
Article 7 Tous les Libanais sont égaux devant la loi. Ils jouissent également des droits civils et politiques et sont également assujettis aux charges et devoirs publics, sans distinction aucune.
Article 8 La liberté individuelle est garantie et protégée. Nul ne peut être arrêté ou détenu que suivant les dispositions de la loi. Aucune infraction et aucune peine ne peuvent être établies que par la loi.
Article 9 La liberté de conscience est absolue. En rendant hommage au Très Haut, l’État respecte toutes les confessions et en garantit et protège le libre exercice à condition qu’il ne soit pas porté atteinte à l’ordre public. Il garantit également aux populations, à quelque rite qu’elles appartiennent, le respect de leur statut personnel et de leurs intérêts religieux.

6 בית הכנסת מגן אברהם – synagogue bouclier d’Abraham

Rutland, Vermont, Etats-Unis d’Amérique

1927

Ki Tetze (כי תצא — lorsque tu partiras), Deutéronome 21:10-25:19.

Selon le Sefer HaHinoukn1 (ספר החינוך – Livre de l’Éducation), la paracha Ki Tetze comporte 47 prescriptions négatives et 27 prescriptions positives, dont celle du lévirat2.

Deutéronome – 25 – דְּבָרִים

ה כִּי-יֵשְׁבוּ אַחִים יַחְדָּו, וּמֵת אַחַד מֵהֶם וּבֵן אֵין-לוֹ–לֹא-תִהְיֶה אֵשֶׁת-הַמֵּת הַחוּצָה, לְאִישׁ זָר:  יְבָמָהּ יָבֹא עָלֶיהָ, וּלְקָחָהּ לוֹ לְאִשָּׁה וְיִבְּמָהּ.

5 Si des frères demeurent ensemble et que l’un d’eux vienne à mourir sans postérité, la veuve ne pourra se marier au dehors à un étranger ; c’est son beau-frère qui doit s’unir à elle. Il la prendra donc pour femme, exerçant le lévirat à son égard.

Le lévirat et la renonciation au lévirat jouent un rôle important dans l’histoire de Juda et Tamar (Genèse chapitre 38), ainsi que dans celle de Boaz et Ruth (Livre de Ruth chapitre 4)3. Devant un quorum de dix hommes, Boaz acquiert tout ce qui appartenait à Ma’hlon et épouse Ruth, sa veuve afin le nom du défunt ne s’éteigne pas.

Ruth – 4 – רוּת

י וְגַם אֶת-רוּת הַמֹּאֲבִיָּה אֵשֶׁת מַחְלוֹן קָנִיתִי לִי לְאִשָּׁה, לְהָקִים שֵׁם-הַמֵּת עַל-נַחֲלָתוֹ, וְלֹא-יִכָּרֵת שֵׁם-הַמֵּת מֵעִם אֶחָיו, וּמִשַּׁעַר מְקוֹמוֹ:  עֵדִים אַתֶּם, הַיּוֹם.
ט וַיֹּאמֶר בֹּעַז לַזְּקֵנִים וְכָל-הָעָם, עֵדִים אַתֶּם הַיּוֹם, כִּי קָנִיתִי אֶת-כָּל-אֲשֶׁר לֶאֱלִימֶלֶךְ, וְאֵת כָּל-אֲשֶׁר לְכִלְיוֹן וּמַחְלוֹן–מִיַּד, נָעֳמִי.

9 Alors Booz dit aux anciens et à tout le peuple : Vous êtes témoins aujourd’hui que j’acquiers de la main de Noémi tout ce qui appartenait à Elimélec, ainsi qu’à Kilion et Ma’hlon.
10 Et Ruth aussi, la Moabite, femme de Ma’hlon, je l’acquiers comme épouse pour maintenir le nom du défunt à son patrimoine et empêcher que le nom du défunt ne s’éteigne parmi ses frères et dans sa ville natale. Vous en êtes témoins en ce jour.

