Nancy, Meurthe-et-Moselle

1790

Soyez saints : car Je suis Saint (קדשים תהיו:  כי קדוש) : Parashat Qedoshim, Lévitique 19:1–20:27. D., par l’intermédiaire de Moïse, énumère une série de prescriptions concernant la sainteté1. Il insiste sur l’amour du prochain, de l’étranger et du respect dû aux sages.

Dès le XIIe siècle, une présence juive est attestée à Nancy, mais en 1477, le duc René II de Lorraine les fait expulser de la ville. C’est seulement en 1721 que le duc Léopold Ier de Lorraine autorise les juifs à résider à Nancy. Le 11 juin 1790, la synagogue, construite sur une zone marécageuse à l’écart des lieux de passage par Augustin-Charles Piroux, est inaugurée. On accède à l’intérieur par une porte dérobée. Du fait de l’extension urbaine, deux siècles plus tard, elle se retrouve en plein centre-ville. En 1935, après avoir été agrandie par deux fois (1841 et 1861), une nouvelle façade, œuvre d’Alfred Thomas, est mise en place. Sur cette façade est inscrit en français le verset du Lévitique (19.18)

ואהבת לרעך כמוך
TU AIMERAS TON PROCHAIN COMME TOI-MEME

Le 18 juillet 1942, Edouard Vigneron, chef du Service Des Etrangers2 de Nancy, apprend qu’une rafle doit avoir lieu le lendemain à l’aube. Il convoque tous les policiers qu’il peut joindre pour qu’ils fassent fuir tous les Juifs menacés. Il n’hésite pas à les faire accompagner à la gare, à leur faire remettre des tickets, des fausses-vraies cartes d’identité et des laissez-passer. Certains de ces policiers ont même abrité des juifs chez eux. Edouard Vigneron, son adjoint Pierre Marie et les policiers Charles Bouy, Henri Lespinasse, Charles Thouron, Emile Thiébault et François Pinot ont ainsi sauvé plus de 360 personnes3.  Le 30 juin 1996, cinq d’entre eux ont reçu la médaille de Juste Parmi Les Nations4.

Dans son Livre Des Justes, Lucien Lazare décrit les circonstances précises de cette histoire et Patrick Volson s’est inspiré de ces faits pour réaliser le film Le Temps De La Désobéissance (2006).

Actuellement la communauté juive de Nancy compte environ 450 familles.

1 Elle fait suite à la parasha A’harei Mot  (אחרי מות — après la mort), Lévitique 16:1–18:30, lue la semaine dernière en israel et associée avec Qedoshim ce shabbat en diaspora.
2 Service qui avait pour mission de faire appliquer les lois racistes de l’Etat français et pour collaborer avec les nazis.
3 18 Juifs furent arrêtés au lieu des 385 prévus
4 Pierre Marie, Charles Bouy, et Charles Thouron  et Édouard Vigneron et François Pinot à titre posthume : Voir le site « Le service des étrangers de Nancy (Comité Français pour Yad Vashem)« 


Haggadah de Sarajevo

Pessa’h (פסח)
Exode 12:21-51 et Nombres 28:16-25, haftara Josué 5:2 à 6:1
Le second jour de fête en diaspora
Lévitique 22:26-23:44 et Nombres 28:16-25, haftara II Rois 23:1-9 puis 21-25.
Le soir du 15 nissan, débute le décompte du omer

La Haggadah de Sarajevo est le manuscrit en hébreu le plus richement enluminé. Elle a été réalisée au Royaume d’Aragon (Espagne) au milieu du XIVe siècle. Il s’agit vraisemblablement d’un cadeau de mariage réunissant deux familles dont les blasons figurent dans l’ouvrage (Shoshan = rose et Elazar = aile) associés aux armoiries de la ville de Barcelone. Le manuscrit contient 142 folios. Les 40 premiers folios sont décorés de 69 miniatures représentent des scènes de la Torah. Sur les autres folios, aucune illustration, seul le texte liturgique avec des enluminures y figure.

La présence de la Haggadah est attesté en Italie en 1609. En 1894, elle est vendue au musée national de Bosnie-Herzégovine par une famille sépharade de Bosnie. En 1941, pendant l’occupation allemande, le personnel du musée la cache pour éviter que les nazis ne s’en empare. Pendant les guerres de Yougoslavie1 (1991-2001), lors du bombardement intensif du siège de Sarajevo (1992-1996), le manuscrit est mis en sûreté dans un coffre de la banque nationale. En 2002, une salle est aménagée dans le Musée National de Bosnie-Herzégovine afin de pouvoir exposer la Haggadah en toute sécurité. Le manuscrit est inscrit sur la liste des monuments nationaux de Bosnie-Herzégovine.

1 Guerres d’indépendance des états constituant la Yougouslavie : la Slovénie, la Croatie, la Bosnie-Herzégovine, la Serbie, le Monténégro, le Kosovo et la Macédoine

Doura Europos, Syrie

Le 28 juin 1914, l’archiduc François-Ferdinand d’Autriche est assassiné à Sarajevo. Par le jeu d’alliances complexes, la Première Guerre mondiale est déclenchée. En 1918, l’armée ottomane alliée à l’Allemagne est vaincue et les Britanniques envahissent le Liban et la Syrie, prennent Damas, puis Alep et d’autres points stratégiques, tandis que les forces navales françaises occupent Beyrouth. En 1920, prés de la rive de l’Euphrate des soldats britanniques installent des mitrailleuses derrière un pan de mur qui cède sous le poids des armes et d’immenses fresques apparaissent.
C’est l’antique cité de Doura-Europos1  qui vient d’être mis à jour ; une colonie macédonienne fondée en 313 AEC par Séleucos Ier, roi d’Asie, ancien général d’Alexandre le Grand.
En 64 AEC, Pompée défait le roi Mithridate VI et transforme le royaume de Syrie en province romaine, mettant fin à la dynastie séleucide. Mais c’est seulement sous Lucius Verus, en 165, que Doura-Europos est incorporée à l’Empire romain. La population est estimée à environ 5 000 habitants et de nombreux bâtiments sont édifies : temples, sanctuaires, thermes, amphithéâtre, maison des chrétiens, synagogue. En 244, les agrandissements de la synagogue sont achevés et d’importantes fresques embellissent les murs et témoignent de l’importance et de la richesse de la communauté juive de la ville.
En 256, pour faire face à l’armée des Sassanides dirigés par Shapour Ier, les murs de la synagogue sont remblayés par les défenseurs (ce qui protègera les fresques). La ville est prise, la population déportée et la ville livrée à l’oubli.

Au septième jour de la fête de Pessah, nous lisons la parasha Beshala’h (בשלחlorsqu’il laissa partir), Exode 13:17-15:26 et celle des offrandes supplémentaires offertes lors des sept jours de la fête, Nombres 28:19-25.

D.ieu dit à Moshé (Exode – Chapitre 14) :

טז ואתה הרם את-מטך, ונטה את-ידך על-הים–ובקעהו; ויבאו בני-ישראל בתוך הים, ביבשה
16 Et toi, lève ta verge, dirige ta main vers la mer et divise-la ;
et les enfants d’Israël entreront au milieu de la mer à pied sec.

Sur le mur ouest2, en haut à droite de l’arche sainte la fresque représente le départ d’Égypte, la traversée de la Mer des Joncs par les enfants d’Israël et la noyade de l’armée égyptienne. Moshé est représenté étendant son bâton. Au-dessus de lui un bras puissant et protecteur.

la synagogue a été intégralement démontée et reconstruite au musée archéologique de Damas, en 1936.

1 Doura Europos : Europos était le nom du village natal de Séleucos Ier en Macédoine. Le terme Doura signifie « forteresse » dans les anciennes langues sémitiques.
2 Jérusalem se trouve à l’ouest du site.

Beit Hamidrash HaGadol Belz

Métsor’a (מצורע – personne atteinte de tzara’at)
Lévitique 14:1 – 15:33

La tzara’at (צרעת « lèpre ») pouvait affecter un individu (sa chair, ses vêtements, sa maison). Les Sages du Talmud ont mentionné 7 fautes provoquant l’apparition de la tsara’at : la médisance, le meurtre, l’immoralité, les serments inutiles, l’arrogance, le vol et l’avarice.
Ce mal est donc l’indice d’une dégénérescence morale. Tous les dictateurs devraient être considérés comme des métsor’im (« lépreux ») et subir un isolement international total.