Le Rutland Jewish Center est une synagogue et un centre communautaire située dans un bâtiment de style roman richardsonien4. A l’origine, c’est une bibliothèque construite en 1889 par Brunner & Tryon en l’honneur de Horace Henry Baxter, financier de New York et copropriétaire de la Rutland Marble Company. Puis en 1927, le bâtiment est acheté et converti en synagogue par la Congrégation Adath Israël. En 1978, il est inscrit au Registre national des lieux historiques.

1 Sefer haHinoukh, Livre de l’Éducation est un texte médiéval publié en Espagne au XIIIème siècle, présentant les 613 commandements de la Torah.
2 Formé sur le bas latin levir « beau-frère » et le suffixe dérivationnel « at ».
3 Boaz zt Ruth ont eu pour fils Obed, père de Jessé, lui-même père du roi David.
4 Style de l’architecture américaine historiciste tirant son nom de l’architecte américain Henry Hobson Richardson.

Île de Rhodes, Grèce

1577

Tou Be-Av (ט”ו באב)

Le Talmud dans le traité Ta’anit (26b), rapporte que le 15 Av est l’un des jours les plus joyeux de l’année. Ce jour-là des rencontres en vue de mariage étaient organisés.

Va’et’hanan (ואתחנןet je suppliai) Deutéronome 3:23-7:11

Moché exhorte les enfants d’Israël à demeurer fidèles à l’alliance contractée au Sinaï, insiste sur le caractère unique de la Torah, réitère les Dix Paroles et proclame le Chema ; שְׁמַע, יִשְׂרָאֵל: יי אֱלֹכֵינוּ, יי אֶחָד. Les deux grandes lettres (en rouge) du verset forment le mot עד (Ed – témoin).

Israël un peuple consacré, un peuple à part.

Deutéronome Chapitre 7 – ז’ דְּבָרִים
ו כי עם קדוש אתה, לַיי אלכיך:  בך בחר יי אלכיך, להיות לו לעם סגלה, מכֹל העמים, אשר על-פּני האדמה.
6 Car tu es un peuple consacré à l’Éternel, ton D.ieu : il t’a choisi, l’Éternel, ton D.ieu, pour lui être un peuple spécial entre tous les peuples qui sont sur la face de la terre.

Dès l’antiquité la présence juive à Rhodes est attestée2. Au XIIème siècle, Benjamin de Tudèle3 témoigne de la présence de 400 Juifs dans la ville. Au début du XIVème siècle les Hospitaliers4 conquièrent Rhodes. Peu à peu la communauté diminue (séisme, peste) et à la fin du XVème siècle, les Hospitaliers expulsent la vingtaine de Juifs présent encore à Rhodes. Au début du XVIème siècle, ils y font venir plus de 2 000 Juifs séfarades, exploités comme des esclaves. En 1522, l’île est conquise par les Ottomans. Sous leur domination, la communauté prospère. Au début du XXème siècle, l’île est occupée par les fascistes italiens et la plus grande partie de la communauté juive5 de Rhodes se sentant menacée émigre au Congo Belge6. En septembre 1943, les Italiens ayant signé l’armistice7, Rhodes est occupé par les nazis. Le 23 juillet 1944, 1.673 Juifs de Rhodes sont déportés à Auschwitz. Une plaque commémorative, en français, est dédiée aux membres de la communauté morts pendant la Shoah, mais la plupart des plaques qui ornent la synagogue sont en ladino7.

La synagogue Kal Kadosh Shalom8 est la seule des quatre synagogues de la Juderia9 à ne pas avoir été détruite par les bombardements. Elle a été édifiée en Kislev 5338 (nov./déc. 1577), date inscrite sur la fontaine située dans la cour d’entrée. C’est la plus ancienne synagogue de Grèce. Deux arches saintes, comme symbolisant les deux tables de pierre sur lesquelles les Dix Paroles sont gravés, encadre une porte donnant sur une cour. De cette cour on accédait autrefois à la yeshiva10. Au sol, une mosaïque de galet noirs et blancs.