Rabbi Jacob Zvi Sacks (Sir Jonathan Sacks1) écrit dans
The Home We Build Together p. 79 :

La fierté signifie valoriser les autres parce que vous vous appréciez. L’arrogance signifie dévaloriser les autres afin que vous puissiez avoir une haute opinion de vous-même. L’arrogance nationale est impardonnable. La fierté nationale est essentielle.

Shabbat HaGadol (הגדול = le grand), Haftarah dans Malachie 3:4-24
Nom donné au Shabbat précédent Pessa’h

ה וקרבתי אליכם, למשפט, והייתי עד ממהר במכשפים ובמנאפים, ובנשבעים לשקר; ובעשקי שכר-שכיר אלמנה ויתום ומטי-גר, ולֹא יראוני–אמר, יי צבאות
5 Et je m’approcherai de vous pour faire justice ; je serai un témoin empressé contre les magiciens, contre les adultères, contre les parjures ; contre ceux qui font tort au journalier dans son salaire, à la veuve et à l’orphelin, contre les oppresseurs de l’étranger, qui ne s’inquiètent pas de moi, dit l’Eternel de Justice.

A   partir de 1940, les nazis ont tenté de détruire la synagogue de la ville de Belz en Ukraine, d’abord par le feu, puis par la dynamite, enfin ils ont enrôlé de force des juifs pour la démonter pierre par pierre. Ce démantèlement continuera jusqu’en 1950, sous le régime stalinien. Aujourd’hui, 3 murs épais et quelques pierres subsistent.

Le Beit Hamidrash HaGadol Belz (בעלזא בית המדרש הגדול) de Jérusalem, inauguré en 2000 après 15 ans de travaux, est une réplique agrandie de l’ancienne synagogue de la ville de Belz. La salle de prières principale peut accueillir jusqu’à 8 000 fidèles. Le bâtiment comprend de nombreuses salles d’étude, des salles de réception, des bibliothèques. C’est actuellement la plus grande synagogue au monde. L’Arche Sainte en bois sculpté a une hauteur de 12 mètres et pèse 18 tonnes. Sa dimension lui permet de conserver plus de 100 rouleaux de la Torah. Chacun des neuf lustres est composé de plus de 200 000 cristaux de Bohême et mesure 6 m de haut sur 3,5 m de large.

1 Le Grand-rabbin Jonathan Henry Sacks (1948-2020), était aussi professeur d’université, homme politique, théologien et lord britannique.

Mikvé, Séoul, Corée

Lorsque Rosh ‘Hodesh Nissan tombe shabbat, on sort trois Sifrei Torah.
Dans le premier Sefer-Torah, la parasha de la semaine est lue :
Cette année, Tazria (תזריע — elle concevra), Lévitique 12:1–13:59

Dans le deuxième Sefer, c’est celle de :
Rosh ‘Hodesh, Nombres 28:9-15
Dans laquelle il est question des sacrifices du shabbat et ceux de la néoménie

Et dans le troisième celle de :
Ha’Hodech, Exode 12:1-20
HaShem dit que Nissan est le premier des mois et Il donne ses instructions pour la fête de Pessah.

La lecture de la Haftata est dans :
Ézéchiel 45:16-46:18 (ashkénaze) et 45:18-46:15 (séfarade)
יח בָּרִאשׁוֹן בְּאֶחָד לַחֹדֶשׁ, תִּקַּח פַּר-בֶּן-בָּקָר תָּמִים; וְחִטֵּאתָ, אֶת-הַמִּקְדָּשׁ

18 Au premier mois, le premier du mois, tu prendras un jeune taureau sans défaut et tu purifieras le sanctuaire.

1. Tazria commence par le commandement de la circoncision. Puis, l’on traite des sources d’impureté rituelle. Une femme ayant donné naissance à un enfant doit suivre un processus de purification qui se conclut par une immersion dans un Mikvé (מקוה – bain rituel), un bassin ou une source d’eau naturelle, et l’apport de sacrifices au Temple. Après cela, un nouveau cycle commence.
2. Rosh ‘Hodesh est lié au renouvellement de la lune ; c’est le début d’un nouveau cycle.
3. Le mois de Nissan est donné comme le premier des mois, c’est le premier temps (français : printemps), c’est la source (anglais : spring), c’est le grain qui germe (אבִיב) ; c’est donc aussi un nouveau cycle. D’autant plus que la parasha Ha’Hodesh relate les préparatifs du premier Pessa’h. C’est le temps où le peuple juif passe de l’état d’esclave à celui d’homme libre.

Jusqu’en 2019, les femmes juives de Corée devaient aller au Japon ou en Chine pour se tremper au mikvé. Se rendre à une plage voisine était aussi une possibilité, mais cela nécessitait d’attendre le soir tard, lorsque les plages étaient vides. Depuis avril 2019, grâce au rabbin Osher Litzman et sa femme Mussy, les femmes peuvent se rendre au nouveau mikvé de Séoul. Le bâtiment a été construit sur une colline dans un style coréen royal ancien associé à l’architecture high-tech moderne actuellement en vogue dans ce pays. Le bain rituel a la forme d’une goutte d’eau, symbole fort de renaissance.

Synagogue Touro, Newport, Rhode Island, États-Unis

Shabbat Parah Adouma (פרה אדומה – Vache rousse) Nombres 19:1-22
Dans la Mishna (traité Meguilla de Mo’ed), il est écrit que le troisième Shabbat du mois d’Adar, la loi sur la génisse rousse doit être lue. Nous y apprenons comment nous débarrasser de l’impureté, pour entrer dans le Temple et à y faire des sacrifices.

Parashat Shemini (שמיני – huitième) lévitique 9:1–11:47
ט.א   יהי, ביום השמיני, קרא מֹשה, לאהרן ולבניו–ולזקני, ישראל
9:1 Quand arriva le huitième jour, Moïse appela Aaron et ses fils, ainsi que les anciens d’Israël

ט:ד ושור ואיל לשלמים, לזבח לפני יי
9:4 et un taureau et un bélier pour rémunératoire1, à sacrifier devant l’Éternel

À partir du XVe siècle, l’Espagne entame des campagnes de répression des Juifs. Le décret de l’Alhambra, le 31 mars 1492, donne aux Juifs le choix entre la conversion ou l’exil en abandonnant leurs biens au profit de l’Inquisition et des autorités royales. Une grande partie des Juifs espagnols trouvent refuge au Portugal. Mais dès 1496, le Portugal s’aligne sur l’Espagne et de nombreux Juifs hispano-portugais fuient. Quelques-uns s’installent à Amsterdam, puis émigrent vers les colonies Néerlandaises (Jamaïque, Curaçao, Suriname) et de là, en 1658, une quinzaine de familles juives s’installent à Newport. Et en 1677, elles aménagent le cimetière juif de Newport. En 1760, le rabbin Isaac Touro2 arrive à Newport pour servir de hazan et de chef spirituel. Ses fils Abraham et Judah deviendront de grands philanthropes3. Entre 1760-1763, l’architecte Peter Harrison construit la synagogue. L’extérieur de style géorgien mène à une vaste salle où sont dressées douze colonnes ioniques symbolisant les douze tribus d’Israël. C’est la plus ancienne synagogue des Etats-Unis. En 1780, bien que la communauté ne compte plus que huit familles une école est créée. Un peu avant fin de la Guerre d’Indépendance des Etats-Unis, les actes de propriété et les rouleaux de la Tora sont transférés à la synagogue hispano-portugaise Shearith Israël de Nieuw Amsterdam (New-York) et la communauté disparait. Pendant une grande partie du XIXe siècle, aucun Juif ne vit à Newport et le bâtiment ne réouvrira qu’en 1883.

Actuellement la congrégation se compose d’environ 175 familles. Bien que la plupart des fidèles soient ashkénazes, ils sont constitutionnellement obligés d’utiliser le rituel séfarade dans la synagogue.

1 L’offrande de paix (שלמים – chelamim) ou sacrifice d’actions de grâces
2 Isaac Touro, né à Amsterdam en 1738, installé en Jamaïque en 1758, décédé à Kingston, Jamaïque en 1783 (Touro : taureau en portugais)
3 Abraham Touro, né à Newport, en 1774, décédé à Boston en 1822 et Judah Touro né en 1775 à Newport, décédé en 1854 à la Nouvelle-Orléans ont contribué financièrement à l’entretien du cimetière et de la synagogue et soutenu des œuvres de bienfaisance.