1 Décret romain, daté de 142 AEC et rapporté dans le livre I des Maccabées.
2 Rabbin, né à Tudela (vers 1130-1173), auteur du Sefer massa’ot. Il est une figure majeure de la géographie et l’histoire juive médiévale.
3 Appelé aussi Ordre de Saint-Jean de Jérusalem, est un ordre religieux catholique hospitalier et militaire qui a existé de l’époque des croisades jusqu’au début du XIXème siècle.
4 Lors du recensement effectué en 1931, les Italiens dénombrent 4 372 Juifs.
5 A l’indépendance du Congo Belge, les Juifs rejoignent la Belgique.
6 L’armistice signée secrètement le 3 septembre 1943 à Cassibile, par laquelle le royaume d’Italie cesse les hostilités contre les forces alliées.
7 Langue judéo-romane dérivée du vieux castillan du XVème siècle et de l’hébreu. Le ladino est aussi appelé Judéo-espagnol, judesmo, spanyolit, djudyo, tetuani, haketiya, spanyol selon les lieux.
8 בית הכנסת קהל קדוש שלום – synagogue de la sainte congrégation de la paix.
9 ‘לה ג’ודיריה’ – Quartier juif de la ville de Rhodes, sur l’île grecque de Rhodes.
10 Détruite pendant la guerre.

Le Mur Occidental, Jérusalem

Devarim (דברים – paroles), Deutéronome 1:1 – 3:22

À la fin des 40 ans d’exode, Moché réprimande les enfants d’Israël. Il leur rappelle leur comportement rebelle. Il insiste sur le fait que D.ieu leur offre ainsi un pays déjà construit. Moché évoque également les recommandations qu’il a données à son successeur, Josué.
Cette paracha est toujours lue le Chabbat précédant le jeûne du 9 av. On l’appelle Chabbat ‘Hazone (שבת חזון – Chabbat de la Vision) à cause de la Haftarah (Isaïe 1:1-27), qui contient les prophéties de la destruction du Temple.

Isaïe chapitre 1 – ‘ישעיהו א
א חֲזוֹן, יְשַׁעְיָהוּ בֶן-אָמוֹץ, אֲשֶׁר חָזָה, עַל-יְהוּדָה וִירוּשָׁלִָם
בִּימֵי עֻזִּיָּהוּ יוֹתָם אָחָז יְחִזְקִיָּהוּ, מַלְכֵי יְהוּדָה.
1 Oracle d’Isaïe, fils d’Amos, qui prophétisa sur Juda et Jérusalem,
du temps1 d’Ozias, de Jotham, d’Achaz et d’Ezéchias, rois de Juda.

Le Mur Occidental (הכותל המערבי – HaKotel HaMa’aravi) : Le deuxième Temple a été détruit2 par les Romains3, mais le mur de soutènement de son esplanade est toujours debout. Il est constituée de 46 rangées de pierres allant de 2 tonnes à plusieurs centaines, comme celle que l’on peut voir dans la partie souterraine qui mesure 14 mètres de long et pèse 570 tonnes. Le mur mesure près de 500 mètres de long, mais seul un pan de 70 mètres est facilement accessible (dont 57 mètres sont à l’air libre). Un tunnel longe la partie souterraine du mur sur plus de 200 mètres. La hauteur initiale du mur de soutènement est d’environ 60 mètres mais elle est de 32 mètres sur la partie visible du lieu de prière. L’épaisseur du mur est estimée à 4 mètres à sa base et à 2 mètres à son sommet. L’endroit le plus proche du Saint-des-Saints4 est appelé Kotel Hakatan. Il se situe dans les souterrains du Kotel.

1 VIIIème siècle AEC
2 Le Premier Temple, construit en 970 AEC, est entièrement détruit lors de la prise de Jérusalem par le roi de Babylone, Nabuchodonosor en 587 AEC. Le Deuxième Temple, construit en 515 AEC, est détruit par les armées romaines de Titus en 70 ; il n’en reste aujourd’hui comme vestige que les murs de soutènement de l’esplanade construite par Hérode et les restes des arches qui permettaient l’accès à l’esplanade.
3 Flavius Josèphe, témoigne de la prise de Jérusalem et la destruction du deuxième Temple par Ttitus dans « La Guerre des juifs », livre VII.
4 קודש הקודשים Kodesh Hakodachim, la partie la plus centrale du Temple de Jérusalem. Les musulmans se sont appropriés le lieu est y on construit le Dôme du Rocher (coupole dorée).