Tirat-Zvi, Israël

Parashat Tzav (צו — prescris) Lévitique 6:1-8:36

Dans cette parasha, il est surtout question des sacrifices ; que devons-nous apporter ; comment les accomplir ; qui doit le faire ; qui a droit de les consommer et quand ; que faire des restes non consommer.
Dans Osée au verset 14:3, il est écrit :

אמרו אליו, כל-תשא עון וקח-טוב, ונשלמה פרים, שפתינו
Nous offrirons nos lèvres comme des sacrifices de taureaux.

La prière est le substitut des sacrifices. Trois fois par jour, nous prions, même dans les conditions les plus difficiles (guerres, pogroms, climat, …).

Tirat-Zvi (טירת צבי – fort Zvi) est le premier kibboutz religieux créé en Israël. Il est situé dans la partie sud de la vallée de Bet Shean. Le 30 juin 1937, 80 hommes et femmes, âgés de 20 à 25 ans, venant d’Allemagne et d’Europe de l’Est établissent un peuplement autour d’une structure existante achetée, ainsi que les terres alentours, par le FNJ (Fonds National Juif ou KKL – Keren Kayemeth LeIsrael). Ils nomment cet endroit Tirat-Zvi en mémoire du rabbin Zvi Hirsch Kalisher, qui soutenait l’immigration en Eretz. Dans cette région, les températures y sont particulièrement froides en hiver (‑5°c.) et élevées en été (jusqu’à 50° c.). Les premières années, les nuits froides, ils allument des feux pour protéger les cultures du gel et les nuits d’été, les membres du kibboutz dorment à l’extérieur sous des moustiquaires pour échapper aux moustiques. Pendant plus de dix ans, ils défrichent la terre et canalisent l’eau des marécages, source de malaria. Les Arabes n’acceptent pas la nouvelle communauté, et six mois après sa création, le kibboutz est attaqué. L’attaque est repoussée, mais les tensions et les attaques resteront importantes jusqu’à la guerre d’indépendance.

Tirat Zvi est spécialisé dans le développement, la production et la commercialisation de spécialités carnées (pastrami, saucisses et autres charcuterie).

Hamadān, Iran

Mausolée d’Esther et Mardochée

Les Chroniques et le livre des Rois décrivent la conquête du Royaume du Nord par les monarques d’Assyrie, Tiglat-Pilesser III (תגלת פלאסר)1 et Salmanazar V (שלמנאסר)2. Ce dernier, en 722 AEC, emmena le peuple d’Israël en exil :

II Rois chapitre 18.11
ויגל מלך-אשור את-ישראל, אשורה; וינחם בחלח ובחבוֹר, נהר גזן–וערי מדי
Le roi d’Assyrie emmena Israël en exil dans le pays d’Assyrie ; il le transporta à Halah, sur le Haber, rivière de Gozân, et dans les villes de la Médie.

C’est l’un des nombreux cas de déportations forcées mises en œuvre par l’Empire Assyrien, au cours de laquelle plusieurs milliers de Juifs ont été exilés en Assyrie.
Sur la base de la taille et de l’importance de Hamadān en tant que ville royale ou capitale des Mèdes, Vladimir Lukonin3 pense raisonnable de supposer que beaucoup de ces Juifs s’y sont installés, faisant de la communauté juive de Hamadān la plus ancienne en dehors d’Israël4
Benjamin de Tudèle5 dans son Sefer Massa’ot (מסעות ספר – Livre de voyages) raconte sa visite de Hamadān. Il estime la population juive de la ville à 50.000 personnes et décrit le tombeau d’Esther et de Mordehai.
Shāhin de Shiraz6, poète juif persan du XIVe siècle, raconte, entre autres histoires, dans son poème épique Ardashir-Nāmah7, le voyage de la reine Esther et de Mordehai à Hamadān, où ils seraient morts.

Attention : même s’il est permis de boire 8 plus que de coutume à Pourim, éviter de boire un salmanazar (bouteille de 9 litres) ou un nabuchodonosor (15 litres).