Altkirch, Haut-Rhin, France

1834

Roch ‘Hodesh Av
Nous entrons dans le mois où des éléments funestes se sont produits.

Mass’ei (מסעי – étapes), Nombres 33:1-36:13.
א
אֵלֶּה מַסְעֵי בְנֵי-יִשְׂרָאֵל, אֲשֶׁר יָצְאוּ מֵאֶרֶץ מִצְרַיִם–לְצִבְאֹתָם:  בְּיַד-מֹשֶׁה, וְאַהֲרֹן.
1 Voici l’itinéraire des enfants d’Israël, depuis qu’ils furent sortis du pays d’Egypte, selon leurs légions, sous la conduite de Moïse et d’Aaron.

La présence juive en Alsace est attestée dès le du XIIème siècle. De 1336 à 1339, un mouvement de paysans pauvres, les Judenschläger1 fait régner la terreur. Mais l’époque la plus terrible est celle de la peste noire (1347-1349) où des milliers de Juifs sont massacrés2. Les Juifs survivants trouvent refuge dans les campagnes. Le judaïsme alsacien devient rural.
Kembs :
La communauté juive encore présente début du XXème siècle, disparait et la synagogue est rasée.
Altkirch :
A partir de 1469, il n’y a plus de communauté juive médiévale à Altkirch3. Au début du XIXème siècle Altkirch compte 8 familles juives4.  En 1834 débute l’édification de l’actuelle synagogue. En 1848, éclatent des émeutes anti-juives5, la synagogue et des habitations juives sont fortement endommagée. La vie reprend son cours est en 1864, Altkirch dispose d’un cimetière, d’une école et d’un mikvé. En 1870, des familles entières quittent la région après l’invasion prussienne et émigrent en Algérie.
Edifiée en 1834, la synagogue6 constitue le lieu de culte de la communauté juive d’Altkirch, jusqu’en 2016, année au cours de laquelle le dernier juif d’Altkirch est décédé. Transformée en cinéma, en 1940, la synagogue est restaurée en 1946 par l’architecte Edmond Picard7. Depuis 2016, il n’y a plus eu d’offices religieux et le bâtiment a été mis en vente8.

La 4ème étape du tour d’Alsace 2022 (30 juillet) relie
Kembs à Altkirch.


1 Ceux qui frappent les Juifs.
2 Plus de 2000 Juifs sont assassinés à Strasbourg, le 14 février 1349, le jour de la Saint-Valentin.
3 Emigration vers Bâle (1365) et vers Mulhouse (1410).
4 Pour se conformer au décret de Bayonne, du 20 juillet 1808, par Napoléon, dans lequel il est dit que les Juifs de l’Empire doivent adopter un patronyme et le faire enregistrer par un officier de l’état civil de la commune où ils sont domiciliés.
5 Juden Rumpel ou Judenrumpell.
6 Inscrite à l’inventaire général du patrimoine culturel.
7 Edmond Picard (1893-1960), fils d’Abraham Picard et de Pauline Schwab, architecte, urbaniste, promoteur immobilier. Combattant dans l’armée française, il est décoré de la Croix du Combattant Volontaire 1939-1945. Il est le grand père de Dominique-France Picard, épouse de Fouad II
, le dernier roi d’Egypte (1952-1953).
8 Propriété du consistoire israélite du Haut-Rhin.

Dijon, Côte D’Or, France

vitraux des douze tribus d’Israel
1879

Matot (מטותTribus), Nombres 30:2-32:42. 
[…] ב וַיְדַבֵּר מֹשֶׁה אֶל-רָאשֵׁי הַמַּטּוֹת, לִבְנֵי יִשְׂרָאֵל לֵאמֹר
2 Moïse parla aux chefs des tribus des enfants d’israël,
en ces termes […]

La synagogue Fondation Ed Kahn qui se trouve en face de rue du Rabbin Elie Cyper[1] à Dijon a été construite en 1879. Elle est située dans un quartier[2] ou la présence juive est attestée depuis le XIIe siècle. En 1394, les juifs sont expulsés de la ville et n’y reviendront qu’après la Révolution française.

Nommé en janvier 1939 rabbin de la Communauté de Dijon, Elie Cyper est mobilisé neuf mois après comme capitaine-aumônier. Il est fait prisonnier en mai 1940, mais il s’évade immédiatement. Il reprend du service comme aumônier jusqu’à sa démobilisation en août 1940. Ensuite, Il devient le rabbin des réfugiés. Lors de l’occupation de Dijon par les allemands (1940-1944), le chanoine Felix Kir[3], alors conseiller-municipal fait transformer la synagogue en entrepôt de vêtements pour éviter sa destruction et avertit le rabbin Elie Cyper pour qu’il sauve les objets de culte. À partir de mai 1943, Elie Cyper est actif dans le groupe de résistance, Combat[4]. Il est arrêté par la Gestapo, le 8 avril 1944, le premier jour de la fête de Pessah. Il est déporté et assassiné par les Nazis à Kovno, Lituanie-Estonie, à l’âge de 35 ans, le 15 mai 1944. La population dijonnaise et des réseaux de passeurs permirent à la moitié des juifs dijonnais, notamment à l’épouse du rabbin Cyper et à ses 2 filles d’échapper à la déportation.

La synagogue de Dijon est inscrite à l’Inventaire Supplémentaire des Monuments Historiques (15 mars 1989). De style néo-byzantin, l’édifice, œuvre de l’architecte dijonnais Alfred Sirodot[5], est composé d’une nef centrale et de deux bas-côtés, interrompus par un transept comportant deux petites tourelles. Le chœur est coiffé d’une coupole octogonale. Les ornements de décoration ont été réalisés par Jules Schanovki (sculptures), Léon Leniept (peintures) et Eugène Oudinot[6] (vitraux, notamment ceux symbolisant les douze tribus).


[1] Elie Cyper est né en Ukraine en 1908. Il est décoré de la Croix de Guerre 1939-1945, de la Médaille de la Résistance Française et de la Médaille de l’Ordre de la Libération.
[2] Les rues de la Petite-Juiverie où se trouvait une synagogue (actuellement rue Piron), des Juifs (rue Buffon) et de la Grande-Juiverie (rue Charrue).
[3] Félix Kir (1876-1968) prêtre, homme politique et résistant (Commandeur de la Légion d’Honneur, Croix de Guerre 1914-1918 et 1939-1945, Médaille de la Résistance Française, …), il donna son nom à une recette de cocktail à base de vin blanc aligoté (vin vif et frais) et crème de cassis. Lorsqu’il se rendait à l’Assemblée, il emportait un cabas contenant le nécessaire pour confectionner des kirs qu’il offrait à ses compagnons.
[4] Le plus important des huit grands mouvements de Résistance français créé par Henri Frenay (Henri Frenay Sandoval, 1905-1988) et Berty Albrecht (née Berthe Pauline Mariette Wild, en 1893 à Marseille et décédée le 31 mai 1943 à la prison de Fresnes).
[5] Philippe Auguste Alfred Sirodot (1831-1900).
[6] Eugène-Stanislas Oudinot de La Faverie, dit Eugène Oudinot (1827-1889), est un peintre-verrier français. Il a aussi réalisé des vitraux pour la synagogue de la Victoire à Paris.

Synagogue Salat Al Azama, Marrakech

1492

Pin’has (פנחס) Nombres 25:10-30:1

Au sujet de Pin’has, petit-fils d’Aaron le pontife, D-ieu déclare :

כה יג וְהָיְתָה לּוֹ וּלְזַרְעוֹ אַחֲרָיו, בְּרִית כְּהֻנַּת עוֹלָם–תַּחַת, אֲשֶׁר קִנֵּא לֵאלֹהָיו, וַיְכַפֵּר, עַל-בְּנֵי יִשְׂרָאֵל.  
Lui et sa postérité après lui posséderont, comme gage d’alliance,
le sacerdoce à perpétuité ; parce qu’il a pris parti pour son Dieu
et procuré expiation aux enfants d’Israël.”