1 Règne 745-727 AEC / 2 Règne 727-722 AEC / 3 Vladimir Lukonin (1932-1984), érudit russe dans le domaine de l’histoire, de la culture et des arts de l’Iran ancien / 4 The Culture and Social Institutions of Ancient Iran, Lukonin, Cambridge, 1989 (édition en anglais), page 48 / 5 Benjamin de Tudèle (circa 1130-1173), rabbin, né à Tudela (Navarre), figure majeure de la géographie et l’histoire juive médiévale. / 6 Shāhin-i Shirāzi a travaillé sous le règne d’Abu Sa’id Bahadur Khan (1316-1335), et était contemporain du poète persan Hafez ( circa 1325-1390). / 7 Le livre d’Ardashir ou Assuérus ou A’hashverosh, généralement identifié à Xerxès Ier (circa 518-465 AEC). / 8 Choul’han Aroukh 695.2, Orh’ot H’aïm Halakhot Pourim note 38.

Nuremberg, Allemagne

La grande synagogue de Nuremberg détruite en 1938
et la nouvelle synagogue IKGN de la rue Arno Hamburger*

Parashat Vayikra (ויקרא – et il appela) lévitique 1:1 – 5:26
La parasha détaille les prescriptions relatives aux offrandes et aux sacrifices.

Parashat Zachor (זכור – Souviens-toi) deutéronome 25:17-19
זכור, את אשר-עשה לך עמלק
Souviens-toi de ce que t’a fait Amalek

C’est une obligation de la Torah de lire la Parachat Zakhor le Shabbat précédant Pourim.

Au procès de Nuremberg, le nazi Streicher déclare qu’il a lui-même donné l’ordre, en août 1938, de détruire la grande synagogue de Nuremberg. Le 16 octobre 1946, sur les douze condamnés à mort, dix sont pendus , les deux autres condamnés se sont suicidés en avalant une capsule de cyanure, l’un en 1945 à Berlin et l’autre quelques heures avant son exécution dans sa cellule. Sur l’échafaud, Streicher se comporte sans dignité. En montant les marches il regarde fixement la quarantaine de témoins** et hurle “C’est Pourim” (voir le témoignage de Sacha Simon).

תּמחה את-זכר עמלק, מתחת השמים
Tu effaceras la mémoire d’Amalek de dessous le ciel:

Les corps sont incinérés et leurs cendres répandues dans la rivière Pegnitz, pour éviter que leurs tombes ne deviennent des lieux de rassemblements.

* Arno Siegfried Hamburger (1923-2013) : en 1972, il est le premier président de la communauté juive de Nuremberg (IKGN) et conseiller municipal.
** Les témoins : le ministre de la justice allemande Wilhelm Hoegner, le procureur général Robert H. Jackson , le Docteur Leistner, deux journalistes Américains, deux Anglais, deux Russes et deux Français, dont Sacha Simon et quatre généraux, dont le général Morel pour la France.

Synagogue Moshé (Musée Des Réfugiés Juifs), Shangaï, Chine

Parashat Peqoudei (פקודי – Inventaires) Exode : 38:21–40:38

La parasha Peqoudei, dernière parasha de l’Exode, donne l’inventaire des matières premières employées pour la construction du Mishkan (משכן – Tabernacle), décrit la confection des habits sacerdotaux et la cérémonie de consécration des prêtres et se termine sur la manifestation de la Gloire Divine dans le sanctuaire achevé.

7 Adar (jeudi 10 mars 2022), Hiloula Moché Rabenou
(הילולא de הלל – Louer, glorifier, crier avec joie et crainte)
Que son mérite protège toute la communauté d’Israël.

La communauté est fondée en 1907 par des immigrants russes. Le rabbin Meir Ashkenazi, grand rabbin de Shangaï, soutient la création d’un nouvel espace. En 1927, un bâtiment existant est transformé et est dénommé synagogue Moïse (摩西会堂 – pinyin Móxī huìtáng). Dans les années 1930, quelques 20.000 Juifs allemands et autrichiens, trouve refuge à Shanghai. En 1937, le Japon occupe le territoire chinois, mais pas les concessions internationales de Shangaï. En décembre 1941, les Japonais occupent toute la ville et imposent des restrictions aux Juifs. En 1943, les Juifs sont rassemblés dans le ghetto de Shanghai forçant y vivre. En 1949, la synagogue est saisie par le gouvernement communiste et convertie en hôpital psychiatrique, et la plupart des juifs quitte Shangaï. En 2004, la synagogue Moshé est inscrite sur la liste du patrimoine architectural de Shanghai. En 2007, le gouvernement fait restaurer la synagogue dans son style architectural d’origine et la transforme en musée. Quelques bâtiments résidentiels de la période du ghetto se dressent encore autour de l’ancienne synagogue.