Rabbi Pin’has Ha-Cohen est une grande figure marocaine. Né à Taroudant, il était réputé pour sa bonté, sa tolérance, sa droiture et sa modestie poussée jusqu’à l’humilité. Il est rapporté qu’il sauva plusieurs fois la vie du pacha de Marrakech Thami El Mezouari El Glaoui1 surnommé La Panthère Noire. Il est décédé à Marrakech le chabbat après-midi du 14 Tebet 57122. Le lendemain toute la ville était présente à son inhumation au cimetière israélite de Marrakech.

La présence juive au Maroc est attestée dès le IIème siècle AEC (certains pensent qu’elle remonterait à l’époque du premier Temple). En 1062, à la fondation de Marrakech, des Juifs s’y installent. En 1492, le rabbin Yitzhak Deloitte est expulsé d’Espagne. Il fonde la synagogue Salat al-Azama3 ou Laazama dans le Mellah de Marrakech. Le bâtiment actuel est un riad4 de la fin du XIXème siècle, dans le style traditionnel marocain où les zelliges5 sont omniprésents. Dans les années 50 le bâtiment est rénové. Un espace pour les femmes  (עזרת נשים – ezrat nashim) et une yeshivaa sont créés.

1 Grand-père le l’acteur franco-marocain Mehdi El Glaoui (Belle Et Sébastien).
2 Le 12 janvier 1952.
3 Qui signifie : prière des dissidents, des exclus ou des expulsés.
4 Demeure urbaine traditionnelle du Maroc et d’Andalousie disposant d’un patio central ou d’un jardin intérieur.
5 Mosaïque dont les éléments sont des morceaux de terre cuite émaillés découpés et assemblés géométriquement. Originaire du Maroc, ce type de décor est présent en Afrique du Nord et dans la péninsule ibérique.

Synagogue Espagnole, Prague

1868

Balaq (בלק), Nombres 22:2–25:9
כד ה מַה-טֹּבוּ אֹהָלֶיךָ, יַעֲקֹב; מִשְׁכְּנֹתֶיךָ, יִשְׂרָאֵל.
24 5 Qu’elles sont belles tes tentes, ô Jacob ! Tes demeures, ô Israël !

Si belle ! Un bijou de style arabo-andalou. La Synagogue espagnole a été Conçue par les architectes Vojtěch Ignác Ullmann et Josef Niklas en 1868. Elle présente une incroyable décoration intérieure avec ses arabesques en stuc, ses dorures, ses motifs orientaux stylisés. Après une première rénovation de 20 ans et une réouverture en 1998, la synagogue connaît une nouvelle mais moins importante rénovation en 2020.

Au premier étage sont exposés pas moins de 6.000 pièces, œuvres de 13 générations d’orfèvres de Bohême et de Moravie.

Institut du Temple, Jérusalem

‘Houqat (חקתdécret), Nombres 19:1-22:1.
ב זֹאת חֻקַּת הַתּוֹרָה, אֲשֶׁר-צִוָּה יי לֵאמֹר:  דַּבֵּר אֶל-בְּנֵי יִשְׂרָאֵל, וְיִקְחוּ אֵלֶיךָ פָרָה אֲדֻמָּה תְּמִימָה אֲשֶׁר אֵין-בָּהּ מוּם, אֲשֶׁר לֹא-עָלָה עָלֶיהָ, עֹל.
2 Ceci est un décret de la loi qu’a prescrit l’É-ternel : Avertis les enfants d’Israël de te choisir une vache rousse, intacte, sans aucun défaut, et qui n’ait pas encore porté le joug.

L’Institut du Temple (מכון המקדש – Makhon HaMiqdach) situé près du Mur occidental (הכותל המערבי – HaKotel HaMa’aravi) est un musée et un institut de recherche dédié aux Temples. Il a été créé, en 1987, par le rabbin Yisrael Ariel. L’Institut du Temple a construit de nombreux artefacts pouvant être utilisés dans le un Troisième Temple. Il a mis aussi en place un projet de ferme idéale, dans un endroit gardé secret dans le sud d’Israël, pour créer un petit troupeau de bovins de la race américaine Red Anguss1. Plusieurs génisses rouges (פרה אדמהParah Adumah) y seraient nées. Elles reçoivent une alimentation riche et un contrôle vétérinaire rigoureux. Les lois juives concernant la vache rousse sont strictes : Par exemple, il est interdit d’utiliser cette génisse à l’usage agricole ou le transport. En plus, la vache doit avoir atteint l’âge de deux ans, ne pas avoir vêlé et ne posséder que des poils roux.

1 Le ministère de l’Agriculture israélien ne permet pas l’importation de bovins vivants en raison de la menace de maladies bovines telles que la fièvre aphteuse ou la vache folle, de sorte que tout agriculteur qui souhaite élever une race de vache non disponible en Israël doit utiliser des embryons congelés.


Pidiyon HaBen (Rachat du Premier-né)

1. Gravure de 1722 en couleurs sur cuivre à l’eau-forte Le Rachat Du Premier Né par Bernard Picart (14,5×20,5 cm), MAJH1, Paris.
2. Plateau en argent et émail par Henryk Winograd (1917-2008) avec une scène de la ligature d’Isaac (24,5 x 19 cm), Jonathan Greenstein & Co, New-York.
3. Boîte en argent et cinq pièces d’argent frappées en 1955 par Vivian Cohen (⌀ 3,5 cm, 21,05 gr), WorthPoint Corporation Digital Media Sales, Atlanta.
4. Verre à pied pour le kiddoush, verrerie de Murano incolore et bleu cobalt rehaussée de moulures et de filigranes en or et platine (⌀ 8,5 сm, H 29.7 сm).

Qora’h (קרח), Nombres 16:1–18:32. Au chapitre 18, il est écrit :
טז וּפְדוּיָו, מִבֶּן-חֹדֶשׁ תִּפְדֶּה, בְּעֶרְכְּךָ, כֶּסֶף חֲמֵשֶׁת שְׁקָלִים בְּשֶׁקֶל הַקֹּדֶשׁ:  עֶשְׂרִים גֵּרָה, הוּא.
16 Quant au rachat, tu l’accorderas à partir de l’âge d’un mois,
au taux de cinq sicles d’argent, selon le sicle du sanctuaire, valant vingt ghêra.

Dans la loi juive, tout père2 doit racheter son fils premier-né. Cette prescription est observée par toutes les communautés juives qu’elles soient orthodoxes, traditionalistes ou libérales. Les parents réunissent un minian3 et offrent une séoudat mitzva4. Selon les obédiences la cérémonie à lieu avant, pendant ou après ce repas.

Déroulement de la cérémonie : Le cohen prend l’enfant. Le père ayant placé les 5 sicles requis sur un plateau, remet ce plateau au cohen. Le cohen rend alors l’enfant et place le plateau au-dessus de la tête de l’enfant et dit « ceci en compensation de cet enfant ». Le cohen impose alors les mains sur la tête de l’enfant et le bénit. Le Cohen fait ensuite une bénédiction sur une coupe de vin.

Si le père pour quelques raisons que se soient est dans l’incapacité de procéder au rachat, l’enfant devra se racheter lorsqu’il sera en âge de le faire.

1 Musée d’Art et d’Histoire du Judaïsme.
2 Il s’agit d’une des 613 mitsvot. Elle incombe au père (comme la circoncision d’ailleurs), même si le statut de premier né dépend de la mère. Le premier-né d’un Cohen, d’un Lévite ou de la fille d’un Cohen ou d’un Lévite n’est pas racheté.
3 Quorum de dix hommes.
4 Une seoudat mitzva (סעודת מצווה  –  repas de mitzva) désigne  un repas qui constitue en soi une prescription (biblique ou rabbinique), comme les repas du chabbat ou un repas qui se tient à l’occasion d’une mitzva, comme le Pidyion haBen.